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Mansuétude de Trump envers Poutine, tollé à Washington

Le président américain Donald Trump n'a pas dit un seul mot critique envers Moscou sur quelque sujet que ce soit, lors de ce sommet avec Vladimir Poutine. © KEYSTONE/EPA/ANATOLY MALTSEV
Le président américain Donald Trump n'a pas dit un seul mot critique envers Moscou sur quelque sujet que ce soit, lors de ce sommet avec Vladimir Poutine. © KEYSTONE/EPA/ANATOLY MALTSEV


Publié le 16.07.2018


Donald Trump a obstinément refusé lundi de condamner Moscou pour l'ingérence dans la campagne présidentielle américaine lors d'un sommet à Helsinki avec Vladimir Poutine. Son ton résolument conciliant avec l'homme fort du Kremlin a suscité un tollé à Washington.

Le président américain n'a pas dit un seul mot critique envers Moscou sur quelque sujet que ce soit lors de cette rencontre alors que plusieurs sérieux points de désaccord ont nettement refroidi les relations entre Moscou et Washington ces dernières années. Au lieu de cela, Donald Trump a tenu la "stupidité" de son propre pays pour unique responsable de la dégradation des relations américano-russes, dont il a estimé qu'elles n'avaient "jamais été aussi mauvaises".

Interrogé sur la question d'une ingérence russe dans leur présidentielle, Trump a affirmé que cette information lui avait été fournie par le chef de la CIA mais qu'il n'avait aucune raison de la croire. "Le président Poutine a été extrêmement ferme et affirmatif dans son démenti aujourd'hui", a commenté Donald Trump.

Or trois jours avant le sommet d'Helsinki, un grand jury américain a inculpé 12 membres des services de renseignement russes pour avoir piraté les systèmes informatiques d'Hillary Clinton, candidate démocrate à la présidentielle de 2016.

Républicains très critiques

L'attitude de M. Trump suscite d'ores et déjà des remous politiques aux Etats-Unis, où la Maison Blanche s'efforce depuis des mois de dissiper l'impression que le président n'a pas envie de s'opposer à Vladimir Poutine.

Un ancien directeur de la CIA, John Brennan, a sans ambages estimé que l'attitude de Trump confinait à la trahison. "Non seulement les propos de Trump étaient imbéciles, mais il était totalement acquis à Poutine. Patriotes républicains, où êtes-vous??", s'est-il interrogé.

Le sénateur républicain John McCain, qui ménage rarement Donald Trump, a estimé que le sommet avec Poutine était une "tragique erreur" car, dit-il, le président américain "n'a pas défendu l'Amérique". Pour McCain, le sommet d'Helsinki restera comme un épisode peu glorieux dans l'histoire des présidents américains.

Paul Ryan, le président républicain de la Chambre des représentants, a invité Donald Trump à comprendre que la Russie n'était pas l'alliée de Washington, et a dit qu'il ne faisait aucun doute, à ses yeux, que Moscou s'était immiscé dans l'élection de 2016.

Démocrates cinglants

Deux sénateurs républicains ont eux aussi vivement réagi. Lindsey Graham, qui est membre de la commission des Forces armées, a estimé que les propos tenus par Donald Trump à la conférence de presse avec Poutine envoyaient aux Russes un signal de "faiblesse" des Etats-Unis.

Son collègue républicain Jeff Flake a jugé "honteux" les propos tenus par Donald Trump en présence de Poutine. "Je ne pensais pas qu'un jour je verrais notre président imputer, au côté du président russe, la responsabilité de l'agression russe aux Etats-Unis. C'est une honte", a écrit Jeff Flake sur Twitter.

Le chef de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, a fustigé l'attitude de Trump à la conférence de presse d'Helsinki, déclarant qu'il "renforçait nos adversaires tout en affaiblissant nos défenses et celles de nos alliés". Il s'est prononcé en faveur d'efforts bipartisans pour "intensifier" les sanctions contre Moscou.

Adam Schiff, membre de la commission des renseignements de la Chambre des représentants, a estimé que par ses déclarations, Donald Trump avait donné le "feu vert" à Poutine pour s'immiscer dans les élections de mi-mandat en novembre.

Tweet d'apaisement

La vague d'indignation, d'une rare intensité, a conduit M. Trump à assurer qu'il gardait une "immense confiance" dans ses services de renseignement. "Comme je l'ai dit aujourd'hui et à plusieurs reprises auparavant, j'ai une IMMENSE confiance dans MES agents du renseignement", a-t-il tweeté pour tenter d'apaiser la controverse.

Désireux de donner une image positive de leur rencontre, les deux dirigeants aux parcours très dissemblables ont insisté sur leur volonté d'aller de l'avant. "J'espère que nous avons commencé à mieux nous comprendre", a déclaré Vladimir Poutine, évoquant des pourparlers "très réussis et très utiles". Donald Trump, debout à ses côtés dans un salon du palais présidentiel, a loué un dialogue "direct, ouvert et très productif".

Donald Trump a indiqué avoir abordé un grand nombre de questions cruciales pour les deux pays : la guerre en Syrie, l'Iran, le terrorisme et le contrôle des armes nucléaires, ainsi que la supposée ingérence russe dans les élections américaines de 2016. Les deux hommes sont toutefois restés avares de détails.

Le sommet est la dernière étape d'un voyage d'une semaine en Europe au cours de laquelle le magnat de l'immobilier a tiré à boulets rouges sur ses alliés - Allemagne en tête - tout se tenant soigneusement à l'écart de toute critique à l'encontre du président russe.

ats, reu, afp

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