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Sahara occidental: résultat minimal à Genève mais suite du dialogue

L'émissaire de l'ONU et ancien président allemand Horst Köhler estime qu'une "paix est possible" au Sahara occidental. © KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI
L'émissaire de l'ONU et ancien président allemand Horst Köhler estime qu'une "paix est possible" au Sahara occidental. © KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI
L'émissaire de l'ONU et ancien président allemand Horst Köhler estime qu'une "solution pacifique est possible" au Sahara occidental. © KEYSTONE/EPA KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI
L'émissaire de l'ONU et ancien président allemand Horst Köhler estime qu'une "solution pacifique est possible" au Sahara occidental. © KEYSTONE/EPA KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI


Publié le 06.12.2018


La première réunion sur le Sahara occidental depuis 2012 a abouti à un résultat minimal. Les parties se retrouveront début 2019 mais ont campé jeudi à Genève sur leurs positions devant la presse. Le Front Polisario reste prudent et cible l'attitude l'UE avec Rabat.

Toutes les parties prenantes étaient présentes pour la première fois. "Je reste convaincu qu'une solution pacifique est possible", a affirmé l'émissaire de l'ONU Horst Köhler au terme de deux jours d'une table ronde réunissant le Maroc, l'Algérie, la Mauritanie et le Front Polisario.

Il a vu "un premier pas, mais important, vers la reprise d'un processus politique". Soutenu face au Maroc par l'Algérie, le Front Polisario indépendantiste réclame un référendum d'autodétermination pour le Sahara occidental, une étendue désertique, seul territoire de l'Afrique au statut post-colonial non réglé.

Selon l'ancien président allemand, qui a remercié la Suisse pour son soutien, "personne ne gagne au maintien de la situation actuelle" et "c'est dans l'intérêt de tous de trouver une solution". Dans leur communiqué final, les parties reconnaissent que la collaboration et l'intégration régionale, "pas la confrontation", "est le meilleur moyen de répondre aux nombreux défis" de cette zone.

Pour autant, devant la presse, le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourati a expliqué la position de son pays. Il répète qu'un référendum ne fait plus partie des scénarios sur la table dans la dernière résolution de l'ONU. Selon Rabat, son initiative d'autonomie élargie lancée en 2007 reste "pragmatique" et "crédible" comme le souhaite le Conseil de sécurité.

Front Polisario "prudent"

Face au gouvernement marocain, le président du Parlement sahraoui Kathri Addouh a également campé sur ses positions. Le Front Polisario "ne peut décider à la place" de la population et maintient tous les scénarios ouverts.

Sans en faire une condition de participation à la seconde table ronde attendue dans les premiers mois de 2019, M. Addouh a regretté l'absence de dialogue du Maroc à Genève sur ses propositions pour établir de la confiance entre les deux parties. Cette attitude rend le Front Polisario "prudent" avant la prochaine réunion. Mais M. Addouh déplore l'attitude de l'UE qui renégocie avec le Maroc des accords de pêche sur le Sahara occidental.

Cette première rencontre aura abouti à "un résultat minimal", a dit à Keystone-ATS une source diplomatique. "Il était compliqué" jusqu'à mercredi de réussir à faire asseoir tout le monde autour de la même table et les parties ont évité entre elles d'entrer dans le contenu.

D'autant plus que le Maroc accueille lundi et mardi une part importante de la communauté internationale, mais pas la Suisse, pour l'approbation du Pacte mondial sur les migrations. En revanche, la situation sera plus difficile si aucune avancée sur le contenu n'est observée lors de la seconde réunion, selon la source diplomatique.

Appel lancé par des ONG à Genève

Les dernières négociations directes s'étaient achevées en 2012 sur des divisions liées au statut du territoire et au corps électoral pour un référendum.

Rabat avait pris dès 1975 le contrôle de la majeure partie du Sahara occidental au départ de la puissance coloniale espagnole. Le Polisario, qui luttait contre la domination espagnole, y a proclamé en 1976 une République arabe sahraouie démocratique et combattu les troupes marocaines, jusqu'à un cessez-le-feu conclu en 1991 sous l'égide de l'ONU. Alors émissaire de l'ONU, le Suisse Johannes Manz, avait ensuite démissionné pour protester contre les nouveaux critères pour le corps électoral.

Il y a quelques semaines, une membre du Comité suisse de soutien au peuple sahraoui avait souhaité à Genève que le droit international soit honoré. "Nous devrions repartir de cette situation qui est claire", a-t-elle dit. Un groupe de Genève de près de 180 ONG pour la protection des droits de l'homme au Sahara occidental s'était lui dit dans une lettre ouverte "inquiet" sur la volonté marocaine de discuter.

ats

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