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Pierre Maudet remet son mandat, mais repart au combat

Pierre Maudet jette l'éponge, mais reste combatif. Il sera candidat à sa propre succession. © KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT
Pierre Maudet jette l'éponge, mais reste combatif. Il sera candidat à sa propre succession. © KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT
Pierre Maudet a annoncé remettre son mandat au gouvernement genevois, mais aussi repartir en campagne pour sa succession. © KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT
Pierre Maudet a annoncé remettre son mandat au gouvernement genevois, mais aussi repartir en campagne pour sa succession. © KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT


Publié le 29.10.2020


Le conseiller d'Etat Pierre Maudet a annoncé jeudi sa démission du gouvernement genevois. Il sera par ailleurs candidat à sa propre succession. La perte de son département a été l'humiliation de trop à ses yeux.

"Je dérange et on me met de côté", a déclaré le conseiller d'Etat indépendant devant la presse. "J'ai avalé des couleuvres, à la fin c'était même des boas constricteurs", a ajouté le magistrat. Mercredi, ses collègues du gouvernement l'ont "brutalement dépouillé de ses prérogatives".

Pierre Maudet remettra sa démission la semaine prochaine. Une élection complémentaire pourrait se tenir au début du mois de mars, estime-t-il. D'ici là, il restera en poste et assistera aux séances du Conseil d'Etat.

"Le Conseil d'Etat prend acte de cette annonce qui aura le mérite de clarifier les choses", a déclaré la présidente de l'exécutif Anne Emery-Torracinta. "On attend la date effective de sa démission", a-t-elle ajouté.

"Confinement politique"

Aux yeux de Pierre Maudet, l'exclusion dont il a été l'objet de la part du gouvernement s'apparente à une trahison du vote populaire. "Je suis élu et un exécutif ne peut pas dépouiller un de ses membres de ses attributions, seul le peuple peut le faire". C'est la raison pour laquelle il a décidé de se présenter à sa propre succession.

Pierre Maudet a dénoncé le traitement que ses collègues lui ont réservé, la façon dont il a été écarté des affaires. Pour lui, "ces moments de quarantaine", le fait d'avoir été placé en "confinement politique", sont cependant des expériences qu'il pourra mettre au service de la population.

"Exécution politique"

Le rapport intermédiaire dévoilé mercredi qui portait sur la gestion des ressources humaines de son ancien département du développement économique, et qui a poussé ses collègues de l'exécutif à lui retirer ses dossiers, a été, selon M.Maudet, un coup monté, "le prétexte à une exécution politique".

Le conseiller d'Etat a déploré le fait que son droit d'être entendu dans cette affaire ait été bafoué. Il a concédé avoir placé ses collaborateurs sous pression, notamment à cause de la crise sanitaire qui met à mal l'économie. "Cette intensité de travail, je l'ai voulue, j'ai demandé de l'agilité".

Des hauts fonctionnaires ont été sortis de "leur zone de confort", ils ont dû effectuer des remplacements. La pandémie de Covid-19 a conduit les entreprises dans de grandes difficultés. Les demandes d'exonérations de loyer ont afflué, des patrons désespérés appelaient le département, a relevé Pierre Maudet.

"Libre"

"Maintenant, je me sens libre", a déclaré le conseiller d'Etat qui était interrogé sur son état d'esprit actuel. "Le sens des institutions qui m'a toujours guidé, m'a aussi bridé". Le magistrat a avoué avoir "dû fendre la cuirasse".

Le conseiller d'Etat démissionnaire estime qu'au final le Conseil d'Etat lui a peut-être fait un cadeau en le "dépouillant" de son département. Il compte désormais défendre son projet économique pour Genève en allant à la rencontre de la population et se battre pour "ceux qui souffrent" de cette crise.

"Fin d'un mélodrame"

L'affaire Maudet qui devrait connaître un épilogue judiciaire avec un procès public ces prochains mois empoisonne la vie politique genevoise depuis près de deux ans. La démission du magistrat était souhaitée par une très grande majorité de la classe politique genevoise.

La plupart des députés au Grand Conseil considèrent qu'il aurait dû partir plus tôt. "Il aurait dû faire ça il y a deux ans", a déclaré le PLR Serge Hiltpold, avant le début de la session parlementaire.

"C'est presque un coup de théâtre. Cette décision est bienvenue, elle va permettre au peuple de s'exprimer après des mois d'atermoiements", analyse le PDC Sébastien Desfayes. "C'est la fin d'un mélodrame. Les députés sentaient bien les tensions au sein de l'exécutif", explique l'UDC Cristo Ivanov.

"Enfin! C'est la seule décision qui s'imposait", commente le socialiste Sylvain Thévoz. "Il y a eu trop de mensonges et trop d'affaires", rappelle la Verte Marjorie de Chastonay.

Candidatures en vue

Les regards se tournent déjà vers l'élection complémentaire. Le PLR, ancien parti du magistrat, entend présenter un candidat, alors que le PDC estime que le siège ne revient pas à son parti. Mais tout reste ouvert. A gauche, le PS y voit une occasion de renverser la majorité au Conseil d'Etat.

ats

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