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Les manifestants de nouveau dans la rue au Liban

Les manifestants se sont notamment rassemblés à Beyrouth. © KEYSTONE/EPA/WH moa
Les manifestants se sont notamment rassemblés à Beyrouth. © KEYSTONE/EPA/WH moa


Publié le 14.01.2020


Les Libanais sont retournés dans la rue mardi pour protester contre le retard pris dans la formation d'un nouveau gouvernement et la sévère crise économique qui mine le pays. Il s'agit du 90e jour d'un mouvement de contestation sans précédent.

En soirée, des policiers munis de matraques et de boucliers ont tiré des gaz lacrymogènes et chargé les centaines de manifestants rassemblés devant la Banque centrale. Ils les ont contraints à reculer après que certains ont tenté d'entrer sur l'esplanade bouclée devant le bâtiment, a rapporté une correspondante de l'AFP.

Les contestataires ont cassé des pavés pour les lancer sur les forces de l'ordre, certains manifestants distribuant des oignons pour se protéger des gaz, selon la même source. Ils ont également cassé les façades en verre de plusieurs banques, qui cristallisent une grande partie de la colère publique notamment en raison des restrictions sur les retraits, sur fonds de crise économique.

Toute la journée à travers le pays, les manifestants ont coupé des axes routiers à l'aide de bennes à ordures et de pneus brûlés, provoquant d'épaisses volutes de fumée dans les airs.

Avec des rassemblements organisés sous le slogan "la semaine de la colère", les manifestants se sont mobilisés à Beyrouth, Tripoli (nord), Hasbaya (sud-est) ou dans le Akkar (nord). Ils exigent la formation immédiate d'un gouvernement de technocrates et dénoncent l'inertie des autorités face à la crise économique.

"Mêmes méthodes et mentalité"

Le soulèvement, lancé le 17 octobre, réclame le départ d'une classe dirigeante accusée de corruption et d'incompétence. La situation économique, déjà précaire avant le début de la contestation, s'est encore détériorée sur fond de restrictions concernant les retraits bancaires et une monnaie nationale qui a perdu près de la moitié de sa valeur sur le marché parallèle, entraînant une hausse des prix.

Depuis la démission fin octobre du Premier ministre Saad Hariri, son gouvernement chargé des affaires courantes est accusé d'inertie. Et malgré la désignation le 19 décembre de Hassan Diab, ce dernier n'a toujours pas formé son équipe ministérielle. Si la rue réclame un cabinet composé exclusivement de technocrates indépendants, les principaux partis politiques poursuivent les tractations visant à préserver leur représentation.

"Les gens attendaient de voir si une solution sérieuse allait être trouvée", explique Nour. "Quand ils ont vu que les dirigeants continuaient avec les mêmes méthodes et la même mentalité de partage des parts, ils sont redescendus dans la rue."

La journée de mardi marque une reprise de la mobilisation. Ces dernières semaines seuls des rassemblements symboliques et de moindre ampleur avaient eu lieu, notamment devant la Banque centrale et les banques commerciales, de plus en plus visées par la colère populaire.

ats, afp

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