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Législatives hongroises: Orban remporte un troisième mandat

Viktor Orban a déjà été premier ministre trois fois, les deux derniers mandats se succédant en 2010 et 2014. © KEYSTONE/AP/DARKO VOJINOVIC
Viktor Orban a déjà été premier ministre trois fois, les deux derniers mandats se succédant en 2010 et 2014. © KEYSTONE/AP/DARKO VOJINOVIC


Publié le 09.04.2018


Le dirigeant national conservateur Viktor Orban a remporté dimanche ses troisièmes législatives d'affilée en Hongrie. Son parti, le Fidesz, est bien parti pour conserver sa majorité des deux tiers au Parlement, selon les projections de la commission électorale.

Le premier ministre hongrois sortant, tenant en Europe d'une ligne dure sur l'immigration, qui s'est présenté pendant la campagne électorale comme le garant des valeurs chrétiennes de son pays face à un afflux supposé de musulmans, a aussitôt revendiqué une victoire qui va lui permettre de "défendre la Hongrie".

"Nous avons gagné!", a clamé Viktor Orban devant une foule de partisans en liesse à Budapest. "La Hongrie a remporté une grande victoire", a-t-il ajouté en se félicitant du fait que le taux de participation élevé a "effacé tous les doutes". Ce dernier a atteint 69,26%, soit davantage que lors des trois précédents scrutins.

Majorité des deux tiers

Après le dépouillement de plus de 95% des bulletins, le Fidesz recueillait 48,9% des voix, selon le bureau national électoral. Ce score supérieur de quatre points à celui réalisé il y a quatre ans, doit permettre à M. Orban de décrocher une nouvelle fois une majorité des deux tiers au Parlement, avec 133 députés sur 199.

Premier parti d'opposition, la formation nationaliste Jobbik arrive à la deuxième place avec 19,8% des voix. Le président du parti d'extrême droite, Gabor Vona, a annoncé sa démission après ce score décevant.

Suivent les socialistes du MSZP, qui sont aussi en recul, à 12,4%. Leur président a également remis sa démission. Enfin, la formation écologiste LMP ne recueille que 6,9% des suffrages.

Les sondages pré-électoraux laissaient aussi penser que le Fidesz ne rééditerait pas ses raz-de-marée des législatives de 2010 et de 2014, même s'il était donné largement favori.

"Viktor est le seul leader possible pour la Hongrie. Ce résultat prouve que la nation le soutient. Il n'y a personne comme lui dans ce pays", s'est extasiée Eva Halasz, une électrice de 53 ans.

Icône des droites populistes

Cité en modèle par les droites populistes européennes, honni par ceux qui l'accusent de dérive autoritaire, M. Orban, 54 ans, avait indiqué avant le scrutin vouloir rendre "irréversibles" les changements qu'il a impulsés depuis son retour au pouvoir en 2010.

Admirateur revendiqué du président russe Vladimir Poutine, chantre d'une démocratie "illibérale" et fer de lance de la lutte contre l'immigration en Europe, M. Orban a, depuis 2010, assumé un style de gouvernement limitant certaines libertés au nom de l'"intérêt national", avec une reprise en main de l'économie, des médias et de la justice à la clé.

Défenseur autoproclamé d'une "Europe chrétienne", M. Orban s'est également distingué par une rhétorique xénophobe et par une campagne contre le financier américain George Soros. Il l'a notamment accusé d'orchestrer une immigration de masse en Europe.

Au cours de sa campagne, le dirigeant n'a cessé d'agiter le spectre d'une possible défaite de son camp, synonyme, selon lui, de chaos migratoire et de victoire d'"ennemis" qui "veulent déposséder" les Hongrois de leur pays.

Enorme légitimité

"Le Fidesz est parvenu à mobiliser avec efficacité dans les campagnes ces derniers jours, alors que l'opposition n'a pas été à la hauteur", estime le politologue Daniel Hegedus.

"C'est un raz-de-marée pour le Fidesz, qui donne à M. Orban une énorme légitimité en raison du taux de participation élevé, y compris au plan international", a-t-il souligné, prédisant un renforcement "des attaques contre la frange critique de la société civile".

Les élections législatives sont disputées à un seul tour. Sur les 199 députés, 106 sont élus au scrutin uninominal à un tour. Les 93 autres le sont sur la base de listes de partis ou de minorités ethniques.

Le mode de scrutin, qui a été changé en 2010, est plus favorable au parti au pouvoir face à une opposition fragmentée. Le nombre total de sièges a été ramené de 386 à 199 en 2011. Le second tour a été supprimé, ce qui prive les partis de la possibilité de conclure des alliances entre les deux tours.

Le résultat officiel complet ne sera connu qu'en cours de semaine, après le décompte de centaines de milliers de suffrages d'électeurs issus de la diaspora ainsi que des expatriés.

ats, reu, afp

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