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Le prévenu se dit étranger au meurtre d'une fille de 12 ans

Le viol et le meurtre de Semhar avait provoqué une vive émotion à Carouge, dans le quartier de la Tambourine, où habitait la jeune fille d'origine éthiopienne (archives). © KEYSTONE/MAGALI GIRARDIN
Le viol et le meurtre de Semhar avait provoqué une vive émotion à Carouge, dans le quartier de la Tambourine, où habitait la jeune fille d'origine éthiopienne (archives). © KEYSTONE/MAGALI GIRARDIN


Publié le 05.06.2018


A Genève, le procès d'un chauffeur de taxi de 42 ans est entré mardi dans le vif du sujet. Le prévenu a été interrogé sur le viol et le meurtre de Semhar, une jeune adolescente de 12 ans, qui était la fille de sa compagne de l'époque. Il a nié toute implication.

L'accusé a été longuement questionné par la présidente du Tribunal criminel, Isabelle Cuendet, sur des faits qui remontent à six ans. Selon l'acte d'accusation, le prévenu aurait profité de se retrouver seul avec l'enfant dans l'appartement de cette dernière pour la violer et l'étrangler, puis de cacher son cadavre sous un lit.

L'accusé nie en bloc avoir perpétré ces actes atroces depuis le début de la procédure. Mme Cuendet est revenue sur l'emploi du temps du prévenu lors de cette journée fatidique du 23 août 2012. Elle a notamment insisté sur une période d'une demi-heure, environ, au cours de laquelle le chauffeur aurait pu commettre le crime.

"Vous avez fait quoi entre 19h47 et 20h23 ?", a demandé la présidente à l'accusé. "J'ai attendu Semhar au bas de son immeuble, dans mon taxi garé près d'une épicerie", a répondu ce dernier. Il a répété qu'à aucun moment il n'est monté dans l'appartement. Il devait emmener la jeune fille au restaurant y rejoindre sa mère.

Un homme peu inquiet

Ne voyant pas venir Semhar, il est parti et a passé la soirée avec sa compagne, sans s'inquiéter plus du sort de la jeune fille qui lui avait fait faux bond. "Je me suis dit qu'elle était restée chez une copine", a déclaré le prévenu. Il n'a pas voulu non plus téléphoner à l'enfant, car il ne tenait pas à la déranger.

Lors du repas, la mère tente d'appeler sa fille plusieurs fois, en vain, et se ronge les sangs. Une fois de retour à l'appartement, constatant que Semhar n'est pas à la maison alors qu'il est minuit, elle s'affole. L'accusé, de son côté, garde son calme, même si la jeune fille n'avait pas du tout l'habitude de rentrer si tard.

"Semhar était responsable, elle faisait du jogging toute seule et jouait dehors", a relevé le prévenu, tentant de justifier sa sérénité le soir de la disparition de l'adolescente. "Vous étiez la seule personne qui n'était pas inquiète dans le quartier à ce moment-là", lui a fait remarquer Mme Cuendet.

Traces ADN

La présidente du tribunal est ensuite passée aux traces d'ADN de l'accusé retrouvées sur le corps et les vêtements de la victime, et notamment de celle découverte à l'intérieur de l'entrejambe du slip de la jeune fille. "Je vivais dans cette maison et les habits traînaient partout dans l'appartement", a expliqué le prévenu.

Deux traces d'ADN de l'accusé ont aussi été prélevées sous le lit où était dissimulé le corps. "J'ai été cherché à cet endroit mes écouteurs qui étaient coincés", a indiqué le chauffeur de taxi. Il a précisé qu'il dormait environ 2 à 3 fois par semaine dans ce lit quand il fréquentait la maman de Semhar.

L'interrogatoire de l'accusé s'est déroulé devant les parents de la victime. Alors que le père a plus ou moins réussi à contenir ses émotions, la mère n'a pas pu cacher ses sentiments et a réagi bruyamment à certaines déclarations du prévenu. Mercredi, elle déposera devant le tribunal.

ats

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