La Liberté

Le Nobel de littérature sacre la poétesse américaine Louise Glück

La poète américaine Louise Glück remporte le Prix Nobel de littérature 2020. © KEYSTONE/EPA/SHAWN THEW
La poète américaine Louise Glück remporte le Prix Nobel de littérature 2020. © KEYSTONE/EPA/SHAWN THEW
La poète américaine Louise Glück remporte le Prix Nobel de littérature 2020. © KEYSTONE/EPA/SHAWN THEW
La poète américaine Louise Glück remporte le Prix Nobel de littérature 2020. © KEYSTONE/EPA/SHAWN THEW
Des exemplaires de livres de la poète Louise Glück sont exposés lors de l'annonce du prix Nobel de littérature 2020 à Stockholm jeudi. © KEYSTONE/EPA/Henrik Montgomery / TT / POOL
Des exemplaires de livres de la poète Louise Glück sont exposés lors de l'annonce du prix Nobel de littérature 2020 à Stockholm jeudi. © KEYSTONE/EPA/Henrik Montgomery / TT / POOL
Le président américain Barack Obama avait décerné la Médaille nationale des sciences humaines 2015 à la poète Louise Glück. © KEYSTONE/EPA/SHAWN THEW
Le président américain Barack Obama avait décerné la Médaille nationale des sciences humaines 2015 à la poète Louise Glück. © KEYSTONE/EPA/SHAWN THEW
Des exemplaires de livres de la poète Louise Glück sont exposés lors de l'annonce du prix Nobel de littérature 2020 à Stockholm jeudi. © KEYSTONE/EPA/Henrik Montgomery / TT / POOL
Des exemplaires de livres de la poète Louise Glück sont exposés lors de l'annonce du prix Nobel de littérature 2020 à Stockholm jeudi. © KEYSTONE/EPA/Henrik Montgomery / TT / POOL
Le président américain Barack Obama avait décerné la Médaille nationale des sciences humaines 2015 à la poète Louise Glück. © KEYSTONE/EPA/SHAWN THEW
Le président américain Barack Obama avait décerné la Médaille nationale des sciences humaines 2015 à la poète Louise Glück. © KEYSTONE/EPA/SHAWN THEW


Publié le 08.10.2020


La poétesse américaine Louise Glück, 77 ans, remporte jeudi le prix Nobel de littérature. Cette récompense surprise couronne son oeuvre entamée à la fin des années 60.

Louise Glück est "une poétesse du changement radical et de la renaissance", a salué le président du comité, Anders Olsson. Ses écrits sont primés "pour sa voix poétique caractéristique, qui avec sa beauté austère rend l'existence individuelle universelle".

L'Américaine, née à New York en 1943, ne figurait pas parmi les favoris, dont les noms circulaient depuis plusieurs jours dans la presse. Avare en interview, la lauréate a confié à l'agence suédoise TT qu'elle ne s'attendait pas à recevoir le prix. "Je suis une poète objectiviste blanche américaine. Peut-être dans un autre siècle, mais pas maintenant", a-t-elle réagi.

Cette personnalité discrète ne pleurera pas trop longtemps l'annulation de la cérémonie de remise des prix aux lauréats à Stockholm, prévue le 10 décembre mais annulée pour cause de coronavirus. "L'idée de faire un discours n'est pas ce qui m'enchante le plus (...) mais j'aurais fait le voyage", a-t-elle confié.

Peu traduite en français

En français, la traduction de cette poétesse est restée jusqu'ici confidentielle. La nature, l'enfance et la vie de famille, la relation étroite entre les parents et les frères et soeurs, sont des thématiques centrales de son oeuvre.

Enseignante à l'université de Yale, elle est connue aux Etats-Unis, où elle a notamment remporté un Pulitzer en 1993 et le titre convoité de "US Poet Laureate", mais peu hors de son pays. Elle devient la 12e lauréate américaine en littérature, après notamment Hemingway (1954), Steinbeck (1962), Toni Morrison (1993) et dernièrement Bob Dylan (2016).

