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Opioïdes: le Louvre masque le nom de donateurs controversés

Les panneaux de plusieurs salles du Louvre consacrées aux Antiquités orientales portaient la mention "aile Sackler" (archives). © KEYSTONE/AP/SETH WENIG
Les panneaux de plusieurs salles du Louvre consacrées aux Antiquités orientales portaient la mention "aile Sackler" (archives). © KEYSTONE/AP/SETH WENIG


Publié le 17.07.2019


Leur patronyme, présent dans plusieurs salles du musée, prêtait à polémique: le musée parisien du Louvre a récemment masqué le nom de la famille Sackler, dont le laboratoire pharmaceutique est accusé d'être responsable de la crise des opiacés aux Etats-Unis.

Mercredi, les panneaux de plusieurs salles consacrées aux Antiquités orientales étaient recouverts de morceaux de scotch pour masquer la mention "aile Sackler", encore gravée sur les plaques, a constaté sur place un journaliste de l'AFP. Contacté, le musée n'était pas en mesure de préciser quand le scotch avait été installé.

Cette section du Louvre arborait le nom de la famille américaine depuis un don de leur part en 1996. Début juillet, l'association américaine PAIN (Pain Addiction Intervention Now) avait organisé une manifestation devant le musée français, pour lui demander de débaptiser cette aile.

Menée par la photographe Nan Goldin, ancienne accro aux antidouleurs, l'organisation milite pour inciter les institutions culturelles à s'éloigner de la famille Sackler, au vu de son rôle dans la crise des opioïdes responsable de dizaine de milliers de morts aux Etats-Unis.

Le "nommage" d'une salle dure "20 ans"

Le président du Louvre, Jean-Luc Martinez, avait réagi mardi sur RTL en expliquant que le musée n'a "pas à débaptiser ces salles puisqu'elles ne portent plus le nom de Sackler": les règles internes à l'institution prévoient que le "nommage" d'une salle dure "20 ans" maximum, avait-il expliqué. Sous-entendu: le nom "Sackler" ne serait plus associé au Louvre depuis 2016.

Le musée aurait-il oublié d'effacer les mentions "aile Sackler" sur ses panneaux depuis trois ans? Interrogé à ce sujet, le Louvre s'est refusé à tout autre commentaire.

"C'est une satisfaction, même si elle est un peu en demi-teinte, vu la façon dont le Louvre agit", a réagi un porte-parole de PAIN, en saluant cette prise de distance. L'association "a pour politique de féliciter les institutions qui prennent ce genre de décisions, on aimerait juste que ce soit fait officiellement", a-t-il ajouté.

Ces derniers mois, la National Portrait Gallery et la Tate Gallery de Londres, le Metropolitan Museum ou encore le Guggenheim de New York (Etats-Unis) ont renoncé aux dons des Sackler face à cette polémique. Mais le Louvre "est le premier à débaptiser. Ca va être un exemple suivi par d'autres musées", a-t-il espéré.

Très influents au sein du gotha new-yorkais, les Sackler ont construit leur réputation grâce au mécénat et bâti leur fortune sur l'OxyContin. Ce puissant antidouleur est accusé d'être à l'origine de la crise des opiacés qui a fait 47'000 morts par overdose aux Etats-Unis en 2017.

ats, afp

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