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Migrations: la Suisse plus ciblée que les autres Etats par Arbour

Louise Arbour a regretté davantage l'attitude de la Suisse que celles des autres pays réfractaires ou incertains sur le Pacte mondial des migrations (archives). © KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI
Louise Arbour a regretté davantage l'attitude de la Suisse que celles des autres pays réfractaires ou incertains sur le Pacte mondial des migrations (archives). © KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI


Publié le 09.12.2018


La secrétaire générale de la Conférence d'approbation du Pacte mondial sur les migrations s'en est prise à la Suisse, sans la nommer, avant même la réunion de Marrakech lundi. Louise Arbour a estimé la décision de ne pas venir au Maroc "particulièrement regrettable".

Devant la presse dimanche soir, la représentante spéciale du secrétaire général de l'ONU pour la migration internationale a de nouveau déploré l'attitude des pays qui ont décidé de ne pas s'associer au Pacte après avoir approuvé en juillet dernier le résultat des négociations. Ou de reporter leur décision.

Cette attitude est "particulièrement regrettable lorsqu'un pays a fait preuve d'une participation très active peu de temps auparavant" comme facilitateur des négociations, a dit Mme Arbour. Un reproche à peine voilé à la Suisse qui avait coprésidé avec le Mexique les pourparlers qui ont mené pendant 18 mois, à raison d'une semaine par mois, au Pacte.

Cet accord ne "lance aucune nouvelle obligation légale", a répété la Canadienne, qui rejette toute critique sur un manque de sensibilisation au texte. Il n'est pas non plus un arrangement qui pourrait à terme entrer dans le droit coutumier. Il faudrait négocier un nouvel instrument.

Mme Arbour ajoute aussi que l'application du Pacte sera avant tout de la responsabilité des Etats qui conservent toute leur souveraineté sur la question migratoire. En revanche, il établit un cadre de "collaboration" qui prend en compte "les intérêts mutuels" des différents pays plutôt qu'une "confrontation".

Plus de 150 Etats au Maroc

Au total, quasiment tous les pays avaient soutenu le Pacte lors de son approbation par l'assemblée générale de l'ONU en juillet, y compris la délégation suisse. Seuls les Etats-Unis s'en étaient alors déjà désolidarisés. Ont suivi depuis la Hongrie, la Pologne, la République tchèque, l'Autriche et l'Australie. Outre Berne, l'Italie, la Bulgarie, la Belgique, Israël, la Slovaquie, la Lettonie ou encore l'Estonie ont reporté leur décision.

En Suisse, le Conseil fédéral souhaitait s'associer au Pacte. Mais la question a été portée sur le terrain parlementaire où la discussion s'est emballée jusqu'à en faire une thématique dans la course de candidats au gouvernement. Des commissions se sont prononcées contre le Conseil fédéral qui a fini par revoir sa position et reporter son soutien, face à la volonté du Parlement de pouvoir trancher.

Même si le gouvernement reste convaincu que le Pacte "correspond aux intérêts de la Suisse" puisqu'il cherche à rendre les migrations "sûres" et "ordonnées" et à lutter contre la migration irrégulière. Malgré les garanties répétées de l'ONU, certains parlementaires estiment qu'à terme l'accord pourrait basculer dans le droit coutumier obligatoire.

Au total, 159 Etats seront présents à Marrakech, dont au moins une centaine à un niveau ministériel. Plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus.

ats

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