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Migrants: la Bosnie doit fermer un camp "honteux"

"En tant que Bosnienne, je suis très bouleversée. Je pense que c'est une honte pour la Bosnie. Les conditions ici ne sont pas pour les êtres humains", a dénoncé la commissaire, qui doit visiter d'autres camps dans le pays et s'entretenir avec les autorités. © KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT
"En tant que Bosnienne, je suis très bouleversée. Je pense que c'est une honte pour la Bosnie. Les conditions ici ne sont pas pour les êtres humains", a dénoncé la commissaire, qui doit visiter d'autres camps dans le pays et s'entretenir avec les autorités. © KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT


Publié le 03.12.2019


La Bosnie doit fermer d'urgence un camp de fortune pour les migrants mis en place près de la frontière croate si ses autorités veulent éviter que l'hiver y fasse des victimes. C'est ce qu'a déclaré mardi la commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe.

"Si on ne ferme pas ce camp aujourd'hui, demain, les gens commenceront à mourir ici. Ce sera la responsabilité de qui? C'est la question que je pose", a déclaré Dunja Mijatovic. Elle-même Bosnienne, Mme Mijatovic s'est adressée à la presse après avoir visité le camp de Vucjak, près de Bihac (nord-ouest).

Ce camp de fortune a été mis en place en juin par les autorités municipales, mais sans les conditions humanitaires les plus élémentaires. Un repas ou deux par jour y sont distribués par la Croix-Rouge locale.

Quelque 600 personnes s'y entassent ces derniers jours dans des tentes sans lits et sans chauffage, alors que la température descend la nuit en dessous de zéro et qu'il a commencé à neiger lundi.

Ni douches ni électricité

Installé à l'emplacement d'une ancienne décharge et près de terrains infestés de mines depuis la guerre de Bosnie des années 1990, ce camp n'est pourvu ni de douches ni d'électricité.

Les autorités y conduisent régulièrement les migrants qui déambulent en ville, faute d'avoir suffisamment de place dans des centres d'accueil gérés par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Ces centres "officiels" peuvent accueillir 3500 personnes dans la région de Bihac.

Ce secteur est un cul-de-sac pour ces migrants qui tentent de passer par la Bosnie, petit pays enclavé des Balkans, pour rejoindre l'Europe occidentale.

"Pas pour les êtres humains"

"En tant que Bosnienne, je suis très bouleversée. Je pense que c'est une honte pour la Bosnie. Les conditions ici ne sont pas pour les êtres humains", a dénoncé la commissaire, qui doit visiter d'autres camps dans le pays et s'entretenir avec les autorités. "Ces gens doivent être logés à un endroit au chaud où ils obtiendront des repas (...) Ca, c'est inacceptable", a-t-elle ajouté.

Les autorités bosniennes, un pays ethniquement divisé et doté d'un système institutionnel très complexe, ne parviennent pas à se mettre d'accord sur le lieu où elles pourraient mettre en place un nouveau centre d'accueil.

Certaines propositions dans la région de Bihac ont par ailleurs été refusées par l'Union européenne qui finance le fonctionnement des camps gérés par l'OIM.

Depuis début 2018, plus de 52'000 migrants sont illégalement entrés en Bosnie, avait indiqué en novembre Slobodan Ujic, un responsable du ministère de la Sécurité. La plupart en sont repartis en direction de l'Europe occidentale.

ats, afp

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