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Les Britanniques résistent à la déprime liée au Brexit

Les ventes au détail ont ainsi bondi de 1,1% en mars sur un mois. Ce chiffre favorable a surpris les économistes, qui anticipaient un repli de 0,3% d'après un consensus établi par Bloomberg (archives). © KEYSTONE/EPA/ANDY RAIN
Les ventes au détail ont ainsi bondi de 1,1% en mars sur un mois. Ce chiffre favorable a surpris les économistes, qui anticipaient un repli de 0,3% d'après un consensus établi par Bloomberg (archives). © KEYSTONE/EPA/ANDY RAIN


Publié le 18.04.2019


Les ventes au détail ont bondi en mars au Royaume-Uni et résisté au climat de déprime politique autour du mélodrame du Brexit. Le bond pourrait permettre à l'économie britannique d'afficher une bonne croissance au premier trimestre 2019.

Des données publiées jeudi par l'Office des statistiques nationales (ONS) ont complété le podium d'une série de trois publications économiques de cet institut officiel égrenées cette semaine, et qui ont rassuré sur les fronts de l'emploi, de l'inflation et des ventes dans les commerces.

Les ventes au détail ont ainsi bondi de 1,1% en mars sur un mois, a annoncé jeudi l'ONS. Ce chiffre favorable a surpris les économistes, qui anticipaient un repli de 0,3% d'après un consensus établi par Bloomberg. Lors de l'ensemble du premier trimestre, ces ventes ont grimpé de 1,6% en comparaison de celles du quatrième trimestre 2018, a ajouté l'institut de statistiques.

En mars, la croissance des ventes au détail a été constatée tant dans les magasins alimentaires que dans les autres types de commerce. Cette performance de la consommation est d'autant plus remarquable que le mois de mars a été particulièrement agité sur le front du Brexit, les médias évoquant au quotidien et à foison le moindre développement de ce feuilleton devenu mélodrame.

Brexit reporté

Le moral des consommateurs s'est d'ailleurs dégradé de façon notable ces derniers mois. Le pays a même évité de justesse un Brexit abrupt et sans accord, un scénario présenté comme un désastre économique par les milieux d'affaires et la majorité de la classe politique.

Initialement prévu le 29 mars, le Brexit a toutefois été reporté avec l'accord des dirigeants de l'UE pour éviter un divorce acrimonieux et permettre au Parlement britannique de trouver un compromis sur les conditions du départ. Il est désormais prévu pour le 31 octobre.

"Les ménages ont défié la morosité autour du Brexit", s'est exclamé Pablo Shah, économiste au Centre for Economics and Business Research.

Facteurs temporaires

"Une partie de la hausse de mars a peut-être reflété des facteurs temporaires", a nuancé Ruth Gregory, analyste pour Capital Economics. "Le bond des ventes alimentaires s'explique ainsi peut-être par la constitution de stocks avant le Brexit prévu initialement le 29 mars. Et la hausse des ventes de vêtements pourrait être causée par un mois de mars anormalement doux. Au-delà, la croissance des ventes n'en est pas moins importante", a-t-elle ajouté.

Cette publication boucle une semaine marquée par d'autres indicateurs officiels favorables. Mardi, l'ONS a estimé que le taux de chômage s'était maintenu à 3,9% lors des trois mois achevés fin février, son plus bas niveau depuis début 1975, et que les salaires avaient au même moment bondi de 3,5% sur un an.

Mercredi, l'institut de statistiques a publié un taux d'inflation de 1,9% au Royaume-Uni en mars sur un an, un niveau stable qui permet au pouvoir d'achat des ménages de progresser et à la Banque d'Angleterre de maintenir une politique monétaire accommodante.

Le tout est de bon augure pour la croissance du produit intérieur brut du pays. Après avoir constaté que les ventes au détail avaient "écrasé toutes les attentes", Howard Archer, économiste à l'EY Item Club, prévoit que le PIB pourrait avoir grimpé de 0,4% voire de 0,5% au premier trimestre par rapport à celui du quatrième trimestre 2018. L'ONS publiera sa première estimation le 10 mai.

Prudence de mise

Pour le reste de l'année, les analystes se montrent toutefois prudents, gardant à l'esprit l'inquiétude des entreprises face aux incertitudes autour des modalités du Brexit - désormais prolongées jusqu'à cet automne.

Le FMI ne prévoit par exemple qu'une hausse de 1,2% du PIB britannique pour l'ensemble de 2019 sur fond d'hésitation des entreprises à investir dans ce brouillard. Les économistes indépendants sondés par le Trésor britannique anticipent pour leur part 1,3% de croissance, d'après une étude officielle publiée mercredi.

ats, awp, afp

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