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Malgré les crises, les finances de Facebook caracolent

A 2,32 milliards, le nombre d'usagers mensuels actifs sur Facebook est légèrement supérieur aux prévisions (image symbolique). © KEYSTONE/GAETAN BALLY
A 2,32 milliards, le nombre d'usagers mensuels actifs sur Facebook est légèrement supérieur aux prévisions (image symbolique). © KEYSTONE/GAETAN BALLY


Publié le 31.01.2019


Malgré les crises à répétition, Facebook a enregistré une année 2018 meilleure que prévu. Le réseau social a renoué avec une croissance soutenue de ses résultats et même une hausse du nombre d'usagers. De quoi rassurer les investisseurs et faire bondir le titre.

Le bénéfice net du quatrième trimestre est ressort à 6,88 milliards de dollars, en hausse de 61%. Le chiffre d'affaires trimestriel avance de 30% à 16,9 milliards de dollars. Sur toute l'année 2018, le bénéfice net augmente de 39% à 22,1 milliards de dollars et le chiffre d'affaires (55,83 milliards, +37%) est aussi meilleur qu'anticipé.

"Nous avons fondamentalement changé la façon dont nous gérons l'entreprise pour nous concentrer sur des questions sociétales très importantes", a commenté le PDG Mark Zuckerberg. Il a réaffirmé que Facebook continuait d'investir beaucoup pour assainir son réseau et améliorer la protection des données.

A 2,32 milliards, le nombre d'usagers mensuels actifs est d'ailleurs légèrement supérieur aux prévisions. Le nombre d'abonnés actifs quotidiens est, quant à lui pile conforme aux attentes, à 1,52 milliard.

Scandales à répétition

Facebook a passé une année 2018 cauchemardesque. Il tente désespérément de surmonter l'impact des scandales à répétition, de la diffusion de données à l'insu des usagers, à la sous-estimation des manipulations politiques sur la plateforme par la Russie lors de la présidentielle américaine 2016, en passant par les attaques en règle contre ses critiques.

Mercredi encore, il s'est vu accusé par Apple d'avoir violé les termes d'usage de ses applications, avec un programme de collecte de données personnelles sur smartphone en échange d'une petite rémunération mensuelle. Le site spécialisé TechCrunch a révélé que Facebook avait enrôlé y compris des ados de 13 ans pour mieux connaître leurs habitudes.

Le réseau social ne nie pas l'existence de ce programme de collecte contre rémunération mais insiste sur le fait que les usagers ayant accepté d'y participer l'ont fait en parfaite connaissance de cause. "Moins de 5% des gens qui ont accepté de participer à ce programme d'étude de marché étaient des adolescents", a aussi souligné le groupe, rappelant que le programme était explicitement appelé "Facebook Research App". "Tous avaient l'autorisation écrite de leurs parents", a souligné un porte-parole du réseau social dans un bref communiqué.

Apple a vivement réagi en bloquant sur iPhone des applications internes à Facebook utilisées par les employés.

Dégât d'image et saturation

Alors qu'il fête ses 15 ans début février, le réseau se trouve à un tournant majeur de son histoire: en plus de tous ces scandales qui lui coûtent cher en terme d'image et le contraignent à dépenser beaucoup pour surveiller les contenus, Facebook est aussi confronté à une crise de croissance.

Le réseau social a du mal à engranger de nouveaux utilisateurs, en particulier dans les pays développés, proches de la saturation. Les plus jeunes, attirés par d'autres plateformes comme Instagram (propriété de Facebook) ou Snapchat, délaissent aussi de plus en plus Facebook, vu comme un réseau "pour les parents".

Saturation aussi du côté de la publicité: Facebook prévient depuis 2016 que la croissance de son chiffre d'affaires, composé quasi intégralement par ses recettes publicitaires, finirait par ralentir. Une décélération qui était déjà visible dans les résultats trimestriels publiés en octobre, tant au niveau des ventes que de la rentabilité.

Nouveau départ?

Pour autant, Facebook reste de loin le premier réseau social du monde et demeure un mastodonte de la publicité numérique. D'autant qu'il peut compter sur ses autres services, qui connaissent un succès croissant: Instagram, Messenger ou WhatsApp, si tant est qu'il parvienne à en tirer des recettes publicitaires significatives à terme. En tout, Facebook revendique 2,7 millions d'usagers mensuels à travers toutes ses plateformes.

Le groupe va surtout devoir faire oublier le fiasco planétaire Cambridge Analytica, qui a éclaté en mars 2018. Ce scandale, ainsi que la mise en place du Règlement européen de protection des données (RGPD) personnelles en mai dernier, vaut à Facebook d'être particulièrement dans le viseur des régulateurs.

ats, afp

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