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Le vote écologiste séduit en Europe sur fond d'inquiétudes

Derrière la montée en puissance des mouvements populistes, les écologistes semblent aussi séduire les électeurs européens. © KEYSTONE/MELANIE DUCHENE
Derrière la montée en puissance des mouvements populistes, les écologistes semblent aussi séduire les électeurs européens. © KEYSTONE/MELANIE DUCHENE


Publié le 15.10.2018


Les votes de la Bavière, de la Belgique et du Luxembourg ont débouché sur un "dimanche vert". Derrière la montée en puissance des mouvements populistes, les écologistes semblent aussi séduire les électeurs européens.

"L'urgence écologique apparaît de plus en plus forte et nous apportons des réponses crédibles, réalistes", affirme à l'AFP Philippe Lamberts, coprésident des Verts au Parlement européen. Pour lui, ces succès sont de bon augure à sept mois des élections européennes.

Il faisait 24 degrés dimanche en Belgique, un record absolu pour un 14 octobre, et dans l'actualité récente la question climatique a été "très présente", poursuit cet élu belge. Il a ensuite cité la démission de Nicolas Hulot du gouvernement français et le rapport alarmant du Giec, les experts climat de l'Onu.

Dimanche, dans le Land allemand de Bavière, les Verts ont décroché la 2e place du vote régional avec 17,8%. Ils ont ainsi empêché les conservateurs de la CSU de rester majoritaires dans leur bastion.

En Belgique, Ecolo-Groen est devenu le second parti de Bruxelles derrière le PS. Il va désormais compter une dizaine de bourgmestres (maires) en secteur francophone, dont trois dans l'agglomération de la capitale.

La Chambre des députés au Luxembourg va elle compter neuf élus écologistes au lieu de six jusqu'à présent. Dans le même temps, les trois grands partis traditionnels ont tous vu leurs résultats se tasser.

Verts: électeurs des deux camps

Dans chacun des trois pays, les Verts semblent avoir attiré des électeurs venus à la fois des camps socialiste et conservateur, selon les premières analyses.

Au Luxembourg, où ils participent à la coalition au pouvoir depuis 2013, les écologistes n'ont pas seulement parlé mobilité et aménagement du territoire en campagne. Ils ont "déplacé leur discours" vers des thèmes généralement chers à la droite comme la sécurité, explique le politologue Philippe Poirier.

En Bavière, fait valoir de son côté Gero Neugebauer, de l'université libre de Berlin, "les Verts ont réussi à attirer des électeurs CSU par leurs idées de protection de l'environnement et leur volonté de ne pas fermer la porte aux migrants, ce qui a eu une résonance dans ce Land où la charité chrétienne est encore forte".

Le parti écologiste a aussi profité des "faiblesses programmatiques" des sociaux-démocrates allemands du SPD, ajoute cet expert. Ce que d'autres traduisent par "une perte de boussole", jugée être le lot de toute la social-démocratie européenne.

'Usés par le pouvoir'

"Entre son ralliement au consensus de la pensée unique néo-libérale et la pression reçue de la gauche radicale pour réintégrer ses fondamentaux, la sociale-démocratie européenne est perdue, on le voit bien", lance Philippe Lamberts. Selon lui, "c'est un navire sans capitaine et surtout sans gouverne".

En Flandre, la partie néerlandophone de la Belgique, les socialistes du SP.A représentent désormais tout juste 10% de l'électorat. Ecolo-Groen leur a ravi dimanche la place de premier parti de gauche, dans une région bien ancrée à droite.

Une série de scandales de gouvernance et l'image de politiciens "usés par le pouvoir" ont aussi joué en défaveur des socialistes belges, relève Dave Sinardet, professeur de sciences politiques à Bruxelles.

Une situation dont les libéraux n'ont pas su profiter, ce qui a donné le sentiment d'un vote sanctionnant tous les partis traditionnels.

A l'approche des européennes de mai 2019, les Verts doivent toutefois "éviter tout triomphalisme", met en garde M. Lamberts. Car la percée de dimanche est intervenue dans des pays européens prospères où les écologistes sont présents depuis des décennies. "Nous n'avons pas une implantation aussi forte en Europe du Sud et en Europe centrale et orientale", souligne l'eurodéputé.

ats, afp

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