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Le Nobel de littérature 2018 à Olga Tokarczuk, 2019 à Peter Handke

Le Prix Nobel de Littérature va cette année à l'Autrichien Peter Handke et à la Polonaise Olga Tokarczuk (photo symbolique). © Keystone/GAETAN BALLY
Le Prix Nobel de Littérature va cette année à l'Autrichien Peter Handke et à la Polonaise Olga Tokarczuk (photo symbolique). © Keystone/GAETAN BALLY
Le prix Nobel de littérature a été décerné à la Polonaise Olga Tokarczuk pour l'édition 2018, et à l'Autrichien Peter Handke pour 2019. © KEYSTONE/APA / EPA/GEORG HOCHMUTH / FACUNDO ARRIZABALAGA
Le prix Nobel de littérature a été décerné à la Polonaise Olga Tokarczuk pour l'édition 2018, et à l'Autrichien Peter Handke pour 2019. © KEYSTONE/APA / EPA/GEORG HOCHMUTH / FACUNDO ARRIZABALAGA
Le prix Nobel de littérature a été attribué à la Polonaise Olga Tokarczuk (en photo) pour l'édition 2018, reportée d'un an après un scandale d'agression sexuelle, et à l'Autrichien Peter Handke pour 2019 (archives). © KEYSTONE/EPA/GUILLAUME HORCAJUELO
Le prix Nobel de littérature a été attribué à la Polonaise Olga Tokarczuk (en photo) pour l'édition 2018, reportée d'un an après un scandale d'agression sexuelle, et à l'Autrichien Peter Handke pour 2019 (archives). © KEYSTONE/EPA/GUILLAUME HORCAJUELO


Publié le 10.10.2019


Le prix Nobel de littérature a été décerné jeudi à la Polonaise Olga Tokarczuk pour l'édition 2018, reportée d'un an après un scandale d'agression sexuelle. L'Autrichien Peter Handke a reçu la distinction pour 2019.

15e femme seulement à recevoir le Graal des écrivains depuis sa création en 1901, Olga Tokarczuk est récompensée pour "une imagination narrative qui, avec une passion encyclopédique, symbolise le dépassement des frontières comme forme de vie", a déclaré le secrétaire perpétuel de l'Académie suédoise, Mats Malm, à Stockholm.

Peter Handke est distingué pour une oeuvre qui, "forte d'ingénuité linguistique, a exploré la périphérie et la singularité de l'expérience humaine", a-t-il ajouté.

Olga Tokarczuk, 57 ans, est considérée comme la plus douée des romanciers de sa génération en Pologne. Son oeuvre, une douzaine d'opus traduits dans plus de 25 langues, va d'un conte philosophique, "Les Enfants verts" (2016), à un roman policier écologiste engagé et métaphysique "Sur les ossements des morts" (2010), et à un roman historique de 900 pages "Les livres de Jakob (2014)".

Oeuvre publiée en Suisse

Engagée politiquement à gauche, écologiste et végétarienne, l'écrivaine n'hésite pas à critiquer la politique de l'actuel gouvernement conservateur nationaliste de Droit et Justice (PiS).

Une partie de son oeuvre en français a été publiée aux Editions Noir sur Blanc, basées à Montricher (VD) et fondées en 1987 par le couple de mécènes Vera et Jan Michalski. Ceux-ci se décrivent comme des "passeurs de textes entre le monde francophone et la Pologne, et au-delà, les pays de l'Est européen", peut-on lire sur le site de la maison d'édition.

Un prix à supprimer

Peter Handke, 76 ans, est lui un des auteurs de langue allemande les plus lus et joués dans le monde. Il publie son premier roman, "Les frelons", en 1966, avant d'accéder à la notoriété avec "L'Angoisse du gardien de but au moment du penalty", en 1970, puis "Le malheur indifférent" (1972), bouleversant requiem dédié à sa mère.

Le Nobel de littérature ? "Il faudrait enfin le supprimer. C'est une fausse canonisation" qui "n'apporte rien au lecteur", a-t-il un jour déclaré. "Etonné", il a toutefois qualifié jeudi cette décision de "très courageuse". Olga Tokarczuk a de son côté jugé "formidable" que l'Académie suédoise ait apprécié la littérature d'Europe centrale.

Une institution à huis clos

L'Académie suédoise a implosé après la publication en novembre 2017, en plein mouvement #MeToo, des témoignages de 18 femmes (autant que d'académiciens) accusant de harcèlement, d'agression sexuelle et de viol un Français, Jean-Claude Arnault.

Marié à une académicienne, propriétaire d'un club underground fréquenté par le gratin artistique et intellectuel suédois, il recevait de généreux subsides de l'académie, se vantait d'en être le "19e membre" et, selon des témoins, soufflait le nom des futurs lauréats du Nobel à ses amis. Parfois qualifié de "fossoyeur de l'Académie", il a été définitivement condamné à deux ans et demi de prison pour viol.

Au-delà de son volet purement judiciaire, l'affaire a mis au jour le huis clos vicié d'une institution rongée par les intrigues, les prébendes, les conflits d'intérêt, les déchirements entre hussards de la vieille garde et dragons de la relève.

Cascade de démissions

Privée du quorum de membres siégeant requis pour désigner un lauréat Nobel après une cascade de démissions et mises en retrait, l'académie avait dû reporter d'un an l'édition 2018, pour la sixième fois depuis 1901, la dernière en 1949.

Protecteur de l'académie créée en 1786, le roi Carl XVI Gustaf a dû intervenir pour remettre de l'ordre et réformer les statuts, les fauteuils vacants ont été pourvus et un nouveau secrétaire perpétuel élu, Mats Malm, sur qui repose désormais la responsabilité de préserver la réputation de la "Svenska Akademien".

Les lauréats, s'ils l'acceptent, recevront leur prix - 9 millions de couronnes (environ 830'000 euros), une médaille et un diplôme - des mains du roi lors d'une fastueuse cérémonie le 10 décembre à Stockholm.

ats

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