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Les Genevois revotent sur l'ouverture dominicale des commerces

Les Genevois devront à nouveau dire le 19 mai s'ils souhaitent faire les magasins trois dimanches par année (photo d'illustration). © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI
Les Genevois devront à nouveau dire le 19 mai s'ils souhaitent faire les magasins trois dimanches par année (photo d'illustration). © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI


Publié le 19.04.2019


Les Genevois doivent à nouveau se prononcer sur l'ouverture dominicale des commerces. Deux ans et demi après une première votation sur le sujet, ils diront le 19 mai s'ils veulent faire les magasins trois dimanches par année pour une période expérimentale de deux ans.

Les citoyens genevois ont déjà accepté, en novembre 2016, l'ouverture des magasins trois dimanches par an. Cette mesure était toutefois conditionnée à l'existence d'une convention collective de travail (CCT) étendue dans le secteur. Or cette CCT n'a jamais vu le jour, les partenaires sociaux ne parvenant pas à s'entendre.

Pour débloquer la situation, la majorité de droite du Grand Conseil a fait passer une nouvelle loi en septembre dernier pour autoriser ces trois ouvertures dominicales, même en l'absence de CCT. Dénonçant un coup de force, la gauche et les syndicats ont alors lancé un référendum.

"Les Genevois l'ont dit clairement en 2016: ils veulent une protection des salariés en contrepartie d'une ouverture le dimanche. Nous pensions que le message avait été clair, mais ce n'est apparemment pas le cas pour tous", regrette Davide De Filippo, secrétaire syndical du SIT, interrogé par Keystone-ATS.

Volontariat

Les syndicats exigent des compensations pour le travail dominical. "Nous voulons une protection contre la flexibilisation du travail, une pratique qui nuit gravement aux employés. Cela passe par une CCT", affirme M. De Filippo.

Selon Jacques Béné, l'un des auteurs du projet de loi, les travailleurs ne seront "aucunement sacrifiés". Le député PLR relève que des compensations existent déjà, même sans CCT. La pratique obligatoire prévue à Genève prévoit, en cas de travail un dimanche, un supplément de salaire de 100% et un jour de compensation, souligne-t-il.

"Le travail dominical doit aussi s'effectuer sur une base volontaire", ajoute M. Béné. "Au vu des compensations prévues, je pense qu'il y aura beaucoup de personnes intéressées à travailler le dimanche", estime-t-il.

Test de deux ans

Pour les défenseurs de la nouvelle loi, l'ouverture des commerces le dimanche constitue une réponse au tourisme d'achat. "Il s'agit de sauver des emplois à Genève", assure M. Béné, rappelant que les magasins sont régulièrement ouverts le dimanche en France voisine.

"Cette loi ne répond en rien à la problématique du commerce de détail genevois", rétorque M. De Filippo. "Si les gens consomment en France voisine, c'est pour une question de prix, pas d'horaire. Le vrai problème, c'est le pouvoir d'achat des salariés", remarque le syndicaliste.

M. Béné rappelle qu'il s'agit d'une loi expérimentale de deux ans, et qu'un bilan sera effectué au terme de cette période. "C'est un moyen de nous mettre devant le fait accompli. Il sera très difficile de revenir en arrière après deux ans de pratique", juge M. De Filippo.

Mieux organiser la culture

Autre sujet soumis à votation le 19 mai, l'initiative cantonale "pour une politique culturelle cohérente à Genève" fait moins débat. Ce texte vise à mieux répartir les tâches entre les communes et le canton en matière de culture. L'initiative, lancée par les milieux culturels, a été soutenue par tous les partis au Grand Conseil, à l'exception de l'UDC.

Actuellement, le canton soutient peu la création et les institutions artistiques. Ce sont les communes qui endossent cette mission. Certains projets culturels sont ainsi lésés, en particulier ceux qui visent à faire rayonner Genève au-delà de ses frontières.

ats

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