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Perte monstre pour Telecom Italia

Telecom Italia a inscrit une perte monstre au troisième trimestre, en raison d'importantes dévaluations d'actifs pour lesquelles le groupe transalpin a dû effectuer des réserves financières (archives). © KEYSTONE/EPA/DANIEL DAL ZENNARO
Telecom Italia a inscrit une perte monstre au troisième trimestre, en raison d'importantes dévaluations d'actifs pour lesquelles le groupe transalpin a dû effectuer des réserves financières (archives). © KEYSTONE/EPA/DANIEL DAL ZENNARO


Publié le 09.11.2018


Telecom Italia (Tim) a subi au troisième trimestre une perte monstre en raison de dévaluations d'actifs et n'a pas pu confirmer son objectif pour 2018, la faute à la gouvernance dominée par le fonds Elliott, accuse son principal actionnaire Vivendi.

Au troisième trimestre, la perte nette de l'opérateur italien de télécommunications s'élève à quelque 1,4 milliard d'euros (1,6 milliard de francs), contre un bénéfice de 437 millions un an plus tôt.

Sur les neuf premiers mois de 2018, elle atteint 868 millions d'euros, contre un bénéfice de 1,03 milliard en 2017.

Les dévaluations réalisées, d'un montant de 2 milliards d'euros, sont dues "à la détérioration du cadre compétitif et de la régulation et à des taux d'intérêts plus élevés", a expliqué Tim, en précisant qu'elles ne modifiaient "pas les priorités stratégiques du plan triennal".

Il n'a néanmoins pas confirmé son objectif pour 2018 d'un ratio dette nette financière rectifiée et Ebitda à environ 2,7.

"Le troisième trimestre a été turbulent pour Telecom Italia, en raison surtout de deux facteurs: la décision du régulateur de passer à une facturation à 30 jours au lieu de 28 et l'entrée (de l'opérateur mobile français) Iliad sur le marché italien qui a contrarié les tendances positives précédentes", a expliqué le directeur général, Amos Genish, lors d'une conférence avec les analystes.

Ses comptes seront aussi plombés dans les prochains mois par les 2,4 milliards d'euros qu'il devra débourser pour les fréquences 5G, bien plus que prévu initialement.

Gestion "défaillante"

Parmi les autres données, le chiffre d'affaires trimestriel a reculé de 4,9% à 4,66 milliards d'euros.

Sa dette nette s'élève à 25,2 milliards d'euros, en baisse de plus d'un milliard d'euros sur un an, s'est félicité M. Genish.

"Malgré un cadre macroéconomique et de marché difficile, les neuf premiers mois de l'exercice montrent une solide évolution de la gestion opérationnelle", a assuré l'opérateur.

Les analystes en général, de Mediobanca à Morgan Stanley, ont exprimé des avis plutôt positifs, soulignant la bonne résistance des activités italiennes et fixant un objectif du titre en Bourse beaucoup plus élevé que l'actuel.

Mais Vivendi, principal actionnaire de Tim avec 24% de son capital, s'est dit "extrêmement préoccupé par la dégradation des résultats et par la chute du cours de Bourse", qui atteint près de 40% depuis la prise de contrôle du conseil d'administration (CA) par le fonds activiste américain Elliott, le 4 mai.

"Les résultats reflètent la défaillance de la nouvelle gouvernance" et une "politique +court-termiste+", a déclaré à l'AFP un porte-parole de Vivendi.

"Nous sommes très surpris par la décision du conseil d'administration de passer 2 milliards d'euros de provisions pour des dépréciations. C'est une décision soudaine, inhabituelle en cours d'exercice et très déstabilisante", a-t-il ajouté, en précisant que les représentants de Vivendi avaient voté contre.

"On peut s'interroger sur la volonté d'Elliott de faire chuter le cours de Bourse", alors qu'il est protégé par une clause ("collar") avec JP Morgan en cas de baisse, a encore dit le porte-parole.

Vivendi s'est aussi dit "surpris et choqué par la décision du CA de ne pas convoquer une assemblée générale pour renouveler les commissaires aux comptes", ce qui laissera Tim sans commissaires à partir du 1er janvier.

Début septembre, le groupe de Vincent Bolloré avait déjà fustigé "la gestion désastreuse" de Tim par Elliott.

Elliott s'était étonné de ces remarques, soulignant que Vivendi n'avait jamais cru bon de devoir changer le management, alors que M. Genish a été désigné par le précédent CA dans lequel il était majoritaire.

Dans ce climat plutôt délétère, M. Genish a indiqué que le management était "concentré afin de garantir les meilleurs résultats possibles, en évitant les rumeurs qui (l') entourent".

"Nous espérons que tous les membres du CA et tous les actionnaires sont prêts à soutenir Tim pour garantir une amélioration de la gouvernance afin qu"elle atteigne les meilleurs standards", a-t-il ajouté.

En mai, Vivendi avait indiqué qu'il pourrait demander la convocation d'une assemblée générale pour remanier de nouveau le CA de Tim. Une hypothèse qu'il n'a pas exclue vendredi et qui pourrait donc être de nouveau d'actualité.

ats, awp, afp

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