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Nagasaki se recueille, 75 ans après la bombe atomique

Le premier ministre japonais Shinzo Abe a déposé une gerbe lors d'une cérémonie au Parc de la paix. © KEYSTONE/EPA/DAI KUROKAWA
Le premier ministre japonais Shinzo Abe a déposé une gerbe lors d'une cérémonie au Parc de la paix. © KEYSTONE/EPA/DAI KUROKAWA


Publié le 09.08.2020


La ville japonaise de Nagasaki a marqué dimanche le 75e anniversaire de sa destruction par une bombe atomique. L'ampleur de la cérémonie a été revue à la baisse en raison de la pandémie de coronavirus.

Trois jours après le largage de la bombe "Little Boy" sur Hiroshima, Nagasaki avait à son tour été dévastée le 9 août 1945 par le feu nucléaire. Ces deux bombes d'une puissance destructrice inédite à l'époque ont achevé de mettre le Japon à genoux: le 15 août 1945, l'empereur Hirohito annonçait à ses sujets la capitulation face aux Alliés, signant ainsi la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Dimanche matin, une messe a été dite à la mémoire des victimes à l'église Urakami, près du lieu de l'explosion, tandis que d'autres habitants ont participé à une cérémonie dans le Parc de la paix. Le premier ministre Shinzo Abe a déposé une gerbe de fleurs en mémoire des victimes.

Le nombre de personnes autorisées à y assister avait été réduit de 90% par rapport au chiffre des précédentes années. Les personnes le souhaitant pouvaient cependant suivre les commémorations en direct à la télévision.

"Blessures terribles"

Terumi Tanaka, 88 ans, qui avait treize ans le jour du bombardement, se souvient encore du moment où tout devint blanc dans un éclair de lumière. "J'ai vu beaucoup de gens avec des brûlures et des blessures terribles en train d'évacuer des personnes déjà mortes vers une école primaire transformée en refuge", confiait récemment à l'AFP M. Tanaka, qui perdit deux tantes ce jour-là.

Les survivants "pensent que le monde doit renoncer aux armes nucléaires parce que nous ne voulons pas que les jeunes générations vivent la même chose", expliquait-il, tout en s'inquiétant de l'excès de confiance de la population, convaincue selon lui qu'une bombe atomique ne pourra plus jamais être larguée.

"Les êtres humains possèdent environ 13'000 bombes atomiques aujourd'hui. Comment peut-on le permettre?", s'est-il indigné "Les gens croient qu'on en utilisera plus jamais. Mais on ne sait jamais, on ne sait jamais."

Inquiétudes

Ces cérémonies interviennent alors que les inquiétudes relatives aux programmes nucléaires nord-coréens demeurent et que les relations ne cessent de s'envenimer entre Washington et Pékin.

La bombe atomique a fait environ 140'000 morts à Hiroshima. De nombreuses victimes ont été tuées sur le coup et beaucoup d'autres sont aussi décédées des suites de leurs blessures ou des radiations dans les semaines et les mois suivants. Celle larguée sur Nagasaki fit 74'000 morts supplémentaires.

Crimes de guerre

Les historiens continuent cependant de débattre sur la question de savoir si cette double attaque nucléaire a réellement permis d'épargner davantage de vies en précipitant la fin du conflit.

Beaucoup considèrent comme des crimes de guerre les attaques nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki, de par l'ampleur sans précédent de leurs dévastations et leur grand nombre de victimes civiles.

Les Etats-Unis ne se sont jamais officiellement excusés. Mais en 2016, Barack Obama est devenu le premier président américain en exercice à se rendre à Hiroshima, où il avait rendu hommage aux victimes et appelé à un monde sans armes nucléaires.

ats, afp

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