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La perpétuité et l'internement à vie requis contre le quadruple meurtrier de Rupperswil (AG)

Le procès du quadruple assassin de Rupperswil (AG) se déroule dans un bâtiment de la police argovienne à Schafisheim (AG) pour des raisons de place et de sécurité. © KEYSTONE/AP KEYSTONE/WALTER BIERI
Le procès du quadruple assassin de Rupperswil (AG) se déroule dans un bâtiment de la police argovienne à Schafisheim (AG) pour des raisons de place et de sécurité. © KEYSTONE/AP KEYSTONE/WALTER BIERI
Le procès se poursuit mercredi après-midi avec la plaidoirie de la défense. Le jugement est attendu pour vendredi. © KEYSTONE/WALTER BIERI
Le procès se poursuit mercredi après-midi avec la plaidoirie de la défense. Le jugement est attendu pour vendredi. © KEYSTONE/WALTER BIERI


Publié le 14.03.2018


La prison à perpétuité et l'internement à vie: tel est le réquisitoire de la procureure contre le quadruple meurtrier de Rupperswil (AG). Elle réclame une condamnation du Suisse de 34 ans pour assassinats et acte d'ordre sexuel avec enfant, notamment.

Devant le Tribunal de district de Lenzbourg (AG), réuni à Schafisheim (AG), la représentante du Ministère public a demandé, mercredi matin, l'internement à vie du prévenu, même si l'une des principales conditions à une telle décision n'est pas donnée. La loi exige que deux experts psychiatriques déclarent, indépendamment l'un de l'autre, l'accusé durablement incurable.

Tel n'a pas été le cas mardi au premier jour du procès. Les deux experts considèrent en effet que le prévenu peut être soigné tout en admettant qu'une guérison n'est pas garantie. Un tel traitement durerait au moins cinq, voire dix ans. Autre point d'accord entre les deux psychiatres: sans thérapie, le risque de récidive serait important.

Internement simple, au pire

Pourtant, la possibilité de soigner un condamné ne doit être donnée que là où il existe des troubles psychiques, a souligné la procureure dans son réquisitoire. Or, les assassinats ne sont, en l'occurrence, pas dus à un trouble psychique soignable, estime-t-elle. Du moins, les deux experts ne s'accordent pas sur ce point. L'accusé ne peut donc pas être déclaré soignable, selon elle.

En tout état de cause, l'internement du prévenu est clairement indiqué, que cette mesure soit prise à vie ou non. La peine de prison à perpétuité ne suffit pas. Le risque serait grand de voir le meurtrier en sortir de manière conditionnelle après 15 ans.

Attitude trompeuse

Autre élément inquiétant, l'accusé "donne en permanence l'impression d'être un jeune homme poli et gentil". "Cette impression est trompeuse." Et la procureure d'ajouter qu'il a parfois fait des déclarations contradictoires ou modifiées au cours de l'enquête, notamment sur les éléments médico-légaux qui ont révélé que l'accusé n'avait pas tranché la gorge de ses victimes d'un seul coup de couteau.

De toute évidence, il s'agit bien d'un quadruple assassinat, souligne la procureure. Peu importe les circonstances et les causes qui ont amené le prévenu à le commettre, ce dernier a planifié minutieusement son acte. Le Ministère public demande aussi que les chefs d'accusation de contrainte, de prise d'otages et d'acte sexuel avec enfant soient retenus contre le trentenaire, parmi d'autres.

Famille assassinée à domicile

Le 21 décembre 2015 à Rupperswil, le prévenu a égorgé une mère de famille de 48 ans, ses deux fils de 19 et 13 ans ainsi que la petite amie (21 ans) de l'aîné après avoir réussi, sous un prétexte, à pénétrer dans leur maison. Avant de tuer le cadet, il en a abusé sexuellement. L'homme a ensuite bouté le feu à la maison.

Selon l'acte d'accusation, le prévenu préparait un coup similaire lorsqu'il a été arrêté en mai 2016. Peu après le quadruple assassinat, il a recommencé à chercher sur Internet des garçons du même âge que celui dont il avait abusé. Il faisait des recherches sur deux familles dans les cantons de Berne et de Soleure. Son matériel criminel était prêt.

Après le réquisitoire de la procureure, les avocats des proches des victimes ont demandé la même sentence que le Ministère public. Ils ont aussi présenté leurs exigences en matière d'indemnités et de réparation pour tort moral.

Exigences des proches

L'avocat du compagnon et des parents de la femme de 48 ans, respectivement du beau-père et des grands-parents des deux fils assassinés a qualifié le crime de "massacre commis de sang-froid". Le meurtrier a mis fin à quatre vies et détruit celle de leurs proches, a-t-il dit.

Pour les parents de la mère de famille assassinée, l'avocat exige le versement de 11'500 francs d'indemnités et 125'000 francs de réparation pour tort moral. Pour le frère et oncle, il demande 25'000 francs de réparation, et pour le compagnon de la mère de famille 75'000 francs.

L'avocat de l'ex-mari de la mère de famille et père des deux fils assassinés exige pour lui 4800 francs d'indemnités et 140'000 francs de réparation pour tort moral. Une grande partie de ces sommes sera sans doute versée par l'Aide aux victimes, le prévenu n'en ayant pas les moyens. Les avocats des proches demandent en outre que les frais de justice soient payés par l'accusé.

Le procès se poursuit mercredi après-midi avec la plaidoirie de la défense. Le jugement est attendu vendredi.

ats

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