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Paludisme: la résistance aux traitements s'aggrave en Asie

Le parasite Plasmodium falciparum est transmis lors de piqûre de moustique (archives). © KEYSTONE/EPA/STEPHEN MORRISON
Le parasite Plasmodium falciparum est transmis lors de piqûre de moustique (archives). © KEYSTONE/EPA/STEPHEN  MORRISON


Publié le 23.07.2019


Le problème de la résistance multiple aux traitements des parasites responsables du paludisme s'est considérablement aggravé dans le Sud-Est asiatique, s'alarment des chercheurs. Plus de 200 millions de cas de malaria surviennent chaque année dans le monde.

Ils sont en majorité dus au parasite Plasmodium falciparum, responsable de neuf décès sur dix. Les patients sont généralement traités par des produits dérivés de l'artémisinine, administrés en combinaison avec d'autres médicaments antipaludéens.

Jusqu'à 80% des parasites les plus courants du nord-est de la Thaïlande et, dans d'autres parties de la région, sont maintenant résistants à la combinaison de deux médicaments la plus utilisée (l'artémisinine et la pipéraquine), selon deux études, publiées mardi dans la revue spécialisée The Lancet Infectious Diseases.

Cette résistance au traitement avait fait son apparition en 2008 dans l'ouest du Cambodge. Les parasites (Plasmodium falciparum), qui se propagent rapidement, ont également acquis de nouvelles capacités de résistance aux traitements, par le biais de mutations génétiques.

"Résultats inquiétants"

Ils provoquent ainsi l'échec d'une association médicamenteuse de première ligne contre le paludisme, la "DHA-PPQ" à base d'artémisinine (dihydroartémisinine associée à la pipéraquine), dans la moitié des cas dans le sud-ouest du Vietnam, dans 67% des cas dans l'ouest du Cambodge et 87% des cas dans le nord-est de la Thaïlande.

"Ces résultats inquiétants indiquent que le problème de la multirésistance à Plasmodium falciparum s'est considérablement aggravé en Asie du Sud-Est depuis 2015", déclare le professeur Olivo Miotto du Wellcome Sanger Institute et de l'université d'Oxford, cosignataire des deux études et qui a codirigé l'étude dite d'épidémiologie génomique.

"Cette souche parasitaire résistante très efficace est capable d'envahir de nouveaux territoires et d'acquérir de nouvelles propriétés génétiques", poursuit-il. Il évoque "la perspective terrifiante" de la propagation du parasite en Afrique, où la plupart des cas de paludisme surviennent.

Une propagation similaire de la résistance à la chloroquine dans les années 1980 a contribué à des millions de décès en Afrique subsaharienne, notent les chercheurs.

"L'une des options consiste à remplacer la pipéraquine par un médicament actuellement efficace comme la méfloquine ou la pyronaridine, comme l'ont déjà fait le Cambodge et la Thaïlande", selon l'un des chercheurs, le Pr Tran Tinh Hien (Oxford University Clinical Research Unit, Vietnam).

ats, afp

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