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Ouïghours: échange de sanctions entre Pékin et Washington

Les Ouïghours constituent près de la moitié de la population du Xinjiang. Très majoritairement musulmans, ils parlent pour la plupart une langue turcique (de la même famille que le turc) mais pas forcément le chinois (archives). © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI
Les Ouïghours constituent près de la moitié de la population du Xinjiang. Très majoritairement musulmans, ils parlent pour la plupart une langue turcique (de la même famille que le turc) mais pas forcément le chinois (archives). © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI


Publié le 10.07.2020


Nouvelle escalade Pékin-Washington: la Chine a annoncé vendredi des représailles contre les Etats-Unis. Washington a sanctionné jeudi plusieurs dirigeants chinois accusés de réprimer la minorité musulmane ouïghoure au Xinjiang.

Cette vaste région semi-désertique d'environ 25 millions d'habitants dans le nord-ouest de la Chine a longtemps été frappée par des attentats meurtriers attribués à des indépendantistes ou des islamistes. Elle fait l'objet depuis quelques années d'une très ferme reprise en main.

Les Ouïghours constituent près de la moitié de la population du Xinjiang. Très majoritairement musulmans, ils parlent pour la plupart une langue turcique (de la même famille que le turc) mais pas forcément le chinois.

Des experts et des organisations de défense des droits de l'Homme accusent Pékin d'avoir fait interner jusqu'à un million de musulmans, principalement d'ethnie ouïghoure, dans des camps de la région au nom de la lutte antiterroriste. La Chine dément ce chiffre et affirme que ces personnes sont emmenées dans des centres de formation professionnelle, destinés à les aider à trouver un emploi afin de les éloigner de la tentation de l'extrémisme.

Depuis longtemps en première ligne sur le dossier, Washington a infligé jeudi des sanctions inédites à l'encontre de plusieurs dirigeants chinois, accusés d'être liés à "de graves atteintes" aux droits de l'Homme au Xinjiang.

Les visas d'entrée seront désormais refusés à trois responsables et à leurs familles. Selon le secrétaire d'Etat Mike Pompeo, des "mauvais traitements horribles et systématiques" visent les Ouïghours et d'autres minorités.

Mal comportés

"La Chine a décidé de prendre des mesures de réciprocité vis-à-vis des organisations et individus américains qui se sont mal comportés sur les questions relatives au Xinjiang", a réagi vendredi Zhao Lijian, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

"Cette initiative américaine s'ingère gravement dans les affaires intérieures de la Chine (...) et porte gravement atteinte aux relations sino-américaines", a-t-il souligné lors d'une conférence de presse, sans préciser les noms des individus dans le collimateur de Pékin.

Parmi les personnes visées par les sanctions des Etats-Unis figure Chen Quanguo, principal responsable du Parti communiste chinois (PCC) au Xinjiang. Il est considéré comme l'architecte de la politique sécuritaire de Pékin dans la région.

La Chine se félicite de l'absence d'attentats depuis l'arrivée de M. Chen et la mise en place d'une surveillance omniprésente: nombreux contrôles d'identité, portiques de sécurité dans les bâtiments publics, caméras de reconnaissance faciale ou encore barrages policiers.

Regain de tension

Wang Mingshan, responsable de la sécurité publique du Xinjiang, et Zhu Hailun, ancien responsable du PCC dans la région, sont également visés. Le département américain au Trésor a lui aussi annoncé en parallèle des sanctions économiques contre un quatrième individu: Huo Liujun, ex-responsable de la sécurité du Xinjiang.

Ces initiatives américaines surviennent sur fond de tensions croissantes entre Pékin et Washington sur une longue série de sujets: guerre commerciale, Covid-19, loi sur la sécurité nationale à Hong Kong, mer de Chine méridionale, Taïwan...

ats, afp

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