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Manifestation à Varsovie pour le droit à l'avortement

Un nombre imposant de membres des forces de police et de la police militaire ont été déployés à travers Varsovie à la suite des affrontements entre protestataires et militants d'extrême droite au cours des neuf jours consécutifs de manifestations en Pologne. © KEYSTONE/AP/Czarek Sokolowski
Un nombre imposant de membres des forces de police et de la police militaire ont été déployés à travers Varsovie à la suite des affrontements entre protestataires et militants d'extrême droite au cours des neuf jours consécutifs de manifestations en Pologne. © KEYSTONE/AP/Czarek Sokolowski
Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté vendredi à Varsovie et à travers la Pologne. © KEYSTONE/EPA/LESZEK SZYMANSKI
Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté vendredi à Varsovie et à travers la Pologne. © KEYSTONE/EPA/LESZEK SZYMANSKI


Publié le 30.10.2020


Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté vendredi à Varsovie et à travers la Pologne. Ils ont défié les restrictions liées à la pandémie pour protester contre une décision de la justice interdisant quasiment tout avortement.

Brandissant des drapeaux arc-en-ciel, scandant des slogans anti-gouvernementaux, les manifestants à Varsovie ont porté massivement le symbole de leur révolte - une foudre rouge. En dépit de quelques échauffourées provoquées par des contre-manifestants d'extrême droite, les manifestations ont été pour la plupart pacifiques, en ce neuvième jour consécutif de manifestations depuis la décision controversée du Tribunal constitutionnel.

"Nous sommes prêts à nous battre jusqu'au bout", a déclaré vendredi aux journalistes Marta Lempart, la cofondatrice du mouvement La grève des femmes qui a lancé l'appel à se rassembler. "On en a assez!", "Mon corps, mon choix !" scandaient les pancartes brandies par les manifestants pour la plupart jeunes, qui entonnaient également des slogans anti-gouvernementaux, souvent pimentés de jurons.

"Plusieurs arrestations"

Selon la mairie de Varsovie "des dizaines de milliers de personnes" participaient à la manifestation dans le centre-ville. La police a procédé à "plusieurs arrestations" dans deux incidents.

Les activistes pour la défense des droits des femmes, qui sont derrière ces rassemblements, s'exposent à des poursuites judiciaires car tout regroupement de plus de cinq personnes sur la voie publique est actuellement interdit.

Des actions de protestation de relativement moindre envergure se sont tenues dans des dizaines d'autres villes polonaises grandes comme Cracovie, Lodz, Katowice ou Wroclaw, et petites, ainsi qu'à l'étranger, comme à Barcelone et à Vienne.

"Défendre" les églises

Des manifestations de masse ont commencé la semaine dernière lorsque le Tribunal constitutionnel, réformé par le PiS, le parti ultra-catholique Droit et Justice au pouvoir, et se conformant à ses souhaits, a proscrit l'interruption volontaire de grossesse (IVG) en cas de malformation grave du foetus, statuant qu'elle est "incompatible" avec la Constitution. Les manifestants sont en colère contre le PiS, dont les députés ont demandé au tribunal de se prononcer sur cette question.

Les responsables du gouvernement ont qualifié les manifestations d'actes de "barbarie" et de "vandalisme" après quelques attaques contre les églises catholiques. Des groupes d'extrême droite ont appelé les habitants de Varsovie à "défendre" les églises pendant la manifestation de vendredi, bien que ses organisateurs aient déclaré qu'ils ne prévoyaient pas d'à nouveau prendre pour cible les institutions religieuses.

La Pologne, un pays de 38 millions d'habitants, à forte tradition catholique, est déjà dotée d'une loi anti-avortement qui compte parmi les plus restrictives d'Europe. Il y a moins de 2000 avortements légaux par an en Pologne, selon les données officielles. Les organisations féministes estiment que plus de 200'000 IVG sont réalisées illégalement ou effectués à l'étranger chaque année.

Une fois publiée au journal officiel, la décision de la Cour constitutionnelle aboutira à l'interdiction de tous les avortements sauf en cas de viol et d'inceste ou lorsque la vie de la mère est en danger.

Proposition "inacceptable"

Le gouvernement a défendu cette décision, affirmant qu'elle mettrait fin aux "avortements eugéniques". Des organisations de défense des droits humains insistent sur le fait quelle obligera désormais des femmes à mettre au monde des bébés a priori non viables.

Vendredi, le président Andrzej Duda a proposé un projet d'amendement à la loi destiné à apaiser la colère de la rue. Son projet interdirait toujours l'avortement dans des cas de foetus malformés, à moins que des tests médicaux ne montrent une forte probabilité que le bébé soit mort-né ou atteint d'une maladie ou d'un défaut en phase terminale.

La députée de l'opposition libérale Katarzyna Lubnauer a qualifié cette proposition d'"inacceptable". "C'est une proposition du genre: je vous ai volé 100 zlotys (20 euros) mais j'en rendrai 50", a-t-elle déclaré à la chaîne d'information TVN24.

ats, afp

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