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Politiciens et patrons de presse soulignent l'urgence d'une aide

Face à l'érosion de la diversité des médias, le président de la fondation ch pour la collaboration confédérale Pascal Broulis estime que les cantons doivent réfléchir à une aide aux médias (archives). © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI
Face à l'érosion de la diversité des médias, le président de la fondation ch pour la collaboration confédérale Pascal Broulis estime que les cantons doivent réfléchir à une aide aux médias (archives). © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI
Face à l'érosion de la diversité des médias, le président de la fondation ch pour la collaboration confédérale Pascal Broulis estime que les cantons doivent réfléchir à une aide aux médias (archives). © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI
Face à l'érosion de la diversité des médias, le président de la fondation ch pour la collaboration confédérale Pascal Broulis estime que les cantons doivent réfléchir à une aide aux médias (archives). © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI


Publié le 18.11.2019


Politiciens et responsables de médias ont souligné lundi à Berne l'urgence d'un renforcement de l'aide à la presse. L'aide à la distribution des journaux et un soutien accru à l'agence Keystone-ATS ont été largement évoqués.

L'aide à l'agence de presse nationale a reçu le soutien de nombreux intervenants, à gauche comme à droite. La présidente des Verts suisses Regula Rytz a parlé d'une mesure "nécessaire". Elle a aussi appelé de ses voeux une aide directe en faveur des nouveaux acteurs médiatiques et du journalisme de qualité, en particulier dans les régions. "Nous avons perdu trop de temps, il faut faire vite".

Le conseiller aux Etats Stefan Engler (PDC/GR) a pour sa part estimé qu'il y avait un intérêt public à renforcer l'aide indirecte afin de conserver la diversité médiatique et éviter la poursuite de la concentration dans les médias.

Quelque 150 dirigeants de médias, responsables politiques et académiciens ont participé à une conférence nationale sur le thème "Transformation des médias et fédéralisme", organisée par la fondation ch pour la collaboration confédérale.

Aide directe "problématique"

Dans une interview publiée le même jour dans "Le Temps", le président de la fondation, le conseiller d'Etat vaudois Pascal Broulis, a estimé que les cantons doivent envisager une aide indirecte aux médias car la "situation est critique".

Un soutien qui pourrait passer en particulier par l'agence nationale. "J’estime qu’il faut débattre de l’avenir de Keystone-ATS, cela de manière à garantir l’existence même d’une agence de presse distillant la même qualité de contenus dans les trois régions linguistiques du pays".

Et de justifier: "pour que le modèle suisse fonctionne, il faut se connaître d'un bout à l'autre du pays [...] Ce que permet une telle agence". Pascal Broulis a en revanche mis en garde sur les dangers d'une aide directe, celle-ci suscitant un "problème d'indépendance".

Nouvelle structure pour l'agence

Le vice-directeur de Keystone-ATS, Jann Jenatsch, a relevé pour sa part que le marché suisse est trop petit pour financer un service de base pour l'ensemble du pays. L'aide de deux millions de francs que la Confédération verse actuellement à l'agence n'est pas suffisante.

Mais pour permettre un soutien supplémentaire, il s'agit d'adapter les structures de l'entreprise et de séparer le domaine subventionné, a convenu Jann Jenatsch, précisant que le conseil d'administration a lancé une réflexion à ce sujet. "Il faut avancer vite", a-t-il ajouté.

Intervenant sur la situation de l'agence, le président du groupe alémanique CH Media Peter Wanner a sévèrement critiqué les actionnaires de l'ancienne ATS. Ceux-ci se sont partagé une grande partie des réserves de l'agence avant la fusion avec Keystone, au lieu d'utiliser cet argent pour financer le virage numérique, ou pour permettre une baisse des tarifs, a-t-il pointé, parlant d'une attitude "scandaleusement fausse".

Peter Wanner a en revanche salué le fait que le conseil d'administration saisisse désormais "sérieusement" le dossier de l'aide à l'agence.

Le fardeau de la distribution des journaux

Alors qu'il était longtemps réticent dans ce domaine, Peter Wanner a appelé à renforcer l'aide indirecte, sous la forme d'une hausse de l'aide à la distribution matinale des journaux. Cette aide, qui peut être activée tout de suite dans le cadre de la législation existante, est indispensable pour maintenir les journaux en vie, et leur donner le temps de mener à bien leur transition numérique, a-t-il souligné.

Le patron de presse argovien reste par ailleurs très réservé sur l'aide directe aux médias en ligne évoquée par la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, un soutien qu'il juge délicat sur le plan politique. Cette aide doit rester "aussi éloignée que possible de l'Etat", a-t-il insisté. Il soutient ainsi l'idée de distribuer des bons de type "Voucher" au sein de la population, pour que chacun puisse s'abonner au média de son choix.

Urgence

L'urgence d'une aide à la presse a aussi été soulignée par Thierry Mauron, éditeur du journal La Liberté et président de Médias Suisses, l'association des médias privés de Suisse romande. Il a par ailleurs appelé à s'attaquer à la question des "droits voisins", afin de faire passer à la caisse les géants de l'internet (GAFA), "qui pillent les contenus des médias sans en produire eux-mêmes".

Il est vraiment urgent que les pouvoirs publics viennent en aide à Keystone-ATS afin d'interrompre le démantèlement du personnel qui se poursuit et pour garantir la qualité du service public des médias, a pour sa part déclaré lundi dans un communiqué syndicom. Mais en aucun cas de telles subventions ne doivent finir dans les poches des actionnaires, précise le syndicat des médias et des communications.

ats

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