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Les sanctions américaines contre les Européens "inacceptables"

Le président américain Donald Trump a annoncé mardi que son pays se retirait de l'accord encadrant les activités nucléaires de l'Iran. Il a réintroduit une série de sanctions visant des entreprises aussi bien américaines qu'étrangères commerçant avec l'Iran (image symbolique). © KEYSTONE/AP Pool Reuters/CARLOS BARRIA
Le président américain Donald Trump a annoncé mardi que son pays se retirait de l'accord encadrant les activités nucléaires de l'Iran. Il a réintroduit une série de sanctions visant des entreprises aussi bien américaines qu'étrangères commerçant avec l'Iran (image symbolique). © KEYSTONE/AP Pool Reuters/CARLOS BARRIA


Publié le 11.05.2018


Les sanctions réintroduites par Donald Trump contre les entreprises étrangères travaillant en Iran sont "inacceptables", a déclaré jeudi le chef de la diplomatie française. Elles doivent faire l'objet d'une négociation avec les Européens.

"Nous disons aux Américains que les mesures de sanctions qu'ils vont prendre les concernent, eux. Mais nous considérons que l'extraterritorialité de leurs mesures de sanctions est inacceptable", a souligné Jean-Yves Le Drian dans une interview mise en ligne sur le site internet du quotidien Le Parisien.

Le président américain Donald Trump a annoncé mardi que son pays se retirait de l'accord encadrant les activités nucléaires de l'Iran. Il a réintroduit une série de sanctions visant des entreprises aussi bien américaines qu'étrangères commerçant avec l'Iran.

"Les Européens n'ont pas à payer pour le retrait d'un accord par les États-Unis, auxquels ils avaient eux-mêmes contribué", a martelé le chef de la diplomatie française. "Entre Européens, nous devons mettre en place les mesures nécessaires pour protéger les intérêts de nos entreprises et entamer des négociations avec Washington sur ce sujet", a-t-il ajouté.

Chemin de traverse

La décision américaine impose aux entreprises étrangères des délais très courts, de l'ordre de trois à six mois, pour se retirer de l'Iran, tandis qu'il est interdit de conclure de nouveaux contrats, sous peine de subir des sanctions de la part des Etats-Unis.

Les Européens vont "tout faire pour protéger les intérêts de (leurs) entreprises" et comptent mener "des négociations serrées" avec les Etats-Unis, au niveau de l'Union européenne, avait souligné mercredi la présidence française. Les discussions avec Washington pourraient porter sur des exemptions et le maintien des droits des entreprises déjà en place.

L'UE pourrait aussi contrer les sanctions américaines en recourant à un dispositif créé à l'origine pour contourner l'embargo sur Cuba, qui permet aux entreprises et aux tribunaux européens de ne pas se soumettre à des réglementations sur des sanctions prises par des pays tiers.

Garanties économiques

L'accord conclu en 2015 à Vienne vise à faciliter les échanges commerciaux avec l'Iran, en levant de lourdes sanctions internationales affectant son économie. En échange Téhéran s'est engagé à limiter ses activités nucléaires et à ne jamais chercher à obtenir la bombe atomique.

Les trois pays européens cosignataires de l'accord (France, Allemagne, Royaume-Uni) - avec la Chine et la Russie - veulent le sauver pour lutter contre la prolifération nucléaire. L'Iran demande pour y rester des garanties en matière de retombées économiques.

Inspections

En dépit du retrait des Etats-Unis, la Maison Blanche veut que les inspections de sites nucléaires iraniens se poursuivent. "Nous nous attendons à ce que l'Iran continue d'appliquer le protocole additionnel et coopère avec l'AIEA, que (l'accord) reste en place ou non", a affirmé un haut responsable gouvernemental, en référence au protocole additionnel du Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Un deuxième responsable a confirmé à l'AFP jeudi que Washington tenait toujours aux inspections. Lors d'un meeting jeudi soir dans l'Indiana (nord), M. Trump a lui aussi estimé que des inspections approfondies restaient nécessaires. "Nous devons être en mesure d'aller sur un site et de vérifier ce site. Nous devons être en mesure d'aller dans leurs bases militaires pour voir si oui ou non ils trichent", a-t-il lancé.

Mais Téhéran pourrait bien refuser: en octobre 2017, en réaction à des menaces de Donald Trump, le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique Ali Akbar Salehi avait déclaré à la télévision publique: "Si un jour l'accord nucléaire devient caduc, l'application du protocole additionnel cessera car, sans l'accord nucléaire, son application n'a pas de sens".

ats, afp

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