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Nouveaux heurts à Beyrouth au lendemain de violences inédites

Des renforts de l'armée et de la police anti-émeute ont été déployés dans le centre-ville de Beyrouth où les manifestants se sont rassemblés à l'entrée d'une avenue menant au Parlement (archives). © KEYSTONE/AP/HM
Des renforts de l'armée et de la police anti-émeute ont été déployés dans le centre-ville de Beyrouth où les manifestants se sont rassemblés à l'entrée d'une avenue menant au Parlement (archives). © KEYSTONE/AP/HM


Publié le 19.01.2020


Les forces de sécurité ont tiré dimanche à Beyrouth des gaz lacrymogènes et utilisé un canon à eau pour disperser des manifestants antigouvernementaux. Des affrontements d'une rare violence ont fait des centaines de blessés la veille dans un Liban en crise.

Des renforts de l'armée et de la police anti-émeute ont été déployés dans le centre-ville. Les manifestants se sont rassemblés à l'entrée d'une avenue menant au Parlement, près de la place des Martyrs, épicentre du mouvement de contestation déclenché le 17 octobre contre une classe politique jugée corrompue et incompétente.

Pour le deuxième soir consécutif, aux cris de "révolution, révolution", des manifestants ont jeté des pierres et des pétards sur le barrage policier bloquant l'avenue. La police a répliqué en activant un canon à eau et en tirant des gaz lacrymogènes.

"Révolutionnaires libres"

En trois mois de contestation, la colère n'a fait que grandir chez les manifestants qui fustigent l'inertie des dirigeants: la crise économique s'aggrave avec licenciements en masse, restrictions bancaires drastiques et une forte dépréciation de la livre libanaise face au dollar.

"Révolutionnaires libres nous allons poursuivre la voie", ont scandé sous la pluie les contestataires, brandissant des drapeaux libanais. "On en a marre des hommes politiques. Après trois mois de révolution, ils nous prouvent qu'ils ne changent pas, qu'ils n'écoutent pas, qu'ils n'apportent rien", s'insurge Mazen, 34 ans.

Sur Twitter, les forces de sécurité intérieure ont appelé les manifestants à préserver le caractère "pacifique" du rassemblement et à ne pas "attaquer" la police.

"Brutal"

Samedi, la capitale libanaise a connu un niveau de violence inédit depuis le début de la contestation. Des heurts entre forces de l'ordre et manifestants ont fait au moins 377 blessés dans les deux camps, selon des bilans de la Croix-rouge libanaise et de la défense civile compilés par l'AFP.

Le centre-ville s'était rapidement retrouvé enveloppé par la fumée des gaz lacrymogènes et déchiré par le hurlement des sirènes d'ambulances. Les forces de l'ordre ont tiré des balles en caoutchouc et eu recours aux canons à eau.

"Il n'y avait aucune justification pour le recours brutal à la force par la police anti-émeute contre des manifestants largement pacifiques", a estimé Human Rights Watch (HRW). Accusant les policiers d'avoir "tiré des balles en caoutchouc dans les yeux", Michael Page, directeur adjoint de HRW pour le Moyen-Orient, a appelé les autorités à "mettre fin à cette culture de l'impunité pour les abus policiers".

Les manifestants réclament un gouvernement d'indépendants et de technocrates alors que la classe dirigeante est quasi inchangée depuis des décennies, mais aussi une amélioration des services publics quasiment absents -graves pénuries d'eau et d'électricité-, et la fin du chômage et de la corruption.

Après la démission fin octobre du Premier ministre Saad Hariri, sous la pression de la rue, Hassan Diab a été désigné pour le remplacer le 19 décembre mais ce dernier n'a toujours pas formé son gouvernement. Les partis politiques poursuivent en effet des tractations interminables pour tenter de garantir leur représentation au sein de la future équipe.

ats, afp

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