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Le Valais en retard en matière d'égalité

Les femmes peinent à trouver leur place dans les instances politiques en Valais. Depuis une décennie, la proportion d'élues stagne, tant au niveau cantonal qu'au niveau communal. L'égalité reste souvent en voeu pieux. En Suisse romande, le Valais est dernier de classe (archives). © KEYSTONE/GAETAN BALLY
Les femmes peinent à trouver leur place dans les instances politiques en Valais. Depuis une décennie, la proportion d'élues stagne, tant au niveau cantonal qu'au niveau communal. L'égalité reste souvent en voeu pieux. En Suisse romande, le Valais est dernier de classe (archives). © KEYSTONE/GAETAN BALLY


Publié le 09.01.2018


Les femmes peinent à trouver leur place dans les instances politiques en Valais. Depuis une décennie, la proportion d'élues stagne, tant au niveau cantonal qu'au niveau communal. En Suisse romande, le Valais est dernier de classe.

Le Valais reste plus attaché à une vision traditionnelle des rôles de l'homme et de la femme, constate la cheffe de l'office cantonal de l'égalité et de la famille Isabelle Darbellay Métrailler. Mais cette image n'explique qu'en partie une moindre implication des femmes en politique.

Toutes n'osent pas se mettre en avant. Les stéréotypes sur la place de chacun sont toujours présents. "C'est plus compliqué pour une femme de revendiquer", estime Mme Darbellay Métrailler.

Même si les femmes valaisannes travaillent, autant que les femmes suisses, "elles assument aujourd'hui encore une grande partie de la charge familiale". Isabelle Darbellay Métrailler y voit un obstacle supplémentaire à l'engagement politique.

La proportion stagne

Les statistiques ne plaident pas en faveur d'une amélioration: la proportion de femmes dans les exécutifs communaux ne progresse plus depuis dix ans. Et la situation est semblable au Grand Conseil, où le compteur de la proportion de femmes est resté bloqué sur 20%.

La cheffe de l'office de l'égalité n'a pas de recette miracle. Mais elle estime que les partis politiques ont un rôle à jouer en vue d'atteindre l'équilibre. Ils doivent intégrer davantage de femmes dans toutes les structures.

A gauche, les femmes sont déjà bien présentes. C'est plutôt à droite que le bât blesse. Et pourtant ce n'est pas faute d'essayer, répondent les présidents de partis. Le PDC se veut même exemplaire, dit le président de la section du Valais romand Serge Métrailler, qui ne conteste pourtant pas les difficultés.

Au conseil national, le PDC valaisan affiche la parité: deux hommes et deux femmes. Au niveau communal, sept des 60 communes du Valais romand sont présidées par des femmes, dont six PDC. Le comité du parti est composé de trois femmes - sur treize membres - et la secrétaire générale est une femme, relève M. Métrailler.

Un monde de brutes

Au-delà des chiffres, Serge Métrailler constate que l'engagement féminin est difficile. La femme se demande toujours si elle est capable d'occuper la fonction. Sa démarche est plus réfléchie avant de s'engager, l'homme se montrant plus instinctif.

En Valais, la politique est très passionnelle, elle est assez dure, "peut-être trop", dit M. Métrailler. Et surtout, le travail dans un parti est souvent ingrat. Il s'agit de bénévolat, il faut s'afficher politiquement. "En entrant dans un parti, on sait qu'on va déplaire", estime M. Métrailler.

Mais le changement est bien réel, selon lui. De plus en plus de femmes sont au bénéfice de formations académiques qu'elles veulent exploiter. Mais c'est la carrière professionnelle qui prend de l'ampleur, moins l'engagement politique. Même si on encourage l'équilibre, la parité est souvent un voeu pieux, remarque M. Métrailler.

De l'espoir

Le PLR connaît les mêmes vicissitudes, à en croire son président René Constantin. Il affirme que le manque de femmes est un souci et que l'engagement féminin est une priorité pour son parti. Mais il constate aussi que la politique est un milieu "sournois" qui déplaît, surtout aux femmes.

Les enjeux sociétaux toujours plus marqués peuvent changer la donne. M. Constantin estime qu'ils créent un appel d'air et que ces thématiques intéressent aussi les femmes. Le président du PLR valaisan en est certain, "on va vers une amélioration".

Quant à l'UDC valaisanne, elle ne peut que tirer un constat d'échec. Mais ce n'est pas faute d'essayer, précise le co-président du parti Jérôme Desmeules. Listes femmes, création d'une section femmes, mise en avant des femmes sur les listes: rien n'y a fait, elles n'en ont pas voulu.

Le parti se défend de vouloir exclure les femmes. "Si des gens ont des compétences, on les accueille, sans distinction de sexe", assure M. Desmeules. Le bénévolat du travail sur le terrain et la rudesse du monde politique constituent des obstacles majeurs. "Il est difficile de trouver des femmes prêtes à donner des coups et à en recevoir. Elles sont plus dans le consensus", estime M. Desmeules.

Lente amélioration

L'esprit féminin plus consensuel est un aspect sur lequel l'office de l'égalité veut travailler davantage. "Il est frappant de voir à quel point les femmes peuvent tisser des liens au-delà des partis", constate Isabelle Darbellay Métrailler.

L'office de l'égalité poursuivra ses efforts pour mettre le pied des femmes à l'étrier de la politique. De rencontres en discussions, Isabelle Darbellay Métrailler croit en une "politique des petits pas", même si "c'est évident, ça ne va pas assez vite".

ats

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