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Nicaragua: la Suisse "active" pour une solution, selon Maradiaga

L'opposant Felix Maradiaga salue l'approche de la Suisse dans la crise au Venezuela. Selon lui, plus de 530 personnes ont été dans les manifestations l'an dernier. © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI
L'opposant Felix Maradiaga salue l'approche de la Suisse dans la crise au Venezuela. Selon lui, plus de 530 personnes ont été dans les manifestations l'an dernier. © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI


Publié le 26.03.2019


La Suisse est l'un des pays "très actifs" pour une solution à la crise politique au Nicaragua, selon l'opposant Felix Maradiaga. Malgré le mandat d'arrêt contre lui, celui-ci va rentrer "bientôt" dans son pays. Il n'exclut pas non plus une candidature présidentielle.

"Nous respectons" l'approche "de non-confrontation" de la Suisse avec les autorités du président Daniel Ortega, explique M. Maradiaga dans un entretien accordé mardi à Keystone-ATS en marge du Sommet de Genève pour les droits de l'homme et la démocratie. Berne est l'un des rares gouvernements à rester engagé dans ce pays en "discussion étroite" avec Managua.

Depuis longtemps, la Suisse finance l'établissement d'une société civile dans ce pays. Or, celle-ci a été attaquée par le gouvernement après les manifestations de l'an dernier.

L'Institut d'études stratégiques et des politiques publiques (IEEPP), que dirigeait M. Maradiaga, a fait partie des ONG interdites en décembre par le président, sous l'accusation de chercher à lancer un coup d'Etat contre lui.

Les bureaux ont été fermés et les avoirs saisis. La Suisse représentait le principal donateur de son organisation avec 35% du financement. Certes, elle n'accompagne pas le dialogue actuel entre le gouvernement et l'Alliance civique, un bloc de l'opposition, facilité par l'Eglise locale et soutenu par le Vatican.

Ciblé comme ennemi par Ortega

Ces discussions doivent résoudre la crise politique après les manifestations qui ont provoqué des centaines d'arrestations et, selon l'ONU, un recours excessif à la force des autorités et de nombreuses violations des droits de l'homme. M. Maradiaga, lui-même battu, se doit d'être "optimiste" même si les arrestations se poursuivent.

Selon lui, la Suisse est aussi importante pour contribuer à "démolir" les accusations lesquelles l'opposition nicaraguayenne ne serait qu'un instrument du président américain Donald Trump, dit l'opposant. Pour autant, il "respecte" aussi l'approche plus agressive des Etats-Unis.

M. Maradiaga est toujours sous le coup d'un mandat d'arrêt dans son pays, lancé en juin puis en septembre 2018 pour financement du terrorisme et élargi à d'autres motifs. Il n'est plus rentré au Nicaragua depuis la mi-juillet. Sans pouvoir dévoiler la date pour rester prudent et pour éviter de "perturber" le dialogue en cours, l'opposant affirme qu'il veut retourner à Managua "bientôt".

Il n'exclut pas non plus d'être un jour candidat à la présidence, la prochaine étant prévue en 2021, même si ce scénario ne figure pas parmi "ses plans immédiats". Daniel Ortega a fait de lui le principal ennemi du Nicaragua.

Plus de 530 tués

"Je ne suis pas le problème. Le problème est que Daniel Ortega et sa femme ont été élus en violation de la Constitution et qu'ils ont eu recours à des violences graves" pour restreindre les libertés fondamentales, glisse M. Maradiaga. "Le gouvernement me donne trop d'importance", ajoute-t-il en expliquant que les autorités cherchent à criminaliser l'opposition autour d'une personnalité.

Mais il veut capitaliser sur cette exposition pour obtenir la libération des détenus politiques qui pourront préparer, selon lui, une nouvelle période démocratique. D'autant plus que le Nicaragua n'a "pas" de "Juan Guaido".

Au total, les ONG ont mentionné au moins 325 victimes dans les manifestations de 2018. Selon l'IEEPP, ce chiffre atteindrait plutôt 530. M. Maradiaga explique que ces estimations portent sur de nombreux entretiens avec des familles et pas seulement sur des documents de décès dont les raisons sont falsifiées.

Pour l'opposant, "ce n'est qu'une question de temps" avant que le président parte, au plus tard lors du scrutin de 2021. M. Maradiaga reste prudent sur la promesse de Daniel Ortega de relâcher les centaines de prisonniers sous trois mois pour éviter une rupture du dialogue.

Autre donnée, selon lui, le parti du président est divisé et la situation du chef de l'Etat vénézuélien Nicolas Maduro décidera de celle de Daniel Ortega. Caracas maintient toujours son soutien économique au Nicaragua. Managua n'a pas réussi dans ses tentatives de se tourner vers l'Iran, la Chine ou encore la Russie.

ats

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