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Le président vénézuélien appelle à des législatives anticipées

Le président vénézuélien Nicolas Maduro s'est montré ferme face aux menaces de boycott de la présidentielle par l'opposition (archives). © KEYSTONE/AP/ARIANA CUBILLOS
Le président vénézuélien Nicolas Maduro s'est montré ferme face aux menaces de boycott de la présidentielle par l'opposition (archives). © KEYSTONE/AP/ARIANA CUBILLOS


Publié le 21.02.2018


Le président socialiste vénézuélien Nicolas Maduro a appelé mercredi à des législatives anticipées, alors que le scrutin est prévu pour 2020. Le Parlement est actuellement le seul organe de pouvoir contrôlé par l'opposition dans ce pays en crise.

Le chef de l'Etat a proposé d'avancer au 22 avril "les élections (législatives) pour renouveler le Parlement". Ce nouveau bouleversement du calendrier électoral devrait être proposé prochainement à l'Assemblée constituante, institution dotée de pouvoirs élargis et uniquement composée de fidèles du président.

M. Maduro a également réaffirmé que l'élection présidentielle du 22 avril "se tiendra qu'il pleuve ou qu'il vente, avec la MUD (principale coalition d'opposition) ou sans la MUD". La "Table de l'unité démocratique" (MUD) vient d'exclure de participer à ce scrutin dans les circonstances actuelles.

"Simulacre frauduleux"

"Ne comptez pas sur l'Unité démocratique ni sur le peuple pour valider ce qui, jusqu'à présent, n'est qu'un simulacre frauduleux et illégitime d'élection présidentielle", avait annoncé plus tôt dans la journée la MUD dans un communiqué.

Le scrutin du 22 avril "n'est qu'un show du gouvernement pour simuler une légitimité dont il ne dispose pas, tandis que les Vénézuéliens souffrent et agonisent", a ajouté Angel Oropeza, le coordinateur de la MUD au cours d'une conférence de presse.

Mardi déjà, en marge du Sommet de Genève pour les droits de l'homme et la démocratie, le maire de Caracas en exil Antonio Ledezma avait exclu que l'opposition présente un candidat à la présidentielle. Il avait réclamé une intervention extérieure et un gouvernement de transition.

Parmi les principales exigences des opposants figurent la présence d'observateurs internationaux "indépendants", la tenue du scrutin au "deuxième semestre 2018", la désignation d'un Conseil national électoral "équilibré ", le vote des Vénézuéliens de l'extérieur et un égal accès aux médias. La MUD laisse la porte ouverte à une participation si ces conditions venaient à être acceptées.

Maduro sans adversaire

Nicolas Maduro, élu en 2013, fait face à un taux d'impopularité de 75%, en raison notamment de l'effondrement économique du Venezuela, un pays pétrolier frappé par de graves pénuries de médicaments et d'aliments.

Mais en avançant la date de la présidentielle, qui s'était tenue jusqu'ici en fin d'année, le chef de l'Etat a réussi à déstabiliser l'opposition, déjà affaiblie et divisée. Désormais sans adversaire de poids, il semble assuré de décrocher un second mandat, jusqu'en 2025, selon les analystes.

Pour l'heure, il n'a face à lui que deux "petits" candidats déclarés: le pasteur évangélique Javier Bertucci et l'opposant Claudio Fermin, qui ne fait pas partie de la coalition d'opposition.

Opposition divisée

"Maduro se trouve sans doute au moment où il est le plus faible, mais il puise sa force dans l'affaiblissement, les erreurs et le manque de cohésion et de cohérence de l'opposition. C'est ce qui lui donne de l'oxygène", déclare à l'AFP Félix Seijas, directeur de l'institut de sondage Delphos.

La décision de la MUD de boycotter la présidentielle intervient après deux semaines de débats et de consultations entre la vingtaine de partis qui la composent. Une partie de la communauté internationale, notamment l'Union européenne et la Colombie, a prévenu qu'elle ne reconnaîtrait pas les résultats de cette élection, que Washington juge "ni libre, ni juste".

Mais l'unité qui avait fait la force de la MUD aux législatives de fin 2015, lui permettant de remporter une victoire historique qui avait mis fin à une hégémonie chaviste de près de vingt ans, n'est plus.

Certaines figures de l'opposition, comme l'ex-président du Parlement Henry Ramos Allup, ne cachent pas leurs ambitions présidentielles, tandis qu'un dissident du chavisme, Henri Falcon, semble décidé à participer au scrutin. Aucun des deux n'était présent mercredi à la conférence de presse.

ats, afp

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