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Le Parlement d'accord pour inscrire le vélo dans la Constitution

Le Parlement préfère le contre-projet à l'initiative Pro Velo (photo symbolique). © KEYSTONE/CHRISTIAN BEUTLER
Le Parlement préfère le contre-projet à l'initiative Pro Velo (photo symbolique). © KEYSTONE/CHRISTIAN BEUTLER


Publié le 01.03.2018


Le vélo a de bonnes chances d'être inscrit dans la Constitution. Après le Conseil des Etats, le National a reconnu jeudi ses vertus dans la mobilité douce. Il a cependant préféré un contre-projet moins contraignant à l'initiative Pro Velo.

Le contre-projet direct du Conseil fédéral reprend les buts de l'initiative. Il encourage la création d'un réseau de voies cyclables en Suisse, mais sans mesures contraignantes pour les cantons et les communes. La Confédération pourra, mais ne devra pas, coordonner la promotion du vélo.

"Tout le monde s'accorde sur les bienfaits de la petite reine, que ce soit pour résoudre les problèmes de trafic en milieu urbain, pour la santé et pour l'environnement", a résumé pour la commission Jacques-André Maire (PS/NE). Il sera ainsi possible d'étendre le réseau deux-roues et d'améliorer la sécurité des usagers, a-t-il ajouté.

Une majorité de droite a rejeté par 121 voix contre 61 l'initiative de la faîtière des cyclistes, privilégiant le contre-projet par 120 voix contre 67. Déposée en mars 2016, l'initiative "Pour la promotion des voies cyclables et des chemins et sentiers pédestres" veut mettre sur pied d'égalité l'aménagement destiné aux cyclistes et celui réservé aux piétons.

Inutile pour l'UDC

Aujourd'hui, il manque une stratégie d'ensemble qui inclut le vélo au quotidien et pendant les loisirs, a plaidé Regula Rytz (Verts/BE). "Si on veut reconnaître le rôle de la bicyclette, il faut s'en donner les moyens et octroyer plus de compétences à la Confédération", a complété Lisa Mazzone (Verts/GE).

Mais plusieurs orateurs UDC se sont justement montrés hostiles à trop de compétences données à la Berne fédérale. "On s'ingère trop avant dans les compétences cantonales et communales", selon Thomas Hurter (UDC/SH).

Pour lui, tant l'initiative que le contre-projet sont inutiles. Il craint plutôt une augmentation des conflits entre piétons et cyclistes. "Où va-t-on construire les pistes cyclables en ville sans mordre sur les trottoirs?" Son collègue de parti Manfred Bühler (UDC/BE) s'est lui inquiété d'une explosion des coûts.

Cantons et villes respectés

Certes aujourd'hui, certains cyclistes montrent un peu d'incivilité en ville, a reconnu Kurt Fluri (PLR/SO). "Mais il faudra bien prévoir une coexistence des uns avec les autres et les villes se sont déjà lancées dans des projets encourageant la circulation à vélo", a-t-il rappelé.

Pour lui et le PDC, le contre-projet respecte justement l'autonomie des collectivités locales. La mise en oeuvre du nouvel article constitutionnel pourra se faire via une révision de la loi sur les chemins de randonnée pédestre.

Adèle Thorens (Verts/VD) réfute également l'existence d'une concurrence entre usagers. "Marcheurs et cyclistes sont des acteurs complémentaires." Le tourisme en profitera aussi, a renchéri Mathias Reynard (PS/VS). "Jusqu'à présent, les adeptes du vélo sont restés les parents pauvres de nos projets de mobilité", a déploré Isabelle Moret (PLR/VD).

Pour la cheffe du Département fédéral des transports Doris Leuthard, la revendication de fond de l'initiative est légitime. Il est bon que la Confédération continue d'intervenir à titre subsidiaire, comme l'a montré la pratique depuis 40 ans pour les chemins pédestres.

Retrait de l'initiative?

Le contre-projet est soutenu par de nombreuses associations, dont le TCS. Son coût est modeste pour la Confédération: un peu plus d'un million de francs par année et 1,5 poste. Le nouveau Fonds pour les routes nationales et le trafic d'agglomération (FORTA) pourra être utilisé dans le cadre du trafic d'agglomération.

Les initiants ont indiqué adhérer au contre-projet, un retrait de leur texte n'est donc pas exclu.

ats

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