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Le télescope spatial CHEOPS entièrement opérationnel

La phase de test a montré que les mesures de CHEOPS sont cinq fois plus précises que celles effectuées depuis le sol (archives). © KEYSTONE/EPA ESA/ATG MEDIALAB / ESA HANDOUT
La phase de test a montré que les mesures de CHEOPS sont cinq fois plus précises que celles effectuées depuis le sol (archives). © KEYSTONE/EPA ESA/ATG MEDIALAB / ESA HANDOUT


Publié le 16.04.2020


Une nouvelle étape est franchie pour CHEOPS: après plus de trois mois de tests effectués par le personnel de la mission, en partie depuis leur domicile en raison du coronavirus, le télescope spatial a été déclaré entièrement opérationnel.

CHEOPS (pour CHaracterising ExOPlanets Satellite) a pour objectif d’analyser les exoplanètes connues afin de déterminer, entre autres, si elles réunissent des conditions propices au développement de la vie. Ce projet de l’Agence spatiale européenne (ESA) et de la Suisse est placé sous la responsabilité de l’Université de Berne en collaboration avec l’Université de Genève (UNIGE), indique jeudi un communiqué commun des deux institutions.

Mercredi 25 mars dernier, après presque trois mois de tests approfondis, l’ESA a annoncé que le télescope spatial CHEOPS était prêt à accomplir sa mission scientifique alors qu’une grande partie du monde se confinait pour endiguer l’épidémie de coronavirus.

L’ESA a ensuite transmis la responsabilité des opérations de CHEOPS au consortium chargé de la mission, composé de scientifiques et d’ingénieurs travaillant pour quelques 30 institutions de 11 pays européens.

Phase de test

"Cette réussite a été rendue possible grâce au fait que les operations de la mission sont en grande partie automatisées, ce qui permet d’envoyer des commandes et de recevoir des données même depuis chez soi"», explique Willy Benz, professeur en astrophysique à l’Université de Berne et directeur de la mission CHEOPS, cité dans le communiqué.

De janvier à fin mars, une équipe de scientifiques, d’ingénieurs et de techniciens a longuement testé et calibré CHEOPS. "Nous étions aux anges lorsque nous avons constaté que tous les systèmes fonctionnaient comme prévu, voire même mieux que prévu", raconte Andrea Fortier de l’Université de Berne, qui a dirigé l’équipe du consortium chargée de la mise en service de l’instrument.

L’équipe s’est d’abord occupée d’évaluer les performances photométriques du télescope spatial. CHEOPS est un appareil d’une extrême précision capable de découvrir des exoplanètes de la taille de la Terre. "Le test le plus délicat consistait à mesurer la luminosité d’une étoile avec une précision de 0,002% (20 millionièmes)", déclare Willy Benz.

Un tel degré de précision est capital afin de bien discerner l’obscurcissement provoqué par le passage d’une planète de la taille de la Terre devant une étoile de taille similaire à celle du soleil (un phénomène appelé "transit" qui peut durer plusieurs heures). CHEOPS devait également montrer qu’il pouvait maintenir ce niveau de précision pendant deux jours consécutifs.

CHEOPS dépasse toutes les espérances

Afin de vérifier tout cela, l’équipe s’est concentrée sur une étoile baptisée HD 88111 qui est située à 175 années-lumière dans la constellation de l’Hydre. Sans planète connue, cette étoile est idéale pour un test de ce genre.

CHEOPS a pris une image de l’étoile toutes les 30 secondes pendant 47 heures consécutives. Chaque image a été minutieusement analysée. L’équipe s’attendait à ce que la luminosité de l’étoile varie quelque peu pendant la période d’observation en raison d’une multitude de facteurs tels que la présence d’une autre étoile dans le champ de vision, de légers tremblements du satellite ou de l’influence du rayonnement cosmique sur le détecteur.

Or "la courbe de lumière mesurée par CHEOPS est incroyablement plate, le télescope spatial va donc au-delà de l’exigence de précision de 0,002%", indique Christopher Broeg, manager de la mission CHEOPS à l’Université de Berne.

D'autres tests ont montré que CHEOPS est capable de "capturer des transits difficilement observables depuis la Terre, car les nuits pendant lesquelles il est possible d’observer pendant huit heures avec une grande qualité depuis le sol sont très rares", note le Prix Nobel de physique 2019 Didier Queloz, professeur au Département d’astronomie de l’Université de Genève et porte-parole de l’équipe scientifique de CHEOPS.

"Les mesures de CHEOPS sont cinq fois plus précises que celles effectuées depuis le sol", souligne Willy Benz. "Cela donne un avant-goût des résultats que nous pouvons espérer grâce à CHEOPS au cours des prochains mois et des prochaines années", conclut le chercheur.

ats

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