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Le ton monte en France en attendant les voeux de Macron

Emmanuel Macron pourrait tenter de débloquer la situation lors de ses voeux le 31 (archives). © KEYSTONE/EPA AFP POOL/BERTRAND GUAY / POOL
Emmanuel Macron pourrait tenter de débloquer la situation lors de ses voeux le 31 (archives). © KEYSTONE/EPA AFP POOL/BERTRAND GUAY / POOL


Publié le 29.12.2019


Au 25e jour d'un conflit sur les retraites enlisé, le ton s'est durci entre la CGT et l'exécutif. Les regards se tournent désormais vers le discours de voeux d'Emmanuel Macron mardi 31, les grévistes comme l'opposition attendant une initiative du chef de l'Etat.

Les perturbations dans les transports continuent, en particulier en Île-de-France. Dimanche, 4 TER sur dix, 6 TGV sur 10 et 1 Transilien (train de banlieue parisienne) sur 5 circulent. A Paris, treize lignes de métro sur seize sont fermées.

Lundi, à la veille du réveillon de la Saint-Sylvestre, il faudra compter sur seulement 1 TGV sur 2, 1 Transilien sur 4 et 3 circulations de TER (souvent assurées par des cars) sur 10, a prévenu la SNCF.

Alors qu'aucune négociation n'est prévue d'ici le 7 janvier, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, accuse dans le Journal du Dimanche le gouvernement d'organiser "le bordel" et de jouer "le pourrissement" d'un mouvement social déjà plus long que celui de 1995.

"Ils se sont dit 'on va leur coller les ultimatums pendant les fêtes de Noël'. Emmanuel Macron se veut l'homme du nouveau monde, mais il imite Margaret Thatcher", cingle-t-il: "Il a dit qu'il avait changé, qu'il était prêt à l'écoute... Où est l'acte II du quinquennat ?".

"Syndicalisme de blocage"

Egalement dans le JDD, le secrétaire d'Etat aux Transports Jean-Baptiste Djebbari accuse la CGT de pratiquer un syndicalisme "de blocage" voire "d'intimidation", dénonce "une pression qui s'exerce de façon anormale sur une partie des cheminots" pour qu'ils participent au mouvement et assure avoir invité la CGT-Cheminots et Sud-Rail à discuter de la réforme.

M. Djebbari "une nouvelle fois étale sa mythomanie sur le 'dialogue permanent' qu'il entretient avec les organisations syndicales puisque la CGT des cheminots n'a pas été contactée une seule fois par ses services depuis le début de la grève", a rétorqué dans un communiqué le premier syndicat de la SNCF.

Le président de la République est resté quasiment muet sur le conflit depuis des semaines, laissant son Premier ministre Edouard Philippe en première ligne pour défendre le projet de système "universel" de retraite à points. Il s'est contenté depuis la Côte d'Ivoire d'un appel, en vain, à la trêve pour Noël et a fait savoir qu'il renonçait à sa pension de président, avant de se retirer au fort de Brégançon.

Fenêtre de tir?

Il se ménage ainsi une possible fenêtre de tir le 31 pour débloquer la situation, sauf s'il opte pour le bras de fer, au risque de radicaliser les opposants. "Il y a une détermination, une colère qui est profonde et qui sera là au mois de janvier", a prévenu Fabien Villedieu, délégué SUD-Rail, sur BFMTV.

Le chef de l'Etat est en particulier attendu sur un possible aménagement de l'âge pivot, que l'exécutif prévoit d'instaurer dès 2022 et d'assortir d'un bonus-malus: une "ligne rouge" pour la CFDT, qui en demande le retrait.

Le président peut aussi vouloir tenter de mieux expliquer un système à points qui déroute les Français.

Dérogations

Mettre en avant à nouveau la suppression des régimes spéciaux risque de ne pas suffire, alors qu'une majorité de Français juge positivement le mouvement social. Et que le gouvernement a préservé les militaires et accordé des dérogations aux policiers, puis aux pilotes ou aux danseurs de l'Opéra, notamment.

Le silence d'Emmanuel Macron a laissé ses troupes envoyer des messages contradictoires, Aurore Bergé, porte-parole de LREM, affirmant aux grévistes "vous n'obtiendrez rien" quand Olivia Grégoire, vice-présidente de la commission des finances de l'Assemblée, prédisait "plusieurs milliards" de "concessions" du gouvernement.

L'opposition attend elle aussi une initiative. La gauche lui demande de retirer sa réforme lors de ses voeux. La droite, par la voix du président du groupe des députés LR à l'Assemblée Damien Abad, réclame "des clarifications" et insiste sur la prise en compte de la pénibilité, possible levier des négociations.

"Le 31 décembre, le président va s'engager à poursuivre son combat, rester au-dessus de la mêlée et laisser faire son gouvernement. C'est une stratégie de pourrissement" d'ici la reprise des pourparlers, pronostique Damien Albessard, conseiller en communication.

ats, afp

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