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Les sénateurs débattent de la SSR mais ne tranchent pas

Le transfert possible de Genève à Lausanne d'une partie de la production télévisuelle de la RTS fait grincer des dents au bout du lac. Le Conseil des Etats a débattu mais n'a rien décidé (archives). © KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI
Le transfert possible de Genève à Lausanne d'une partie de la production télévisuelle de la RTS fait grincer des dents au bout du lac. Le Conseil des Etats a débattu mais n'a rien décidé (archives). © KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI


Publié le 11.06.2019


La question sur des exigences à poser à la SSR concernant la localisation de ses sites reste ouverte. Le Conseil des Etats en a débattu mardi plus d'une heure. Mais il n'a rien tranché. Beat Vonlanthen (PDC/FR) a finalement retiré son initiative parlementaire.

Le sénateur voulait garantir une production décentralisée de programme. Son texte répond à la décision de la SSR de centraliser à Zurich les rédactions radio de la SRF, actuellement basée à Berne. Beat Vonlanthen craignait aussi un transfert de Genève à Lausanne d'une partie de la production télévisuelle de la RTS.

Le Fribourgeois voulait préciser dans la loi qu'en Suisse romande, la majeure partie des offres audiovisuelles devrait être développée à Genève et l'offre audio à Lausanne. Dans le domaine de l'information en Suisse alémanique, la SSR devrait produire la majeure partie de ses offres audiovisuelles à Zurich et la majeure partie de ses offres audio à Berne.

Des textes similaires émanant de Regula Rytz (Verts/BE), d'Albert Rösti (UDC/BE), de Gerhard Pfister (PDC/SZ), de Martin Landolt (PBD/GL) et de Beat Jans (PS/BS) sont pendants au National. Christian Levrat (PS/FR) a appelé avec succès son compatriote fribourgeois à attendre que la Chambre du peuple tranche. Cela pourrait aussi donner à la SSR une marge de manoeuvre pour trouver des solutions et sortir la tête haute de cette polémique, selon le socialiste.

Berne et Genève au front

Les sénateurs avaient auparavant longuement croisé le fer. Pour Beat Vonlanthen, la SSR n'est pas un média privé qui peut décider seul de sa stratégie. Financée par le produit des redevances, elle doit souligner son implantation régionale et son caractère fédéraliste d'entreprise de service public. D'autant plus qu'un mouvement de centralisation prévaut dans les autres médias.

La décentralisation a d'ailleurs été utilisée pour lutter contre l'initiative visant à supprimer la redevance radio-TV, a rappelé le démocrate-chrétien. Les mesures annoncées entretemps sont une gifle à tous ceux qui ont soutenu la SSR. Et la direction de l'entreprise se contente pour l'instant de répondre "circulez, il n'y a rien à voir", a regretté l'initiant.

Il y a une semaine, des représentants des gouvernements des cantons de Genève et Berne sont d'ailleurs montés au créneau. Genève ne comprend pas que l'on revienne sur la diversification décidée il y a plusieurs décennies. Le canton n'avait alors pas tenté de tout centraliser et avait même encouragé le développement d'une concentration de la radio à Lausanne, a souligné Robert Cramer (Verts/GE).

Selon lui, la présence au bout du lac de personnes venant d'autres cantons permet aux Genevois de s'ouvrir aux réalités romandes et suisses. "Ne les marginalisez pas", a-t-il lancé. Et Christian Levrat d'affirmer que le génie du lieu a son importance. On ne voit pas les choses sous le même angle sur les bords de l'Aar et celui de la Limmat.

Pas de mise en péril

Pour la SSR, les déménagements prévus doivent préserver l'emploi et les programmes, tout en diminuant les coûts. Ces opérations font partie du plan d'économies de 100 millions de francs annoncé par la SSR dès 2019. Celui-ci est lié à la baisse de la redevance, a rappelé Olivier Français (PLR/VD).

L'entreprise promet malgré tout de rester fortement présente à Berne. Au total, 550 collaborateurs de l'entreprise publique, dont plus de 150 journalistes, resteront basés dans la ville fédérale. Notamment les journalistes qui suivent la politique nationale depuis le centre médias du Palais fédéral.

Pour plusieurs orateurs, la politique n'a pas à intervenir dans la manière dont la SSR gère ses activités. La qualité journalistique n'est pas mise en péril. En centralisant certaines structures de diffusion, il s'agit surtout de faire face au défi numérique.

La frontière entre radio et télévision est en train de disparaître, a noté Géraldine Savary (PS/VD). Et de souligner que c'est la manière dont est produite l'information qui est importante, plus que le lieu où elle l'est.

Se concentrer sur les infrastructures

La SSR a assuré qu'elle concentrait ses efforts d'économie sur les infrastructures et les aspects administratifs et non sur l'offre journalistique et les collaborateurs, a fait valoir Claude Janiak (PS/BL) au nom de la commission préparatoire.

Les synergies réalisées grâce au déménagement partiel permettront en outre de disposer de ressources supplémentaires pour le travail dans les régions. La SSR conserve sept studios principaux et 17 studios régionaux.

ats

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