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Le Portugal veut "saboter" les enquêtes liées aux "Football Leaks"

Les millions de documents piratés baptisés "Football Leaks" ont conduit à une série de révélations sur les coulisses du football. Et la boîte de Pandore n'est pas encore vide: selon Rui Pinto, 6 téraoctets de données n'ont encore jamais été révélés (image symbolique). © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI
Les millions de documents piratés baptisés "Football Leaks" ont conduit à une série de révélations sur les coulisses du football. Et la boîte de Pandore n'est pas encore vide: selon Rui Pinto, 6 téraoctets de données n'ont encore jamais été révélés (image symbolique). © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI


Publié le 02.02.2019


Un lanceur d'alerte à l'origine du scandale des "Football Leaks", le Portugais Rui Pinto, accuse les autorités de son pays de réclamer son extradition depuis la Hongrie pour "saboter" les enquêtes menées avec son aide dans d'autres pays européens.

"Je collaborais déjà avec les autorités françaises, je commençais une nouvelle collaboration avec les autorités suisses, j'allais probablement en commencer d'autres au niveau européen et tout à coup le Portugal a tout saboté", déclare-t-il dans une interview à des médias européens appartenant au consortium qui a révélé les "Football Leaks", une vaste enquête sur les dessous du foot-business.

"Je pense que le Portugal veut juste me réduire au silence et taire ce qu'il y a dans mon ordinateur. Ils ont peur que j'en sache trop", ajoute le jeune homme de 30 ans, qui s'exprime en anglais dans une vidéo diffusée par l'hebdomadaire portugais Expresso.

Collaborations multiples

Rui Pinto, qui refuse d'être décrit comme un pirate informatique, est actuellement assigné à résidence à Budapest. Il attend que la justice hongroise décide de l'extrader ou pas vers le Portugal, où il est soupçonné de vol de données et de tentatives d'extorsion.

Au lendemain de son arrestation, le 16 janvier, ses avocats l'ont présenté comme étant "un très important lanceur d'alerte européen" méritant d'être protégé en vertu de sa collaboration avec les autorités françaises et suisses. La justice belge souhaite aussi avoir accès aux documents en possession du hacker portugais, a indiqué lundi le parquet fédéral belge confirmant des informations de presse.

Dans son interview, Rui Pinto confirme également avoir été contacté par les autorités américaines. Il refuse toutefois de commenter l'accusation de viol portée contre Cristiano Ronaldo par l'Américaine Kathryn Mayorga, une affaire d'abord révélée par les "Football Leaks" en avril 2017.

Six téraoctets jamais révélés

Diffusés en deux temps, d'abord fin 2016 puis à l'automne 2018, les millions de documents piratés baptisés "Football Leaks" ont conduit à une série de révélations sur les coulisses du football. Ces documents, exploités par un consortium de médias européens, ont notamment mis au jour des mécanismes d'évasion fiscale, des soupçons de fraude et de corruption dans l'univers du football, mettant en cause plusieurs joueurs vedettes et dirigeants de clubs.

Sur les dix téraoctets de données saisies lors de son arrestation, Rui Pinto affirme que six téraoctets n'ont jamais été révélés. Une partie de ces documents "montrent comment les îles Caïmans ont été utilisées à grande échelle pour pratiquer le blanchiment d'argent et l'évasion fiscale", assure-t-il.

"J'espère que des procureurs à travers l'Europe se réuniront et démontreront aux autorités hongroises et portugaises que mes informations présentent un intérêt public majeur, et qu'ils ont besoin de ces documents pour mener leurs enquêtes et poursuivre des délits pénaux, qui sont bien plus graves que le fait de lancer l'alerte", ajoute-t-il.

ats, afp

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