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Pas de visages couverts dans les services publics québecois

La nouvelle loi a été adoptée sans le soutien des trois partis d'opposition au gouvernement libéral de Philippe Couillard (c) (archives). © KEYSTONE/AP The Canadian Press/ANDREW VAUGHAN
La nouvelle loi a été adoptée sans le soutien des trois partis d'opposition au gouvernement libéral de Philippe Couillard (c) (archives). © KEYSTONE/AP The Canadian Press/ANDREW VAUGHAN


Publié le 18.10.2017


L'Assemblée nationale du Québec a voté mercredi une loi controversée interdisant d'avoir le visage couvert pour demander ou recevoir des services publics. Elle cible ainsi le port du voile intégral (niqab, burqa) dans les administrations.

Cette loi sur "la neutralité religieuse de l'Etat québécois" concerne aussi bien les fonctionnaires des administrations provinciales ou municipales que les citoyens recourant à leurs services.

Toute personne venant dans une administration, montant à bord d'un autobus ou allant dans une école ou un hôpital devra être facilement identifiable et avoir le visage libre de tout accessoire vestimentaire, prescrit la loi.

La loi 62 vise à "reconnaître l'importance d'avoir le visage découvert lorsque des services publics sont donnés et reçus afin de s'assurer de la qualité des communications entre les personnes, de permettre la vérification de l'identité de celles-ci ou pour des fins de sécurité".

Elle prévoit cependant la possibilité pour les citoyens de demander des "accommodements" dits "raisonnables", autrement dit des dérogations en vertu de la Charte des droits et libertés, document constitutionnel garantissant "la liberté de religion". Les demandes seront traitées au cas par cas.

Décennie de polémique

Paradoxalement, la loi n'interdit pas le port de signes religieux par les fonctionnaires, ni le crucifix trônant à l'Assemblée nationale du Québec, ce dernier étant considéré comme un élément du "patrimoine" québécois. Cette loi fait suite à une décennie de polémiques sur les rapports entre l'Etat québécois et certaines minorités.

Le sujet est sensible au Canada, et plus particulièrement dans la province francophone, où la population a massivement tourné le dos au catholicisme dans les années 1960, mais où des mouvements d'extrême droite s'élèvent maintenant contre certaines communautés issues de l'immigration.

Cette loi a été adoptée sans le soutien des trois partis d'opposition au gouvernement libéral de Philippe Couillard.

Au détriment du vivre-ensemble

Le parti Québécois (indépendantiste) a déploré que l'adoption de cette loi se fasse "au détriment du vivre-ensemble québécois. Le résultat est une société divisée : pour les uns, le projet de loi ne va pas assez loin et ne donnera pas de résultats; pour les autres, le projet de loi est carrément raciste", a dénoncé Agnès Maltais.

Le maire de Montréal, Denis Coderre, estimant sa métropole particulièrement visée par les mesures, a dénoncé une loi "inacceptable" et peu applicable au quotidien, selon lui.

ats, afp

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