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Pluie de réactions à la politique migratoire américaine

Ces séparations et la détention des enfants à la frontière des États-Unis avec le Mexique ont provoqué un tollé aux États-Unis et à l'étranger, alimenté par des vidéos d'enfants dans des cages et des enregistrements audio d'enfants en larmes à la recherche de leurs parents. © KEYSTONE/AP U.S. Customs and Border Protection's Rio Grande Valley
Ces séparations et la détention des enfants à la frontière des États-Unis avec le Mexique ont provoqué un tollé aux États-Unis et à l'étranger, alimenté par des vidéos d'enfants dans des cages et des enregistrements audio d'enfants en larmes à la recherche de leurs parents. © KEYSTONE/AP U.S. Customs and Border Protection's Rio Grande Valley


Publié le 20.06.2018


Le Mexique, le Guatemala, le Chili et l'ONU ont dénoncé la politique migratoire américaine menant à la séparation des familles qui entrent clandestinement aux Etats-Unis. L'Etat de New York organise la résistance et compte attaquer l'administration en justice.

Pour le ministre mexicain des Affaires étrangères Luis Videgaray, cette politique est "cruelle et inhumaine". Il a appelé le gouvernement américain à reconsidérer leur position et "à donner priorité au bien-être et aux droits des petits garçons et petites filles, indépendamment de leur nationalité et de leur situation migratoire". "Nous ne pouvons pas rester indifférent" a-t-il ajouté en conférence de presse.

Plus de 2300 enfants et jeunes migrants ont été séparés en cinq semaines de leurs parents accusés d'avoir franchi illégalement la frontière des Etats-Unis, selon des chiffres actualisés lundi par l'administration Trump qui montrent une accélération de cette pratique.

Le Guatemala a lui aussi exprimé mardi sa "préoccupation". La ministre guatémaltèque des Affaires étrangères, Sandra Jovel, a précisé à la presse qu'au moins 465 enfants en provenance du Guatemala sont actuellement séparés de leur famille après avoir franchi clandestinement la frontière américaine. Le Chili aussi, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Roberto Ampuero, a dénoncé mardi la politique de "tolérance zéro" du président Trump.

Premières dames choquées

Dans un communiqué publié le 18 juin au Vatican, à l'issue d'une conférence entre le Saint-Siège et le Mexique sur la question de la migration internationale, l'on déplore que les enfants sont "ceux qui souffrent le plus des conséquences de la migration forcée". Le communiqué ne fait pas de référence directe à l'actuelle politique américaine en matière de migration.

Les quatre anciennes Premières dames américaines toujours vivantes, et l'actuelle, Melania Trump, se sont elles toutes déclarées choquées que des enfants soient arrachés à leurs parents. Rosalynn Carter, femme de Jimmy Carter, a parlé d'une mesure "déshonorante", faisant "honte à l'Amérique", et Laura Bush, épouse de l'ancien président républicain George W. Bush, l'a qualifiée d'"immorale".

Les médiateurs des droits de l'homme du Mexique, de Colombie, d'Equateur, du Guatemala et du Honduras ont demandé à la Cour interaméricaine des droits de l'homme d'intervenir pour stopper cette politique "dangereuse". L'ONU a dénoncé lundi une politique "inadmissible" et "cruelle".

L'Etat de New York riposte

Le gouverneur de New York, le démocrate Andrew Cuomo, a annoncé mardi que l'Etat de New York allait engager des poursuites contre l'administration du président républicain Donald Trump. Il explique que sa politique "visant à mettre en pièces des familles est un manquement moral et une tragédie humaine".

Il précise qu'il va donner l'ordre à plusieurs agences de l'Etat de New York d'entamer une action en justice au nom de quelque 70 enfants qui se trouvent dans une dizaine d'institutions fédérales réparties dans l'Etat de New York.

La séparation des parents et des enfants à la frontière constitue une violation de leurs droits en vertu de la Constitution américaine, de la jurisprudence de la Cour suprême des États-Unis et d'un accord de 1997 qui établit des normes pour le traitement des enfants détenus pour des raisons d'immigration, indique le gouverneur.

Trump reste ferme

Le ministre de la Justice Jeff Sessions a annoncé en avril une politique de "tolérance zéro" selon laquelle les migrants interpellés pour avoir tenté de franchir la frontière américano-mexicaine de façon illégale doivent être poursuivis au pénal.

Cette politique a conduit à des séparations familiales parce que lorsque les agents des frontières renvoient les migrants appréhendés devant les tribunaux, les parents sont détenus dans des prisons fédérales en attendant d'être jugés tandis que les enfants restent sous la garde des agents des frontières ou sont transférés sur des sites gérés par l'Office de relogement des réfugiés, une agence du ministère de la Santé et des Services sociaux.

Malgré le tollé, le président Donald Trump revendique sa fermeté extrême aux frontières affirmant qu'il ne laissera pas les Etats-Unis devenir "un camp pour migrants".

ats, afp, reu

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