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Le pape en Bulgarie s'alarme du dépeuplement du pays

Le pape François a été reçu par le président bulgare Rumen Radev. © KEYSTONE/EPA ANSA/MAURIZIO BRAMBATTI
Le pape François a été reçu par le président bulgare Rumen Radev. © KEYSTONE/EPA ANSA/MAURIZIO BRAMBATTI
Le premier ministre Boïko Borissov était aussi présent sur le tarmac. © KEYSTONE/EPA ANSA/MAURIZIO BRAMBATTI
Le premier ministre Boïko Borissov était aussi présent sur le tarmac. © KEYSTONE/EPA ANSA/MAURIZIO BRAMBATTI
La visite papale s'annonce comme une respiration bienvenue pour son gouvernement bulgare, empêtré depuis des semaines dans une série de scandales immobiliers mettant en cause des responsables de la majorité © KEYSTONE/EPA ANSA/MAURIZIO BRAMBATTI
La visite papale s'annonce comme une respiration bienvenue pour son gouvernement bulgare, empêtré depuis des semaines dans une série de scandales immobiliers mettant en cause des responsables de la majorité © KEYSTONE/EPA ANSA/MAURIZIO BRAMBATTI


Publié le 05.05.2019


Le pape François s'est inquiété dimanche du dépeuplement de la Bulgarie, pays le plus touché au monde par ce phénomène. Il a appelé à l'action pour enrayer l'émigration massive de sa jeunesse et combattre "l'hiver démographique" des naissances.

En visite dans ce pays qui est l'une des portes d'entrée de l'Union européenne pour les migrants, il a également exhorté les Bulgares à ne pas se fermer "à celui qui frappe à (leurs) portes", allant jusqu'à suggérer que le développement économique et civil du pays passe par une "rencontre" entre cultures et religions différentes.

Le pape est arrivé en début de matinée à Sofia pour un voyage de trois jours en Bulgarie puis en Macédoine du Nord, deux pays très majoritairement orthodoxes à la périphérie de l'Europe, qui comptent moins de 1% de catholiques. La Bulgarie a perdu "plus de deux millions de ses citoyens" au cours des dernières décennies, s'est inquiété François devant les autorités politiques et civils du pays, décrivant "le dépeuplement et l'abandon de nombreux villages et villes".

Selon les Nations unies, la Bulgarie est le pays qui se dépeuple le plus rapidement au monde en raison de l'émigration, d'une faible natalité et d'une mortalité supérieure à la moyenne européenne, un phénomène qui touche plusieurs pays des Balkans et d'Europe centrale. La population bulgare, actuellement de sept millions d'habitants contre neuf millions à la chute du communisme, pourrait passer à 5,4 millions en 2050.

Auprès des réfugiés

Pour combattre aussi la baisse de la natalité qualifiée "d'hiver démographique", le pape a appelé le pouvoir à plus d'efforts pour aider les jeunes à construire leur avenir. Inlassable défenseur de la cause des réfugiés, le pape a prévu un arrêt lundi matin dans un centre d'accueil pour réfugiés de Sofia. Ce pays frontalier de la Turquie, le plus pauvre de l'UE, a vu transiter un nombre important d'exilés durant la crise migratoire de 2015 et 2016.

Le parti conservateur du premier ministre Boïko Borissov gouverne depuis 2017 avec des formations nationalistes, qui selon le dernier rapport de la branche bulgare de l'ONG Comité d'Helsinki, "recourent aux discours de haine". "Il est facile d'ériger des murs, mais il est difficile de bâtir des ponts", a reconnu dimanche le chef de l'Etat Roumen Radev, proche des socialistes, assurant au pape que "la société bulgare ne tolère pas le racisme".

Le moment le plus délicat de la journée du pape a eu lieu à huis clos, au siège de l'Eglise orthodoxe bulgare, avec son patriarche Néophyte et son "saint synode" de dirigeants. Le pape et le patriarche se sont embrassés trois fois dans une ambiance détendue, a noté un journaliste présent.

Mais il y a un mois, les membres du synode avaient rejeté à l'unanimité toute forme de service religieux ou de prière aux côtés du chef du 1,3 milliard de catholiques dont ils ne reconnaissent pas l'autorité. Ils bouderont lundi une rencontre interconfessionnelle "pour la paix".

Seul et en silence

Dimanche, le pape François a prôné devant eux l'unité des chrétiens en parlant "d'oecuménisme du sang", référence aux persécutions à l'encontre des chrétiens, sans faire de distinctions. "Combien de chrétiens dans ce pays ont souffert pour le nom de Jésus, en particulier durant la persécution du siècle passé!", a-t-il rappelé, en référence aux 45 ans de période communiste athée.

De fait, le pape a ensuite été accompagné jusqu'à la cathédrale orthodoxe Alexandre Nevski, principal monument de Sofia, par le responsable orthodoxe bulgare d'Europe occidentale et centrale, qui n'a pas un rang aussi élevé que le patriarche bulgare. C'est seul et en silence que le pape a prié devant le trône des saints Cyrille et Méthode, deux frères vénérés dans le monde orthodoxe pour avoir évangélisé les Slaves au 9e siècle.

L'Eglise orthodoxe bulgare s'est durcie après une scission post-communiste surmontée en 2001. Pour certains, les catholiques sont encore les dangereux prosélytes des siècles passés. Le pape a célébré dimanche une première messe en plein air pour les catholiques, suivie selon les autorités bulgares par 12'000 fidèles et en présence d'officiels de l'Eglise arménienne, des communautés juive, protestante et musulmane.

ats, afp

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