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Législatives en Iran: conservateurs favoris

Des Iraniens font la queue pour voter à Téhéran. © KEYSTONE/AP/Vahid Salemi
Des Iraniens font la queue pour voter à Téhéran. © KEYSTONE/AP/Vahid Salemi
Des votants s'enregistrent pour glisser leur bulletion dans l'urne à Téhéran. © KEYSTONE/AP/Ebrahim Noroozi
Des votants s'enregistrent pour glisser leur bulletion dans l'urne à Téhéran. © KEYSTONE/AP/Ebrahim Noroozi
Des votants s'enregistrent pour glisser leur bulletion dans l'urne à Téhéran. © KEYSTONE/AP/Ebrahim Noroozi
Des votants s'enregistrent pour glisser leur bulletion dans l'urne à Téhéran. © KEYSTONE/AP/Ebrahim Noroozi


Publié le 21.02.2020


L'Iran a voté vendredi pour élire ses députés lors d'un scrutin marqué par un faible empressement des électeurs. Il devrait consacrer le renforcement des conservateurs après la disqualification massive de candidats réformateurs et modérés.

Le scrutin a été officiellement clos à minuit (21h30 heure suisse) après pas moins de cinq prolongations successives afin de permettre à un maximum d'électeurs d'accomplir ce que le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a qualifié avant l'élection de devoir non pas seulement civique, mais aussi "religieux".

Selon l'agence Fars, proche des ultraconservateurs, la participation se situait autour de 40% à 18h00, l'heure à laquelle les bureaux de votes auraient dû fermer initialement. Le taux de participation final officiel ne devrait être annoncé que samedi, et les résultats définitifs ne devraient pas être connus avant dimanche.

Les autorités ont annoncé que les écoles seraient fermées samedi dans des dizaines de grandes villes pour permettre les opérations de dépouillement.

Depuis 40 ans, la participation aux législatives a toujours été supérieure à 50%, selon le ministère de l'Intérieur. A Téhéran, de longues queues ont été observées le matin devant des bureaux des quartiers sud, acquis aux conservateurs, contrastant avec le nord de la ville, où l'engouement était nettement moindre.

"Pas d'emplois"

Les 290 députés de la onzième législature à sortir des urnes depuis la révolution islamique de 1979 commenceront leur travail alors que l'Iran traverse une violente récession et dans un contexte de tensions exacerbées entre Téhéran et Washington.

Les élections se sont ainsi déroulées près d'un mois et demi après que les forces armées iraniennes eurent annoncé avoir abattu "par erreur" un avion de ligne ukrainien.

L'aveu tardif des autorités de leur responsabilité dans ce drame avait provoqué des manifestations limitées, faisant voler en éclats l'apparence d'unité nationale manifestée à l'occasion des funérailles du général iranien Qassem Soleimani, assassiné par Washington en Irak le 3 janvier.

A Téhéran, Bahador Marzpour, étudiant qui n'a pas été voter, dit qu'il n'y a "pas d'emplois pour les jeunes" et reproche aux politiciens de "faire des promesses qu'ils ne tiennent pas". Mais dans un bureau de vote du nord de la capitale, Mohsen Jallali, employé de 37 ans, assure que sa participation permet de "montrer à l'Amérique que nous soutenons pleinement" l'ayatollah Khamenei.

Réformateurs disqualifiés

La disqualification de milliers de candidats réformateurs et modérés réduit pratiquement le scrutin à un affrontement entre conservateurs et ultraconservateurs.

En fonction des résultats, la plus ou moins grande représentation des ultras dans la future Assemblée, déterminera la marge de manoeuvre qui restera au président Rohani jusqu'à la fin de son mandat en 2021, et pourrait influer sur la poursuite de sa politique extérieure d'ouverture.

Car les ultraconservateurs sont opposés à toute négociation avec l'Occident et sont impatients de sortir de l'accord international sur le nucléaire iranien, dénoncé unilatéralement par le président américain Donald Trump en 2018.

Le président Rohani voyait dans cet pacte conclu en 2015 à Vienne l'espoir d'une ère de prospérité pour l'Iran. Au lieu de cela, le retour des sanctions américaines a plongé son pays dans une violente récession.

Le Gafi rétablit les sanctions

Et le Groupe d'action financière (Gafi) a administré vendredi un nouveau coup susceptible de nuire encore davantage à l'économie iranienne.

Cet organisme coordonnant les efforts internationaux de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme a annoncé avoir rétabli toutes ses sanctions contre l'Iran en reprochant à Téhéran de ne pas avoir pris les mesures attendues d'elle dans ces domaines.

Après les disqualifications massives de candidats, les Etats-Unis ont accusé jeudi le Conseil des Gardiens, responsable du contrôle des élections, de "manipulation" du scrutin et annoncé des sanctions - surtout symboliques - contre cinq de ses membres responsables.

ats, afp

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