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Ligne Chamoson-Chippis: le Grand Conseil veut suspendre les travaux

Les opposants à la ligne THT Chamoson-Chippis ont manifesté vendredi matin devant le Grand Conseil valaisan. © Keystone-ats/vs
Les opposants à la ligne THT Chamoson-Chippis ont manifesté vendredi matin devant le Grand Conseil valaisan. © Keystone-ats/vs


Publié le 14.09.2018


Le ton a été donné dès vendredi matin: des opposants à la ligne à très haute tension Chamoson-Chippis ont manifesté devant le Grand Conseil. L'après-midi, les députés ont accepté une initiative urgente visant à suspendre la construction de la ligne.

Le plénum est entrée en matière sur l'initiative parlementaire urgente interpartis par 92 voix contre 15 et 10 abstentions. Le texte demande d'ajouter dans la loi cantonale sur l'approvisionnement en électricité un alinéa permettant de suspendre les travaux d'une ligne à très haute tension jusqu'à ce que la planification de détail soit finalisée.

La démarche des opposants à la ligne à très haute tension (THT) prévue entre Chamoson et Chippis découle de la récente publication d'une étude géologique réalisée en 2015. Elle indique que 34 des 52 pylônes de la ligne aérienne se trouveraient en zone de danger.

Une petite fenêtre de tir

Le rapport préconise des études géologiques et hydrologiques ainsi que, pour certains secteurs, une période d'observation minimale de trois ans. Les signataires de l'initiative ont donc proposé que le Grand Conseil édicte un décret qui bloquerait la construction de la ligne THT jusqu'au terme des études.

La plupart des groupes politiques du parlement cantonal ont souhaité profiter de "cette petite fenêtre de tir". Le chemin sera toutefois encore long avant que l'initiative porte éventuellement ses fruits.

L'opportunité de l'initiative a été soutenue par la commission de l'économie et de l'énergie du Grand Conseil. Le Conseil d'Etat s'y est en revanche opposé, doutant de sa validité juridique et préférant privilégier la voie des négociations avec Swissgrid pour déplacer certains pylônes problématiques, notamment près de l'école de Grône.

Un exercice périlleux

Tous les groupes politiques, à l'exception des chrétiens sociaux haut-valaisans, ont soutenu l'initiative parlementaire urgente. Tous ont dit leur soutien aux opposants à la ligne, mais tous ont aussi rappelé les limites de l'exercice et les faux espoirs qu'il ne faut en aucun cas entretenir dans la population.

Car l'exercice est périlleux. Il s'agit de prendre en compte les revendications d'une population qui a vu fondre au fil des ans l'espoir d'une ligne enterrée, qui apprend que nombre de pylônes sont problématiques et qui peine à faire confiance au maître d'oeuvre des travaux. Mais il s'agit aussi de tenir compte du bon droit de Swissgrid, dont la mise en service de la ligne THT a été autorisée par le Tribunal fédéral.

"Couvrir le Valais de ridicule"

Seuls les chrétiens sociaux ont refusé de soutenir l'initiative parlementaire. Le député Diego Clausen a vertement critiqué un texte "qui viole toutes les règles de droit" et qui va "couvrir le Valais de ridicule".

Plus mesuré, Joachim Rausis (PDC) a affirmé le soutien de son groupe tout en étant "conscient des limites juridique" de l'exercice. Il a exhorté la commission qui devra examiner le texte de manière approfondie à "garder la tête froide".

L'ensemble des députés ont loué l'action du conseil d'Etat qui mène des négociations avec Swissgrid pour déplacer des pylônes. Le chef du département des finances Roberto Schmidt, très impliqué dans le dossier, a indiqué que le gouvernement cantonal ne voyait par l'intérêt de l'initiative parlementaire et espérait qu'elle n'aurait pas "d'impact négatif" sur les négociations menées avec Swissgrid.

Fin août, Swissgrid a annoncé le démarrage de la construction de la ligne THT entre Chamoson et Chippis. Les premiers pylônes sont prévus début 2019.

ats

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