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Le président philippin instaure la loi martiale dans le sud du pays

"A 22h00, Rodrigo Duterte a instauré la loi martiale pour l'île entière de Mindanao", a annoncé le porte-parole du président philippin, Ernesto Abella. © KEYSTONE/EPA/CERILO EBRANO
"A 22h00, Rodrigo Duterte a instauré la loi martiale pour l'île entière de Mindanao", a annoncé le porte-parole du président philippin, Ernesto Abella. © KEYSTONE/EPA/CERILO EBRANO
L'armée patrouille dans les rues de Davao, au sud des Philippines, alors que le président Duterte a déclaré la loi martiale dans cette région. © KEYSTONE/EPA/CERILO EBRANO
L'armée patrouille dans les rues de Davao, au sud des Philippines, alors que le président Duterte a déclaré la loi martiale dans cette région. © KEYSTONE/EPA/CERILO EBRANO


Publié le 24.05.2017


Le président philippin Rodrigo Duterte a instauré mardi la loi martiale à Mindanao (sud) où de violents accrochages se sont produits avec des combattants liés au groupe Etat islamique (EI). Il a également abrégé sa visite en Russie où il rencontrait Vladimir Poutine.

"A 22h00, M. Duterte a instauré la loi martiale pour l'île entière de Mindanao", a annoncé le porte-parole du président, Ernesto Abella. Dans une vidéo mise en ligne par le gouvernement, Rodrigo Duterte affirme que cette loi pourrait être en vigueur pendant un an, si cela devait prendre autant de temps pour rétablir l'ordre.

M. Duterte a affirmé mercredi qu'il pourrait étendre la loi martiale à l'ensemble du pays. "Je pourrais déclarer la loi martiale dans tout le pays pour protéger la population", a déclaré le chef de l'Etat aux journalistes.

Prêt à ignorer la Constitution

Ernesto Abella avait d'abord précisé que la mesure était prise pour 60 jours et concernait toute la région de Mindanao, qui englobe l'île principale du même nom et une série de petites îles autour. La région, qui constitue environ un tiers du pays, a 20 millions d'habitants.

La Constitution ne prévoit l'instauration de la loi martiale que pour une durée de 60 jours en cas de rébellion ou d'invasion. Mais M. Duterte a régulièrement déclaré qu'il était prêt à ignorer la Constitution s'il jugeait nécessaire d'instaurer la loi martiale.

Le président a ajouté qu'il pourrait la faire appliquer "dans tout le pays pour protéger la population", prévenant que cela rappellerait le temps de la dictature de Ferdinand Marcos, renversé par une révolution en 1986. "Je n'hésiterai pas à tout faire pour protéger et préserver la nation philippine", a-t-il poursuivi, jugeant que "la loi martiale de M. Marcos était très bonne".

La vidéo a été enregistrée juste avant qu'il n'abrège la visite officielle qu'il effectuait à Moscou pour rentrer en urgence aux Philippines en raison de la situation dans le sud.

"Nous avons besoin d'armes"

"Des unités de (l'organisation) Etat islamique occupent une province (philippine) et il y a des affrontements, une opération militaire, en cours encore maintenant. Je dois malheureusement partir là-bas", a-t-il déclaré au début de sa rencontre au Kremlin, selon des propos traduits en russe.

"Notre pays a besoin d'armements modernes (...) pour lutter contre l'EI, nous avons besoin d'armes", a ajouté Rodrigo Duterte, qui avait précédemment déclaré souhaité acheter des armes modernes à la Russie. Une prise de position qui rompt un peu plus les liens qui unissaient traditionnellement son pays aux Etats-Unis.

"Nous comprenons très bien", a répondu Vladimir Poutine qui a présenté ses condoléances au président philippin pour cette "attaque terroriste". Le chef d'Etat russe a aussi "exprimé l'espoir que le conflit (...) sera résolu au plus vite, avec le moins de pertes humaines possibles". Il a mentionné une "série de documents", qui seront signés mercredi avec les ministres philippins restés à Moscou.

"Nettoyer le secteur"

Des combattants islamistes semant le chaos dans une ville du sud des Philippines ont décapité un chef de la police de Malabang (sud), a affirmé mercredi Rodrigo Duterte. Des accrochages se sont produits mardi à Mindanao lors d'une opération de chasse à l'homme contre Isnilon Hapilon, chef du groupe islamiste Abu Sayyaf et responsable pour les Philippines de l'organisation Etat islamique.

Au moins un policier est mort lors des combats survenus à Marawi, une ville à majorité musulmane de quelque 200'000 habitants, selon les autorités. Les combattants islamistes ont attaqué un hôpital lors des heurts, a précisé le chef de l'état-major philippin, le général Eduardo Ano, à CNN Philippines.

"Nous allons nettoyer le secteur", a ajouté l'officier supérieur en invitant la population à rester chez elle. Il a estimé à une cinquantaine le nombre des combattants islamistes.

Les heurts ont commencé, a-t-il poursuivi, lors de la perquisition d'une demeure où Isnilon Hapilon était supposé se cacher. Le département d'Etat a promis une récompense de cinq millions de dollars pour sa capture.

Drapeau noir

Des photos postées sur les réseaux sociaux par des habitants montrent les combattants en train de marcher dans les rues de Marawi et plantant un drapeau noir ressemblant à celui utilisé par l'EI.

Le groupe Abu Sayyaf, basé sur les îles méridionales de Mindanao, est à l'origine de l'enlèvement de centaines de Philippins et d'étrangers depuis les années 1990, exigeant des rançons contre leur libération. Ils ont décapité un ressortissant allemand âgé au début de cette année et deux Canadiens l'année dernière, leurs exigences de rançons n'ayant pas été satisfaites.

ats, afp

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