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Les délégués houthis en Suède pour négocier la paix yéménite

La délégation des rebelles chiites houthis a pris place dans un avion fourni par le gouvernement koweïtien. © KEYSTONE/EPA/YAHYA ARHAB
La délégation des rebelles chiites houthis a pris place dans un avion fourni par le gouvernement koweïtien. © KEYSTONE/EPA/YAHYA ARHAB


Publié le 05.12.2018


La délégation dépêchée par les rebelles chiites houthis est arrivée mardi en Suède pour la reprise des pourparlers de paix yéménites, sur fond de pression des pays occidentaux. Une délégation gouvernementale devait les rejoindre dans la journée.

L'émissaire des Nations unies Martin Griffiths, qui s'est rendu lundi à Sanaa, a accompagné la délégation à bord de l'avion qui a été fourni par le gouvernement koweïtien. "Griffiths a tenu parole", s'est félicité Abdelmeguid Hanache, l'un des membres de la délégation.

"Nous sommes certains qu'il a mis en place un cadre général pour les négociations en vue de la poursuite du processus politique", a-t-il ajouté. Et d'évoquer les mesures de restauration de la confiance, telles que l'évacuation de blessés et l'échange de prisonniers.

Une coalition de pays arabes formée à l'initiative de l'Arabie saoudite intervient depuis mars 2015 dans le conflit yéménite contre les miliciens houthis pour rétablir le président Abd-Rabbo Mansour Hadi dans ses fonctions. La délégation gouvernementale yéménite a, elle, quitté tôt mercredi la capitale saoudienne Ryad pour la Suède, ont indiqué deux sources proches de cette délégation.

La délégation gouvernementale yéménite, forte de 12 membres, est conduite par le ministre des Affaires étrangères Khaled al-Yemani, a précisé une source proche de cette délégation. L'ONU n'a toutefois pas officiellement annoncé la date du début des pourparlers.

"Occasion cruciale"

Les précédents pourparlers, qui auraient dû se tenir à Genève en septembre, ont tourné court, la délégation des Houthis ne s'étant pas présentée.

Les belligérants devraient se retrouver autour de la table dès mercredi, en Suède, pour évoquer les mesures de restauration de la confiance et la mise sur pied d'une instance gouvernementale de transition. L'Iran, qui soutient les Houthis, s'est dit favorable à ces pourparlers.

Quant aux Emirats arabes unis (EAU), ils ont fait savoir mardi via leur ministre des Affaires étrangères, Anouar Gargach, que les pourparlers en Suède représentaient une "occasion cruciale".

L'affaire Khashoggi

Les discussions porteront avant tout sur la réouverture de l'aéroport de Sanaa et sur un échange de prisonniers, de même que sur l'instauration d'une trêve dans la ville portuaire d'Hodeïda, par où transite l'aide extérieure pour des millions de Yéménites. Le ministère suédois des Affaires étrangères n'a pas encore annoncé où se tiendrait la rencontre.

Le tollé suscité dans le monde entier par le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat d'Arabie à Istanbul a braqué les projecteurs sur les opérations saoudiennes dans la région. Cette affaire donne aux puissances occidentales, qui fournissent des armes et des renseignements à la coalition, plus de moyens de pression pour obtenir des concessions de la part de Ryad.

L'Allemagne, le Danemark et la Suède ont suspendu leurs exportations d'armes vers l'Arabie saoudite en raison du meurtre de Jamal Khashoggi et du conflit yéménite. Les Etats-Unis ont cessé de ravitailler les avions de combat de la coalition arabe.

Aide pour soutenir le rial

Le conflit yéménite, qui en 2016 déjà avait fait plus de 10.000 morts, place aujourd'hui plus de huit millions de Yéménite au bord de la famine, et les Nations unies ont averti que ce chiffre risquait de passer à 14 millions. Les trois quarts de la population, soit 22 millions d'habitants, dépendent de l'aide internationale.

Mark Lowcock, secrétaire général adjoint des Nations unies aux affaires humanitaires, a déclaré mardi que le gouvernement yéménite aurait besoin de plusieurs milliards de dollars d'aide pour financer son budget 2019 et éviter un nouvel effondrement de la devise nationale, le rial, en plus des quatre milliards de dollars (3,5 milliards d'euros) qui, selon l'Onu, sont nécessaires pour l'aide proprement dite à la population yéménite.

Les revenus pétroliers du Yémen, principale source de revenus de l'Etat, ont chuté de 85%, ne s'élevant plus désormais qu'à deux milliards de dollars (1,75 milliard d'euros).

ats, reu

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