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Léopard d'or à "A Land Imagined", un film de Singapour

Son film "A Land Imagined" a convaincu le jury, mais pas tous les spectateurs et critiques: le réalisateur Siew Hua Yeo, de Singapour, a remporté le Léopard d'or au 71e Locarno Festival. © KEYSTONE/ALEXANDRA WEY
Son film "A Land Imagined" a convaincu le jury, mais pas tous les spectateurs et critiques: le réalisateur Siew Hua Yeo, de Singapour, a remporté le Léopard d'or au 71e Locarno Festival. © KEYSTONE/ALEXANDRA WEY


Publié le 12.08.2018


Le film "A Land Imagined", du jeune réalisateur singapourien Yeo Siew Hua, a remporté le Léopard d'or au 71e Festival de Locarno. Ce polar complexe se déroule dans l'univers impitoyable des travailleurs immigrés trimant sur les gros chantiers de l'Etat insulaire.

Les Léopards ont été décernés samedi soir sur la Piazza Grande pour le meilleur film, la meilleure mise en scène ainsi que pour les meilleurs acteur et actrice. D'autres catégories ont également été primées. Le jury international était présidé par le réalisateur chinois Jia Zhang-ke.

Un prix spécial est allé au documentaire "M", de la Française Yolande Zauberman. La réalisatrice de confession juive y thématise l'abus sexuel au sein de la communauté ultraorthodoxe dans la ville israélienne de Bnei Brak.

Le Léopard pour la meilleure mise en scène a récompensé la Chilienne Dominga Sotomayor pour "Tarde para morir joven". Le film traite du passage de l'adolescence à l'âge adulte dans une colonie de marginaux en été 1990, juste après la fin de la dictature de Pinochet.

Une Roumaine meilleure actrice

La meilleure actrice est Andra Guți pour son rôle dans "Alice T". Dans ce drame roumain autour de l'adolescence, elle incarne une jeune rebelle de 17 ans dont la grossesse défie sa mère adoptive.

Le jury a désigné meilleur acteur Ki Joobong. Dans le film sud-coréen "Gangbyun Hotel", il interprète un poète fatigué de la vie. Le réalisateur de cette oeuvre doucement mélancolique est un revenant à Locarno: Hong Sangsoo avait remporté le Léopard d'or en 2015 pour "Right Now, Wrong Then".

Une mention spéciale du jury est allée au drame social britannique "Ray & Liz" de Richard Billingham. La seule contribution suisse au concours international, "Glaubenberg" de Thomas Imbach, est en revanche partie les mains vides.

Bettina Oberli récompensée

Hors concours, la réalisatrice suisse Bettina Oberli a reçu le Variety Piazza Grande Award pour "Le vent tourne", son premier film en français, tourné dans le Jura. Avec son prix de la critique, le magazine spécialisé américain Variety encourage la carrière internationale d'une oeuvre.

Le Prix du public est allé à "Blackkklansman" de Spike Lee. Cette histoire d'un détective de police noir infiltrant le Ku-Klux-Klan sera visible dans les salles obscures à la fin août déjà.

Dans la catégorie Cinéastes du présent, la Suissesse Nicole Vögele, âgée de 35 ans, se voit décerner le Prix spécial du jury pour son film documentaire "Closing Time" sur un resto de nuit de Taipei. Ce concours, le second en importance du festival, est destiné aux premières ou deuxièmes oeuvres.

Dans cette catégorie, le prix principal, un Léopard d'or, est allé à la Syrienne vivant à Vienne Sara Fattahi pour "Chaos", un film sur trois femmes syriennes qui vivent à trois endroits différents. Le meilleur réalisateur de la relève est Tarik Aktaş (Turquie) pour "Dead Horse Nebula".

Le Swatch First Feature Award, décerné à un premier long-métrage, récompense "Alles ist gut" d'Eva Trobitsch (Allemagne). Le Signs of Life Award honore "The Fragile House" de Lin Zi (Chine).

Enfin, le prix principal décerné dans le cadre de la Semaine de la critique, indépendante du festival, est allé au documentaire "Le Temps des Forêts" de François-Xavier Drouet (France).

La dernière de Carlo Chatrian

Cette 71e édition du festival était la dernière sous l'égide de Carlo Chatrian. Pour son départ, l'Italien de 46 ans a reçu en cadeau un Léopard spécial ainsi qu'un billet d'avion pour Berlin, retour compris. Ceci en allusion à sa nouvelle fonction de directeur artistique de la Berlinale après 2019.

Le président du festival Marco Solari a qualifié le directeur artistique sortant de "personnalité hors du commun", d'une grande sensibilité, intelligence et loyauté. Carlo Chatrian dirigeait le rendez-vous tessinois depuis six ans. Le public l'a chaleureusement applaudi sur la Piazza Grande.

"Où l'on dessine le futur"

Cité dans le communiqué final, Carlo Chatrian estime que cette édition a été "riche et diversifiée, dans la tradition d’un festival qui n’a pas peur d’approcher des extrêmes et d’unir réflexion et sourire".

Pour lui, "les films primés racontent un monde où l’homme n’est pas encore la mesure de toutes choses. Avec 12 femmes primées - dont deux réalisatrices suisses - sur 25 récompenses, la 71e édition a confirmé que Locarno est un festival où l’on dessine le futur".

ats

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