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Le Pacte mondial des migrations adopté à Marrakech sans la Suisse

Le Pacte mondial des migrations devenu controversé notamment en Suisse a été avalisé à Marrakech sous la présidence du ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita (archives). © KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI
Le Pacte mondial des migrations devenu controversé notamment en Suisse a été avalisé à Marrakech sous la présidence du ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita (archives). © KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI
Le Pacte mondial a été formellement avalisé lundi matin à Marrakech en présence d'environ 160 Etats. © KEYSTONE/EPA/JALAL MORCHIDI
Le Pacte mondial a été formellement avalisé lundi matin à Marrakech en présence d'environ 160 Etats. © KEYSTONE/EPA/JALAL MORCHIDI
La chancelière allemande Angela Merkel a dénoncé à Marrakech ceux qui lancent des "canulars" sur le Pacte mondial des migrations. © KEYSTONE/AP/MOSA'AB ELSHAMY
La chancelière allemande Angela Merkel a dénoncé à Marrakech ceux qui lancent des "canulars" sur le Pacte mondial des migrations. © KEYSTONE/AP/MOSA'AB ELSHAMY


Publié le 10.12.2018


Le Pacte mondial des migrations, controversé au Parlement fédéral, a été adopté à Marrakech devant environ 160 pays mais sans la Suisse. Angela Merkel a visé ceux qui alimentent des "canulars", alors qu'Antonio Guterres a tendu la main aux réfractaires et incertains.

"Nous n'établissons pas un droit à la migration", seulement une obligation d'honorer les droits de l'homme des migrants, a affirmé lundi matin devant la presse le secrétaire général de l'ONU, quelques minutes après l'approbation. L'arrangement établit 23 grands principes non contraignants pour des migrations "sûres" et "ordonnées", 80% de celles déjà observées. Mais 60'000 personnes sont aussi décédées en près de 20 ans, une "honte collective", selon M. Guterres.

Le Pacte doit bénéficier aux 258 millions de migrants dans le monde, mais aussi aux pays d'origine, de transit et d'accueil. Il porte sur de nombreuses questions comme la facilitation du retour de travailleurs migrants chez eux. Il rappelle aussi les obligations en termes de droits de l'homme et de lutte contre les discriminations et la xénophobie.

Il établit un cadre pour les pays d'origine, de transit, de destination et de retour. Une collaboration indispensable alors que les pays développés ont besoin de migrants face à la baisse du taux de fertilité et la stagnation de l'économie, a dit M. Guterres.

Au total, quasiment tous les pays avaient soutenu le Pacte lors de son approbation par l'Assemblée générale de l'ONU en juillet, y compris la délégation suisse. Seuls les Etats-Unis s'en étaient alors déjà désolidarisés. Ont suivi depuis, la Hongrie, la Pologne, la République dominicaine, la République tchèque, l'Autriche, l'Australie, le Chili, la Slovaquie ou la Lettonie. Outre la Suisse, l'Italie, la Bulgarie, Israël ou encore l'Estonie ont reporté leur décision.

Copilotées par la Suisse

Plusieurs intervenants ont mentionné les 70 ans jour pour jour de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Pour la première fois, le monde s'est doté lundi d'un accord "entier" sur la migration, a affirmé la chancelière allemande Angela Merkel qui a salué "un jour significatif".

En avocate du Pacte, parmi les 18 chefs d'Etat et de gouvernement présents, elle a lancé un message aux Etats qui redoutent un afflux de personnes ou à ceux, comme la Suisse qui avait pourtant coprésidé les négociations, qui ont reporté leur décision. L'arrangement affirme explicitement la volonté de lutter contre la migration illlégale, a-t-elle rappelé.

Souvent ciblée pour avoir accueilli de nombreux réfugiés et migrants, la chancelière s'en est prise aux opposants qui utilisent "la crainte" que celle-ci alimente parmi les populations. Largement applaudi comme elle et "debout" malgré un gouvernement désormais sans majorité en raison du Pacte, le Premier ministre belge Charles Michel est venu dénoncer aussi ces "instrumentalisations".

L'accord a provoqué d'importantes divisions dans plusieurs pays européens et ces dirigeants comme le roi Mohammed VI ont défendu lundi le multilatéralisme. Après des critiques à peine voilées ces dernières semaines de plusieurs personnalités onusiennes contre des Etats dont la Suisse, M. Guterres a lui cherché à tendre la main.

Hommage à Lauber

"Je ne peux qu'espérer" que ces pays "verront la valeur du Pacte pour leurs propres sociétés" et rejoindront cette "entreprise commune", a-t-il affirmé, ajoutant qu'aucune inquiétude n'est justifiée.

"Les politiques nationales" seront améliorées, selon M. Guterres. Ce Pacte des migrations montre que le multilatéralisme "est un acte de souveraineté", a ajouté de son côté le président de la Conférence, le chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita.

En Suisse, le Conseil fédéral souhaitait s'associer au Pacte. Mais la question a été portée sur le terrain parlementaire où la discussion s'est emballée jusqu'à être abordée dans la course de candidats au gouvernement. Le Conseil fédéral a fini par revoir sa position et reporter son soutien, face à la volonté du Parlement de pouvoir trancher.

Berne n'était pas totalement absente lundi. Plusieurs personnes dont M. Bourita et la présidente de l'Assemblée générale de l'ONU ont rendu hommage à l'ambassadeur Jürg Lauber, visé par l'UDC, qui a copiloté les négociations. L'accord doit encore être soutenu dans une semaine par l'Assemblée générale de l'ONU mais ce vote ne constitue qu'une formalité.

ats

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