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Le Suisse arrêté au Maroc est un Genevois sans doute radicalisé

Une étudiante danoise et son amie, une Norvégienne de 28 ans, ont été tuées dans la nuit du 16 au 17 décembre dans le sud du Maroc. Les autorités marocaines ont qualifié l'homicide d'acte terroriste. © KEYSTONE/EPA/JALAL MORCHIDI
Une étudiante danoise et son amie, une Norvégienne de 28 ans, ont été tuées dans la nuit du 16 au 17 décembre dans le sud du Maroc. Les autorités marocaines ont qualifié l'homicide d'acte terroriste. © KEYSTONE/EPA/JALAL MORCHIDI


Publié le 31.12.2018


Le Suisse arrêté samedi au Maroc dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de deux touristes scandinaves est un Genevois vraisemblablement radicalisé. Il a un casier judiciaire dans le canton de Genève pour divers larcins commis entre 2007 et 2013.

Suspecté de s’être radicalisé, l'homme a quitté la Suisse pour s'installer au Maroc en 2015, a indiqué lundi à Keystone-ATS Anne-Florence Débois, porte-parole de Fedpol, confirmant une information de la Tribune de Genève. "L'individu est connu de la police genevoise pour des faits de droit commun commis entre 2007 et 2013".

Il a été condamné pour infraction à la loi sur les stupéfiants, vol, cambriolage, dommages à la propriété, agression et violence conjugale. Les autorités fédérales sont en contact étroit avec les autorités marocaines, espagnoles, danoises et norvégiennes pour procéder à toutes les clarifications nécessaires et faciliter les échanges d'informations. La police genevoise n'a pas donné de détails supplémentaires.

Du côté du Ministère public de la Confédération (MPC), on a connaissance du cas du Genevois. Le MPC est en contact avec les autorités fédérales en charge de ce dossier. Il "ne mène pour l'heure aucune procédure pénale sur cette affaire. La responsabilité de l'enquête est aux mains des autorités du territoire où a été commis le crime".

Recrutement et entraînement

Le Maroc soupçonne ce double national helvético-espagnol "d'être imprégné de l'idéologie extrémiste". L'enquête révèle son "adhésion à des opérations de recrutement et d'embrigadement de citoyens marocains et subsahariens pour exécuter des plans terroristes au Maroc", a précisé dimanche l'unité en charge de la lutte antiterroriste.

L'homme aurait entraîné certaines personnes interpellées dans cette affaire aux nouvelles technologies de communication et au tir, selon le Bureau central d'investigations judiciaires (BCIJ). Les autorités marocaines ont interpellé au total une vingtaine de personnes pour leurs liens présumés avec le double homicide, qualifié de "terroriste" par Rabat.

Le parquet a demandé au juge d'instruction d'interroger les suspects pour "constitution d'une bande afin de préparer et commettre des actes terroristes", "atteinte à la vie de personnes avec préméditation", et "apologie du terrorisme".

Le parquet a en outre requis "la détention préventive des personnes arrêtées". Sept autres suspects, placés en garde à vue, doivent être déférés devant le parquet dans les prochains jours. Les quatre principaux auteurs présumés, interpellés à Marrakech les jours suivant le double meurtre, appartenaient à une cellule inspirée par l'idéologie du groupe Etat islamique (EI).

Vive émotion

L'affaire a suscité une vive émotion en Norvège, au Danemark mais aussi au Maroc, où une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, montrant l'exécution d'une des deux victimes, a mis le pays en émoi. La vidéo est considérée comme authentique par les autorités marocaines, selon une source proche de l'enquête.

Épargné jusqu'ici par les attentats de l'EI, le royaume - qui revendique une politique très active en matière de lutte antiterroriste - avait été meurtri par des attaques à Casablanca (33 morts en 2003) et à Marrakech (17 morts en 2011).

ats

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