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Migrants du Sea-Watch 3: accord entre sept pays européens

Les 47 migrants avaient été secourus il y a dix jours au large des côtes libyennes par le bateau Sea Watch 3 qui mouille au large de la Sicile. © KEYSTONE/AP/SALVATORE CAVALLI
Les 47 migrants avaient été secourus il y a dix jours au large des côtes libyennes par le bateau Sea Watch 3 qui mouille au large de la Sicile. © KEYSTONE/AP/SALVATORE CAVALLI


Publié le 30.01.2019


Les 47 migrants bloqués depuis douze jours sur le Sea-Watch 3 vont pouvoir débarquer en Italie "dans les prochaines heures". Le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte a annoncé mercredi qu'un accord de répartition avait été conclu avec six autres pays européens.

"Le Luxembourg est venu se rajouter à la liste des pays amis qui ont répondu à notre invitation (de prendre des migrants, ndlr). Maintenant, nous sommes sept pays. Dans les prochaines heures, les opérations de débarquements vont commencer", a déclaré M. Conte devant la presse à Milan.

Les cinq autres pays sont la France, le Portugal, l'Allemagne, Malte et la Roumanie. Il n'était pas clair si l'Italie elle-même garderait une partie des migrants: M. Conte l'a laissé entendre mais son ministre de l'Intérieur Matteo Salvini, qui s'y est toujours opposé de manière catégorique, ne l'a pas confirmé.

"Un jour amer"

"Nous sommes heureux que cette prise d'otages européenne prenne fin", a déclaré à l'AFP le porte-parole de Sea-Watch, Ruben Neugebauer. "En même temps, c'est un mauvais jour pour l'Europe, car les droits humains ont une fois de plus été subordonnés à des négociations au sein de l'UE. Encore un jour amer".

Depuis des mois, diplomates européens et humanitaires réclament un mécanisme permanent de répartition des migrants secourus en mer pour leur épargner les interminables discussions au cas par cas.

Le Sea-Watch 3, affrété par l'ONG allemande Sea-Watch et battant pavillon néerlandais, se trouve actuellement au large de Syracuse, dans le sud-est de la Sicile, où il a été autorisé à venir s'abriter du mauvais temps. La communication officielle est arrivée peu avant 19h00 à l'équipage, qui a besoin de deux heures pour remettre les machines en marche puis de trois ou quatre heures pour accoster à Catane, où il a reçu l'instruction de se diriger.

Attaques de Salvini

Comme lors du débarquement début janvier à Malte d'autres migrants secourus par le Sea-Watch 3 et restés bloqués plus de deux semaines en mer, il est probable que le navire restera au large et confiera les migrants à des vedettes des autorités qui les porteront à terre.

M. Salvini a souhaité l'ouverture d'une enquête "pour faire la clarté sur le comportement de l'ONG". Le gouvernement italien reproche d'abord au Sea-Watch de ne pas avoir laissé les garde-côtes libyens se charger des migrants, qui étaient en difficulté dans la zone où Tripoli est responsable des secours.

Il lui reproche aussi de s'être précipité vers l'Italie plutôt que de chercher refuge sur la côte tunisienne, qui était beaucoup plus proche. Mais l'ONG assure n'avoir jamais reçu de réponse de Tripoli, ni de Tunis.

"Le commandant du Sea-Watch n'a commis aucun délit et pour l'instant l'hypothèse d'un placement sous séquestre du navire n'a pas été envisagée", avait assuré lundi le procureur de Syracuse, Fabio Scavone. Selon lui, le capitaine "a sauvé les migrants et choisi la route qui semblait la plus sûre sur le moment".

"Mission accomplie !"

Le parquet de Syracuse n'est cependant pas le seul à avoir juridiction dans cette affaire et des poursuites ne sont pas à exclure. La justice italienne a déjà bloqué - temporairement ou définitivement - plusieurs navires d'ONG.

Mardi, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), saisie par l'ONG, n'avait pas exigé le débarquement des migrants mais demandé à l'Italie de leur apporter rapidement des soins médicaux, de l'eau et de la nourriture.

En revanche, l'autorité italienne garante des droits des détenus a dénoncé une "détention illégale" à bord et celle chargée des mineurs a exigé à plusieurs reprises le débarquement immédiat des treize adolescents du groupe.

"Mission accomplie !", s'est réjoui M. Salvini mercredi. "Encore une fois (...), l'Europe a été contrainte à intervenir et à prendre ses responsabilités". "L'objectif a aussi été dans ce cas de trouver une solution qui puisse concilier la sécurité des personnes en mer et celle d'un pays, l'Italie, qui n'est plus disposé à être le refuge de tous les clandestins d'Europe", a-t-il insisté.

ats, afp

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