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Loi sécuritaire: le gouvernement cherche la sortie de crise

Le président français Emmanuel Macron a tenu une réunion lundi pour aborder le lien de confiance entre police et population (archives). © KEYSTONE/EPA/CHRISTIAN HARTMANN / POOL
Le président français Emmanuel Macron a tenu une réunion lundi pour aborder le lien de confiance entre police et population (archives). © KEYSTONE/EPA/CHRISTIAN HARTMANN / POOL


Publié le 30.11.2020


Le gouvernement français manoeuvrait lundi pour sortir de la crise politique, après les manifestations contre une loi sur la sécurité et des violences policières. Il est coincé entre les protestataires de gauche et son électorat de droite.

Le gouvernement cherche à reprendre la main après une relativement forte mobilisation samedi des opposants à la proposition de loi "sécurité globale". La mobilisation a été renforcée par une affaire de violences policières à motivations présumées racistes contre un producteur musical noir, Michel Zecler, qui a secoué le pays.

Le président français a réuni lundi à l'Elysée les principaux rouages de son pouvoir, le Premier ministre Jean Castex, des ministres et les chefs des groupes parlementaires, pour parler notamment du lien de confiance entre police et population.

Pour tenter d'éteindre la polémique, la majorité présidentielle au parlement a annoncé après cette réunion qu'elle allait réécrire complètement l'article 24 de la proposition de loi, celui qui a allumé la mèche de la contestation.

Il vise à encadrer la diffusion d'images des policiers mais est jugé liberticide notamment par les organisations de journalistes. Il s'agit d'"éteindre les doutes" sur le texte, selon le chef de file des députés de la majorité (LREM), Christophe Castaner.

"Premier recul"

Mais pour une partie de l'opposition, le problème est désormais plus large que ce simple article. "C'est un premier recul. Mais nous voulons le retrait de cet article et de toute la loi Sécurite globale", a réagi le patron des députés communistes, Fabien Roussel.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, poids lourd du gouvernement sous forte pression depuis le début de cette séquence, a été auditionné par les députés en fin de journée.

Il a affirmé qu'il n'y a pas "de divorce entre la police et la population". "Il n'y a pas à renouer mais il y a à faire comprendre les difficultés que vivent les policiers et à comprendre aussi comment la population souhaite aujourd'hui l'exercice de la force légitime".

Tension générale

Les quatre policiers mis en cause dans l'affaire Zecler ont été inculpés et deux d'entre eux écroués, notamment pour des faits de violences volontaires, aggravées de motivations racistes, ce qui contribue à un accroissement de la tension générale.

Elle est aussi montée d'un cran après les images de violences et d'une tentative de lynchage d'un policier à Paris, à la fin des manifestations de samedi, au cours desquelles une centaine de policiers et de gendarmes ont été blessés.

Plus largement, Emmanuel Macron et son gouvernement se retrouvent face à un choix délicat pour négocier une sortie de crise. Après avoir conquis le pouvoir en 2017 en prenant des voix à gauche et à droite, Emmanuel Macron se retrouve coincé sur ses deux flancs. La droite est importante pour une éventuelle réélection du président.

Gérald Darmanin est chargé de séduire l'important électorat de droite. La gauche, affaiblie et divisée, tente de s'unir autour de la thématique sécuritaire pour prendre le vent, et affaiblir la majorité présidentielle, qui se retrouve prise en étau.

"Le président doit choisir"

"La ligne Darmanin hystérise le débat, fracture le point d'équilibre de l'électorat de la majorité", fustige l'eurodéputé Pascal Canfin, du groupe "Renaissance", une formation macroniste, cité dans le journal Le Monde.

"Le président de la République doit choisir s'il est Darmanin, (le préfet de police Didier) Lallement, ou si au contraire il est un républicain qui s'assume", a affirmé le dirigeant socialiste, Olivier Faure.

A l'extrême droite, Marine Le Pen a dénoncé le "désordre récurrent qui s'installe" en France avec un gouvernement qui a "perdu le contrôle". L'exécutif fait, selon elle, preuve de "complaisance" envers les Black Blocs, des militants violents d'extrême gauche.

Emmanuel Macron s'est impliqué la semaine dernière, en disant que les images de violence contre le producteur de musique, Michel Zecler, faisaient "honte" à la France. Il a demandé au gouvernement de lui faire rapidement des propositions "pour lutter plus efficacement contre toutes les discriminations", pour la troisième fois cette année.

ats, afp

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