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Le rachat de Syngenta par ChemChina sert "une noble cause"

Pékin doit nourrir une population de près de 1,4 milliard de personnes, "la perspective de contribuer à nourrir un cinquième de la planète nous donne des ailes", affirme vendredi Michel Demaré dans le journal Le Temps (archives). © KEYSTONE/GEORGIOS KEFALAS
Pékin doit nourrir une population de près de 1,4 milliard de personnes, "la perspective de contribuer à nourrir un cinquième de la planète nous donne des ailes", affirme vendredi Michel Demaré dans le journal Le Temps (archives). © KEYSTONE/GEORGIOS KEFALAS


Publié le 23.06.2017


Syngenta ne sera pas restructurée après son rachat par le chinois ChemChina tant que l'entreprise restera performante. Mieux, "cette transaction sert une "noble cause", assure le président du conseil d'administration du groupe agrochimique bâlois Michel Demaré.

Les Chinois "ne changeront pas une machine qui tourne" dont le savoir-faire leur permet de moderniser leur agriculture, complète-t-il, lors d'un entretien avec Le Temps publié vendredi. Pékin doit nourrir une population de près de 1,4 milliard de personnes, et "la perspective de contribuer à nourrir un cinquième de la planète nous donne des ailes".

Michel Demaré se montre satisfait de la transaction, qui aboutira formellement lundi lors de l'assemblée générale annuelle de la firme bâloise. Un rachat par le géant américain Monsanto, qui avait montré son intérêt en lançant une offre publique d'achat hostile, aurait abouti au démantèlement de Syngenta, à son déménagement à Londres et à la suppression de plus de 15'000 emplois, constate-t-il.

Aucune restructuration prévue

ChemChina permet en revanche au groupe bâlois de garder "sa place prépondérante dans le tissu industriel du pays". Ce qui n'était pas gagné d'avance: "Syngenta n’appartient pas au gouvernement suisse, mais aux actionnaires, dont seulement un peu plus de 20% étaient Suisses", analyse Michel Demaré.

La Suisse représente 1% du marché du groupe, alors que 11% du personnel est employé dans le pays. "Aucun emploi ne sera supprimé suite à ce rachat. Aucune restructuration n'est prévue dans le contrat aussi longtemps que l'on reste performant", affirme M. Demaré. "Rien ne va changer au niveau du siège, des sites en Suisse, de la stratégie, de la culture ou de la marque".

Le président de la multinationale bâloise relève que l'usine de Monthey (VS), qui reste "notre plus grand site mondial de production", produit des résultats "exceptionnels et de qualité" malgré des coûts plus élevés que dans les pays concurrents. "Monthey continuera à faire ce qu'elle fait pour autant qu'elle reste performante", ajoute-t-il.

Pas de managers chinois parachutés

Interrogé sur un choc des cultures au sein de l'entreprise, M. Demaré relève qu'"il n'y aura aucun parachutage de managers chinois à Bâle ou ailleurs." Seul le conseil d'administration connaîtra un mélange des cultures.

Face aux craintes de pillage technologique, il explique que l'accord prévoit que les administrateurs indépendants puissent bloquer des transactions de transferts de la Suisse à la Chine.

Revenant sur son propre rôle - il siégera comme vice-président du conseil d'administration et président du comité des administrateurs indépendants -, Michel Demaré souligne qu'il restera attentif à la continuité de la marche de l'entreprise et veillera au respect des accords "dans les moindres détails."

Le rachat de Syngenta est la plus grosse transaction réalisée par des capitaux chinois à l’étranger. Elle s'élève à 43 milliards de dollars.

ats

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