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Les entreprises énergétiques ont produit plus de CO2

Axpo (ici la centrale de Beznau I) est l'entreprise suisse qui a produit le plus de déchets nucléaires l'an passé (archives). © Keystone/ENNIO LEANZA
Axpo (ici la centrale de Beznau I) est l'entreprise suisse qui a produit le plus de déchets nucléaires l'an passé (archives). © Keystone/ENNIO LEANZA


Publié le 27.07.2018


Les émissions de CO2 des quatre plus grandes entreprises énergétiques suisses ont augmenté de plus d'un cinquième en 2017. Plus de deux tiers de leur électricité proviennent de sources fossiles et nucléaires, selon une étude de la Fondation Suisse de l'Energie.

L'énergie éolienne représentait l'an passé 3,7% de la production totale d'Alpiq, Axpo, BKW et Repower, explique vendredi la Fondation Suisse de l'Energie (SES) dans un communiqué. Avec 0,1%, la part du solaire est "presque entièrement négligeable".

Les autres sources d'énergie renouvelables telles que la biomasse (0,2%) et la petite hydraulique (0,5%) se font également rares dans les portefeuilles des quatre plus grandes entreprises énergétiques du pays. En tout, près d'un tiers de la production d'électricité est issu des énergies renouvelables, principalement de l'hydraulique (26,5%).

A l'inverse, 41,3% de l'électricité produite par ces quatre firmes provenaient du nucléaire, 27,8% de centrales à gaz ou au charbon. Leur mix de production était ainsi nettement plus "sale" que celui du pays, souligne la SES. A l'échelle nationale, la production d'électricité est constituée à 60% par l'hydraulique. Le nucléaire se situe à 32%.

Alors que les centrales hydrauliques d'Alpiq, Axpo, BKW et Repower se trouvent toutes en Suisse, leur courant issu du nucléaire est produit également en France, environ pour moitié. Les centrales à gaz se situent en Italie; les installations éoliennes en Allemagne et en Italie.

Hausse des émissions de CO2

En raison de cette dépendance aux énergies fossiles et nucléaire, plusieurs événements non prévus - l'arrêt de centrales nucléaires françaises, des prix de l'électricité élevés à l'étranger ou des températures estivales élevées en Italie - ont été principalement compensés avec du gaz ou du charbon.

Conséquence: les émissions de CO2 par kilowattheure de ces quatre entreprises ont pris l'ascenseur. C'est Alpiq qui a rejeté le plus de gaz à effet de serre l'an passé avec une production plus importante d'électricité issue du gaz et sa centrale au charbon en République tchèque, qui fournit à elle seule près de 14% de l'électricité.

Vient ensuite Repower et ses centrales à gaz à l'étranger. En raison de la hausse de la production d'électricité issue de cette source, Repower a presque doublé l'an passé ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 2016. BKW, qui a eu davantage recours au gaz et au charbon, a dû céder la première place à Axpo, explique l'étude. Cette dernière a toutefois aussi augmenté sa part d'énergies fossiles l'an passé.

Déchets nucléaires

En terme de déchets nucléaires, c'est Axpo qui tient le haut du classement avec 28 millimètres cube (mm3) par kilowattheure (kWh). Cela est dû à sa part élevée d'électricité nucléaire, près de 50%. Suivent BKW avec 23 mm3 par kWh, puis Alpiq (16 mm3/kWh). Loin derrière, Repower ferme la marche (5 mm3/kWh).

Des quatre gros producteurs, seule Axpo est parvenue à réduire sa part d'électricité polluante. Cela est avant tout dû à l'arrêt des centrales de Beznau I et de Leibstadt qui a entraîné à une baisse de l'électricité nucléaire, précise l'étude.

Contraire aux objectifs climatiques

Cette évolution va à l'encontre des objectifs du tournant énergétique, critique Moritz Bandhauer, chef de projet à la Fondation Suisse de l'Energie, cité dans le communiqué. Etant donné l'interdiction de construire de nouvelles centrales, la sortie de l'atome n'est qu'une question de temps. De plus, avec l'adoption de l'Accord de Paris, des efforts accrus sont nécessaires pour trouver rapidement une alternative aux énergies fossiles.

Afin que le courant produit par les centrales vieillissantes ne soit pas simplement remplacé celui, relativement bon marché, issu d'énergies fossiles, il est urgent d'investir davantage dans les énergies renouvelables. Cela vaut aussi pour la Suisse.

Pour M. Bandhauer, cela n'est pas seulement la responsabilité des fournisseurs d'énergie, mais aussi celle des politiciens. Le tournant énergétique ne pourra être réalisé qu'avec un nouveau modèle de marché de l'électricité dans lequel les énergies renouvelables seraient favorisées.

ats

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