Adepte du dépouillement

Son patronyme germanique lui vient de grands-parents juifs de Hongrie qui ont émigré vers les Etats-Unis au début du XXe siècle. Adepte du dépouillement, elle cite pour premières influences de jeunesse des poètes connus pour leur clarté d'expression, William Butler Yeats (prix Nobel 1923) et T.S. Eliot (prix Nobel 1948).

"J'étais une enfant solitaire. Mes interactions avec le monde étaient peu naturelles, forcées, des représentations; j'étais heureuse quand je lisais. Bon, ce n'était pas aussi idéal que cela, je regardais la télévision et mangeais beaucoup aussi", raconte-t-elle dans une interview donnée à une revue de poésie américaine en 2006.

Son adolescence est difficile, elle souffre d'anorexie. L'un de ses traumatismes est la perte d'une soeur aînée, morte peu après la naissance. "Ma soeur a passé toute une vie dans la terre./Elle est née, elle est morte./Entre-temps,/pas un regard éveillé, pas une phrase", dit-elle dans "Lost Love" ("Amour perdu", 1990).

Louise Glück a abandonné ses études, s'est mariée puis a rapidement divorcé. Elle commence à se révéler en 1968, par son premier recueil "Firstborn" ("Aînée"). Un second mariage lui apporte plus de stabilité ; elle reprend alors ses études universitaires.

"A travers toute l'oeuvre poétique de Glück, nombre des figures centrales de ses poèmes sont féminines (...) soit une jeune femme, que l'on distingue souvent comme la fille de quelqu'un, soit une mère", écrit Allison Cooke, chercheuse en littérature. "La jeune femme dans la poésie de Glück s'intègre dans le discours féministe de plusieurs décennies sur 'ce que cela signifie d'être une femme'", ajoute Mme Cooke.

Depuis qu'elle a passé le cap de la cinquantaine, la New-Yorkaise a publié treize recueils. Le dernier, en 2014, s'intitule "Faithful and Virtuous Night" ("Nuit fidèle et vertueuse").

Nobel très féminin

Deux ans après la Polonaise Olga Tokarczuk, Louise Glück est la 16e femme à se voir décerner le prix d'un millésime 2020 des Nobel très féminin. Avec trois lauréates lors des Nobel scientifiques, cette saison pourrait battre le record de femmes lauréates (cinq en 2009), alors que la paix vendredi et l'économie lundi restent à décerner.

Seul à pouvoir disputer à celui de la paix le titre de plus célèbre des Nobel, le prix de littérature peine à sortir d'une des périodes les plus troublées de son histoire, pourtant longue et mouvementée.

L'an passé, le prix 2019 avait été attribué à l'écrivain autrichien Peter Handke, aux sulfureuses positions pro-Milosevic, provoquant une très vive controverse. Celle-ci s'ajoutait à un scandale sexuel qui avait déchiré l'Académie il y a trois ans, provoquant le report historique du prix 2018.

Au palmarès par pays, la France est en tête pour la littérature, avec quinze lauréats, dont le premier, l'oublié Sully Prudhomme, ou des géants comme Camus (1957) ou Sartre, seul écrivain à l'avoir refusé de son plein gré, en 1964. La langue de Molière est en revanche devancée par celle de Shakespeare, avec 30 auteurs anglophones primés.

De grands pays comme la Chine (un seul prix, Mo Yan en 2012) et l'Inde (Rabindranath Tagore en 1913), ou encore le Brésil (aucun lauréat) sont eux sous-représentés. L'Afrique est également un continent pauvre en prix de littérature.

L'édition 2020 est privée pour la première fois depuis 1944 de remise des prix avec les lauréats le 10 décembre à Stockholm - pour cause de coronavirus. Le Nobel est doté d'un montant de dix millions de couronnes suédoises, environ un million de francs.

ats

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