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Les orques ménopausées dopent la survie de leurs petits-enfants

Les grands-mères orques ménopausées mènent leur groupe vers les eaux plus poissonneuses, partagent la nourriture avec les plus jeunes et feraient même du baby-sitting, selon cette étude (archives). © KEYSTONE/EPA EFE/CRISTOBAL GARCIA
Les grands-mères orques ménopausées mènent leur groupe vers les eaux plus poissonneuses, partagent la nourriture avec les plus jeunes et feraient même du baby-sitting, selon cette étude (archives). © KEYSTONE/EPA EFE/CRISTOBAL GARCIA


Publié le 10.12.2019


Les orques qui ont encore leur grand-mère maternelle survivent plus longtemps que les autres, surtout quand le poisson est rare. C'est ce que montre une étude qui ajoute une pierre à la connaissance d'un phénomène rare chez les mammifères: la ménopause.

Les orques femelles cessent de se reproduire après 30 ou 40 ans, mais vivent encore des décennies au-delà. Seules les humaines, les orques et trois autres espèces de cétacés (béluga, narval et globicéphale) connaissent la ménopause.

Une hypothèse est que cette évolution permet aux femelles post-ménopause d'aider leurs descendants, ce qui est appelé "l'effet grand-mère" chez les humains. Mais la théorie n'avait pas été observée scientifiquement chez des baleines.

"C'est le premier exemple non-humain d'un effet grand-mère chez une espèce connaissant la ménopause", explique l'auteur principal Daniel Franks, de l'université de York, à l'AFP. L'étude a été publiée dans la revue scientifique américaine PNAS.

"Cela a aussi été observé chez les éléphants, mais elles peuvent se reproduire jusqu'à la fin de leur vie", ajoute Daniel Franks. On ne sait pas expliquer pourquoi des cétacés ont la ménopause et pas les éléphantes ou autres espèces.

40 ans de données

Pour ces travaux, les scientifiques ont exploité plus de 40 ans de données de recensement sur deux groupes d'orques qui vivent au large de la côte nord-ouest des Etats-Unis et de la Colombie-Britannique au Canada.

Les chercheurs savaient identifier les individus par la forme des nageoires, les taches près de l'aileron et les diverses égratignures de leurs corps. Le sexe était révélé par la pigmentation autour des parties génitales et par la taille adulte de l'aileron. Quant aux liens familiaux, ils ont été identifiés par l'observation des groupes.

Sur 378 petits-enfants étudiés, ceux dont la grand-mère maternelle était morte dans les deux années précédentes avaient un taux de mortalité 4,5 fois supérieur aux autres dans cette période. Le lien était encore plus marqué quand le saumon était rare dans la région.

Eaux plus poissonneuses

Les scientifiques avaient déjà remarqué que les orques plus âgées menaient leur groupe vers les eaux plus poissonneuses. "On les a déjà vues partager leur nourriture avec les plus jeunes. On les soupçonne aussi de faire du baby-sitting", dit Daniel Franks.

Une hypothèse pour expliquer l'utilité de la ménopause est que cela réduit la concurrence entre mères et filles pour la reproduction. Mais cela n'expliquerait pas pourquoi les éléphantes, qui ne connaissent pas la ménopause, aident aussi leurs petits-enfants.

L'équipe va continuer ses recherches pour observer plus finement le fonctionnement des groupes des baleines, à l'aide de drones notamment.

ats, afp

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