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Paris, Madrid, Berlin et Londres lancent un ultimatum à Maduro

Mike Pompeo, à droite sur le cliché, a nommé Elliott Abrams, à gauche, émissaire des Etats-Unis au Venezuela. © KEYSTONE/AP/MANUEL BALCE CENETA
Mike Pompeo, à droite sur le cliché, a nommé Elliott Abrams, à gauche, émissaire des Etats-Unis au Venezuela. © KEYSTONE/AP/MANUEL BALCE CENETA
Juan Guaido s'est autoproclamé "président" par intérim du Venezuela avec le soutien des États-Unis (archives). © KEYSTONE/AP/FERNANDO LLANO
Juan Guaido s'est autoproclamé "président" par intérim du Venezuela avec le soutien des États-Unis (archives). © KEYSTONE/AP/FERNANDO LLANO


Publié le 26.01.2019


Madrid, Paris, Berlin et Londres ont lancé samedi de manière coordonnée un ultimatum à Nicolas Maduro. Ils ont annoncé qu'ils reconnaîtraient l'opposant Juan Guaido comme "président" du Venezuela si des élections n'étaient pas convoquées sous "huit jours".

Le chef du gouvernement socialiste espagnol Pedro Sanchez a affirmé que si des élections "justes, libres et transparentes" n'étaient pas convoquées dans un "délai de huit jours", l'Espagne reconnaîtrait "Juan Guaido comme président du Venezuela" afin que ce dernier "convoque ces élections". Paris et Berlin ont lancé quelques minutes plus tard un message similaire.

"Sans élections annoncées d'ici huit jours, nous serons prêts à reconnaître @jguaido comme 'Président en charge' du Venezuela pour enclencher un processus politique. Nous y travaillons entre partenaires européens", a lancé sur Twitter le président français Emmanuel Macron.

Berlin s'est exprimé via un tweet de Martina Fietz, porte-parole du gouvernement allemand. "Juan Guaido est la personnes qu'il faut pour faire avancer le Venezuela", a affirmé le ministre britannique des Affaires étrangères Jeremy Hunt sur Twitter.

Ces annonces coordonnées ont été immédiatement saluées sur Twitter par Juan Guaido. Elles interviennent alors que les Etats membres de l'UE ne sont pas parvenus vendredi, en raison de leurs divisions, à s'entendre sur une "déclaration commune" dans ce sens, selon des sources diplomatiques. Madrid et d'autres Etats ont jugé le texte proposé trop faible tandis qu'Athènes soutient le régime de Nicolas Maduro.

Reconnaissance américaine

Cet ultimatum en provenance de trois poids lourds européens intervient alors que doit se tenir à New York une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies. Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo y participe dès 14h00. Il a appelé l'ensemble de la communauté internationale à reconnaître Juan Guaido, a annoncé le département d'État.

Le ministre des Affaires étrangères de Nicolas Maduro, Jorge Arreaza, est lui aussi attendu à New York pour faire connaître "la vérité sur le Venezuela", selon M. Maduro. Les États-Unis sont le seul des cinq membres permanents du Conseil de sécurité à avoir formellement reconnu Juan Guaido comme "président".

La France est désormais prête à le faire si un scrutin n'est pas convoqué sous huit jours tandis que le Royaume-Uni a exprimé un soutien clair à M. Guaido sans le reconnaître formellement. La Russie a en revanche clairement apporté son soutien à M. Maduro. La Chine a dénoncé des "ingérences extérieures".

"Faux dialogue"

Une intense activité diplomatique se déploie autour de cette crise dans le géant pétrolier d'Amérique latine. Un bras de fer est engagé à Caracas entre Juan Guaido, 35 ans, président du Parlement qui s'est proclamé "président" par intérim, et Nicolas Maduro, investi le 10 janvier pour un second mandat considéré comme illégitime par les Etats-Unis, l'Union européenne et la plupart des pays d'Amérique latine.

M. Maduro a fait une ouverture en proposant à son rival de le rencontrer. Mais son offre a été rejetée vendredi par M. Guaido, qui parlait devant plusieurs centaines de partisans sur une place de Chacao, dans l'est de Caracas.

"La répression, quand elle ne donne pas de résultat, se transforme en un faux dialogue", a estimé M. Guaido. Il a poursuivi son offensive contre M. Maduro en appelant à une "grande mobilisation" dans la rue la semaine prochaine.

26 morts

Nicolas Maduro, qui peut compter sur le soutien de l'armée, a lui appelé à "la rébellion populaire contre le coup d'Etat" dont il accuse Washington d'être l'instigateur. "Le peuple dans la rue!", a-t-il lancé. Les mouvements de protestation contre le régime ont fait 26 morts en quatre jours, selon l'ONG Observatorio Venezolano de Conflictividad Social.

Plus de 350 personnes ont été arrêtées cette semaine lors de ces manifestations, "dont 320 pour la seule journée du 23 janvier", a déclaré la Haut commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Michelle Bachelet. Juan Guaido a laissé entrevoir jeudi une porte de sortie à Nicolas Maduro en évoquant une éventuelle amnistie.

Le vice-président brésilien Hamilton Mourao, dont le pays figure parmi ceux qui ont reconnu Juan Guaido comme président par intérim, a lui proposé la création d'un "corridor d'évacuation" afin d'exfiltrer Nicolas Maduro.

L'aggravation de la crise politique intervient en pleine débâcle économique dans ce pays pétrolier, jadis prospère et désormais frappé par d'importantes pénuries de nourriture et de médicaments, et soumis à une hyperinflation qui devrait selon le Fonds monétaire international (FMI) atteindre 10'000'000% en 2019.

ats, afp

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