La Liberté

Mort d'otages américains: un djihadiste de l'EI reconnu coupable



Publié le 15.04.2022


El Shafee el-Sheikh, membre de la sinistre cellule des "Beatles" au sein du groupe Etat islamique (EI) a été reconnu coupable jeudi par un tribunal américain d'avoir joué un rôle dans l'enlèvement et la mort de quatre otages américains en Syrie entre 2012 et 2015.

Accusé d'être membre de ce trio, surnommé ainsi par les otages en raison de leur accent britannique, il était jugé à Alexandria, près de Washington, pour la capture et la mort des journalistes James Foley et Steven Sotloff, ainsi que des travailleurs humanitaires Kayla Mueller et Peter Kassig, et pour son soutien à une organisation terroriste.

Le jury de ce procès devant un tribunal fédéral n'a mis que 12 heures pour le déclarer coupable des huit charges qui pesaient contre lui. Sa sentence doit être prononcée le 12 août. Il encourt la réclusion à perpétuité. El Shafee el-Sheikh n'a pas réagi à l'annonce du verdict, alors que des membres des familles des victimes, présentes à l'audience, avaient les larmes aux yeux.

Une trentaine d'otages

L'homme, âgé de 33 ans, a choisi de garder le silence tout au long de ce premier procès d'importance contre le groupe islamiste aux Etats-Unis, qui a duré deux semaines. Par la voix de son avocate, il a admis avoir rejoint les rangs de l'EI tout en niant être l'un des "Beatles".

Ils auraient supervisé la détention, entre 2012 et 2015, d'au moins 27 otages originaires d'une quinzaine de pays (Royaume-Uni, Japon, Espagne, France, Danemark, Nouvelle-Zélande, Pérou...). Le groupe a aussi mis en scène l'exécution d'une dizaine d'otages dans d'insoutenables vidéos de propagande.

Geôliers "sadiques"

Pendant le procès, une dizaine d'anciens otages ont livré des témoignages effrayants sur les violences subies pendant leur captivité: simulation de noyade, tabassage systématique, tortures psychologiques...

Ils ont décrit des hommes qui formaient une véritable "équipe" et se distinguaient par "leur sadisme", toujours "masqués" et "gantés", qui interdisaient de les regarder et distribuaient les coups sans compter.

Mercredi, avant la délibération du jury, le procureur Raj Parekh a assuré que l'accusation avait rassemblé "une mosaïque de preuves" démontrant qu'il faisait partie d'un "complot terrifiant et inhumain", qui a "résulté dans la mort" de captifs américains, britanniques et japonais.

"Un crime terroriste ouvre une blessure béante dans une société, seule la justice peut mettre un terme à un tel chapitre monstrueux", a commenté le journaliste français Nicolas Hénin, otage entre 2013 et 2014 et qui avait témoigné de la cruauté de ses geôliers.

"Elle ne ramène pas les morts, ne guérit pas toutes les blessures, mais elle apaise. Elle désigne qui est coupable, qui est victime et elle ramène un peu d'ordre", a-t-il dit dans un message à l'AFP.

"Sans compassion"

Pour l'accusation, El Shafee el-Sheikh était "Ringo" alors que certains otages semblaient penser qu'il était "George". Il n'a jamais été réellement identifié comme membre du groupe par les ex-otages appelés à la barre, qui avaient toujours vu les membres de ce trio masqués.

Mais en 2018, il avait admis lors d'interviews avec des journalistes qu'il avait "interagi" "sans compassion" avec des otages placés sous sa supervision et celles de deux "amis" rencontrés à Londres, Mohammed Emwazi et Alexanda Kotey.

C'est avec ce dernier qu'il avait été arrêté en 2018 par les forces kurdes en Syrie. Ils avaient été transférés aux Etats-Unis pour être jugés mais Alexanda Kotey a choisi de plaider coupable et sera fixé sur sa peine le 29 avril.

Le troisième membre du trio a été tué dans une attaque de drones en 2015. Surnommé "Jihadi John", il avait été identifié après être apparu avec un couteau de boucher sur des vidéos de propagande de l'EI mettant en scène la décapitation d'otages occidentaux.

ats, afp

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