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Les talibans paradent pour fêter le retrait des troupes étrangères

Les derniers soldats américains ont quitté le territoire afghan le 30 août 2021, quelques minutes avant minuit, alors que le pays était tombé aux mains des talibans (archives). © KEYSTONE/AP U.S. Air Force/SENIOR AIRMAN TAYLOR CRUL
Les derniers soldats américains ont quitté le territoire afghan le 30 août 2021, quelques minutes avant minuit, alors que le pays était tombé aux mains des talibans (archives). © KEYSTONE/AP U.S. Air Force/SENIOR AIRMAN TAYLOR CRUL
Les talibans ont célébré mercredi le premier anniversaire du retrait d'Afghanistan des forces de la coalition. © KEYSTONE/AP/Ebrahim Noroozi
Les talibans ont célébré mercredi le premier anniversaire du retrait d'Afghanistan des forces de la coalition. © KEYSTONE/AP/Ebrahim Noroozi


Publié le 31.08.2022


Chants de victoire et défilé militaire avec les équipements abandonnés par les soldats étrangers : les talibans ont célébré mercredi le premier anniversaire du retrait d'Afghanistan des forces de la coalition, dirigées par les Etats-Unis, et leur retour au pouvoir.

Les habitants de Kaboul ont préféré rester chez eux en ce jour décrété férié par le régime, mais des centaines de ses partisans se sont réunis sur la place Massoud, près de l'ancienne ambassade américaine, et ont circulé en voiture dans les rues adjacentes munis de drapeaux blancs sur lesquels est écrit la proclamation de foi islamique.

"Mort à l'Amérique ! Mort aux occupants ! Vive la liberté !", ont-ils scandé pendant que les officiels avaient rendez-vous pour une cérémonie sur l'ancienne base aérienne de Bagram, le centre névralgique des forces américaines pendant la guerre.

"Le drapeau de l'islam flotte haut. Nous sommes heureux de vivre sous la bannière de l'islam", a déclaré à l'AFP Shah Ahmad Omari, un combattant taliban.

Le régime des talibans, qui ont largement imposé depuis leur retour au pouvoir l'interprétation ultra-rigoriste de l'islam ayant caractérisé leur premier règne entre 1996 et 2001, avec en particulier d'importantes restrictions imposées aux femmes, n'a encore été reconnu par aucun pays.

Dans les rues de la capitale, les nouveaux maîtres de l'Afghanistan ont tendu des bannières célébrant les victoires contre trois puissances, l'Empire britannique et l'ancienne Union soviétique ayant également perdu des guerres en Afghanistan.

"Depuis que les Américains sont partis, il n'y a plus de guerre et cela nous rend heureux", a dit à l'AFP Naseer Ahmad Safi, un commerçant de Kaboul.

"Les affaires étaient bonnes lorsque les forces étrangères étaient présentes, mais elles vont encore s'améliorer. Cela fait seulement un an que l'Émirat islamique existe", a-t-il insisté.

Défilé militaire

Dans un communiqué, le gouvernement a proclamé que ce jour marquait le premier anniversaire de "la libération du pays de l'occupation américaine". "Tant de moudjahidine ("combattants du régime") ont été blessés, tant d'enfants sont devenus orphelins et tant de femmes sont devenues veuves", a-t-il écrit.

Sur l'aérodrome de Bagram où un défilé militaire avait été organisé dans la matinée par les autorités, des groupes de combattants talibans en tunique traditionnelle et portant des grenades dans le dos, ont défilé devant la foule, selon des images diffusées par la télévision d'Etat.

Les médias étrangers n'étaient pas autorisés à y entrer.

Quelques minutes plus tard, des dizaines de véhicules militaires, dont des blindés comme les Humvee américains, saisis pendant la guerre ou abandonnés par les troupes étrangères au moment de leur retrait chaotique en août 2021, ont été exhibés.

Le 30 août 2021, une minute avant minuit, le dernier soldat américain partait de l'aéroport de Kaboul, avec 24 heures d'avance sur la date butoir fixée par le président Joe Biden pour le retrait du contingent américain.

Ce départ a mis fin à la plus longue intervention militaire des Etats-Unis, déclenchée en réaction à l'attaque du 11 septembre 2001 à New York.

"Beaucoup de peine"

La guerre a coûté la vie à plus de 2400 soldats américains et à plus de 3500 des autres pays de l'Otan, selon l'armée américaine. Des dizaines de milliers d'Afghans ont aussi péri, victimes des combats et des attentats meurtriers commis par les talibans.

Malgré la fierté de ces derniers d'avoir reconquis le pouvoir, leur pays de 38 millions d'habitants doit faire face à l'une des pires crises humanitaires sur la planète, selon les Nations unies.

La situation n'a fait qu'empirer quand les versements de milliards de dollars d'aide étrangère, qui avaient soutenu l'économie afghane pendant des décennies, ont été soudainement interrompus après le retrait des Etats-Unis.

Les épreuves des Afghans, en particulier des femmes, se sont accrues.

Les écoles secondaires pour les filles ont été fermées dans de nombreuses provinces et les femmes exclues de nombreux emplois publics. Elles ont également reçu l'ordre de se couvrir entièrement en public, idéalement avec une burqa, le voile intégral.

"Je n'ai aucun bon souvenir de l'année écoulée. Je dois réfléchir à deux fois à ce que je vais porter avant de sortir pour éviter d'être frappée par les talibans", a raconté Marwa Naseem, une habitante de Kaboul.

"Cela me fait également beaucoup de peine que les filles ne puissent pas aller à l'école, alors que cela fait partie d'une vie normale. Les talibans n'utilisent la religion que pour empêcher les femmes de progresser", a-t-elle déploré.

ats, afp

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